Ayreon – La (res)source d’Arjen

Arjen Lucassen a donc fait le tour de la question avec The Theory Of Everything. Fort de ses certitudes, le géant hollandais, rassembleur d’un casting cinq étoiles, revient trois ans après avec The Source et comme vous pourrez le lire, il s’y sent bien, à la Source.

Chromatique : Es-tu satisfait de l’accueil fait à The Theory Of Everything ?
C’est un album qui n’a pas fait dans la demi-mesure. On l’a beaucoup aimé ou au contraire pas du tout. Tout l’opposé d’un disque comme 01011001, mais un peu comme pour Guilt Machine. J’en suis fier, comme pour toutes mes productions. Mais ce disque-là, malgré de bons retours ne s’est pas très bien vendu.

Qu’est-ce qui, selon toi, est à l’origine de cette déception, sur le plan commercial ?
Avec le recul, il y a des choses que je n’aurais pas dû faire pour ce disque. C’est un album très difficile à ingérer. C’est très déstructuré. Il n’y a pas de refrains. Je me rappelle être arrivé en studio avec rien du tout. Nada. J’ai commencé à gratter et quand j’avais quelque chose, je gardais. J’ai répété le process sans arrêt. J’ai eu ensuite des titres de vingt minutes. Là, j’ai compilé entre cinquante et soixante titres, pioché les meilleurs. J’ajouterais que je n’avais également pas de grands noms. Certes, Cristina Scabbia est une grande chanteuse mondialement reconnue, mais il faut reconnaître l’absence de points de convergence entre le public de Lacuna Coil et celui d’Ayreon. Egalement, un autre point qui a pu rebuter les auditeurs, c’est la manière dont les titres étaient coupés. Ça faisait beaucoup et je comprends les frayeurs au moment d’aborder le disque. C’était initialement quatre longs titres que j’ai découpés en quarante-deux. Petit interlude geek : Au départ, j’avais trente-quatre sections, je me suis dit que si j’arrive à quarante-deux quelqu’un verrait la référence à H2G2 : Le guide du voyageur galactique où 42 est la réponse à la vie, l’univers et le reste. J’ai poussé le concept un peu loin, je l’avoue (Rires). Et il y en a quelques uns qui ont pointé la référence ! Ça fait peur !

Assez parlé de The Theory Of Everything Allons maintenant à la Source. Il est surprenant de ta part de voir qu’il n’y a qu’un titre pour le moins épique – plus de douze minutes – où l’on te sait très à l’aise. As-tu changé ton approche de l’écriture ?
Je le dis toujours, c’est une réaction à l’album précédent. J’avais quatre longs titres sur The Theory Of Everything. Là, le postulat de départ était simple : je voulais un disque structuré et des refrains accrocheurs que les gens pourraient mémoriser et chanter à l’envi. Bien sûr, Ayreon n’est pas vraiment un projet structuré à proprement parler. On n’est pas dans le couplet-pont-refrain-couplet-pont-refrain-solo-pont-refrain etc., … L’album est très chargé en guitares, ce fut tout le contraire pour The Theory Of Everything, plus axé sur les claviers. Je pense que c’était vraiment mon album « Prog », avec des clins d’œil à Yes, Genesis, Elp. Là, j’ai réuni ce qui est pour moi, la crème des guitaristes progressifs.

La part belle est faite à la guitare, effectivement mais également à la flûte et aux violons. J’ai immédiatement pensé à Caravan…
Et tu as raison. In The Land Of Grey And Pink est un sacré chef d’œuvre. De même que If I Could Do It All Over Again, I’d Do It All Over You. Pour ce qui est des influences celtiques, je dirais que The Levellers et Thin Lizzy ont peut-être eu leur mot à dire aussi.

Et as-tu découvert de nouveaux artistes qui auraient pu inconsciemment avoir un quelconque impact sur l’écriture de The Source.
Oui forcément. Je suis abonné à de nombreux magazines donc je garde mes yeux et mes oreilles sur tout ce qui sort. Il y a tellement de choses … Dernièrement j’ai découvert un groupe britannique qui s’appelle Moulettes, composé, en majorité, de filles dont une au basson. C’est folk et à la fois très expérimental. Je te le recommande ainsi qu’à tes lecteurs.

Lors de notre précédente interview, tu nous disais vouloir ajouter à ta longue liste d’invités Michael Eriksen et Nils K. Rue. C’est désormais chose faite ! En compagnie de Tobias Sammet, Zaher Zorgati et Tommy Rogers, ce sont les petits nouveaux de l’univers Ayreon. Concernant Zaher, « Deathcry Of A Race » ressemble à un titre taillé pour lui sur mesure.
Et c’est pourtant tout le contraire. J’ai découvert Myrath en concert et ce fut le coup de foudre immédiat. Je les ai vus avec Symphony X et j’ai pu le rencontrer à cette occasion. Il était chaud pour participer à un prochain album d’Ayreon. Le contact était donc établi. Et du jour au lendemain plus rien. J’avais un gros rôle pour lui sur ce disque, mais mes messages sont restés lettres mortes. J’attendais sa confirmation car mon planning était très serré. J’ai du te le dire par le passé, mais je dessine mes personnages d’après les chanteurs qui vont intervenir. Bref, je reste sans nouvelles un sacré moment, jusqu’à ce que quelqu’un de son groupe me dise : «  N’attends pas de message de Zaher, ce n’est que le chanteur du groupe, passe par moi où le manager de Myrath » (Rires) ! Finalement, il avait fini par accepter mais j’avais déjà bien avancé. Me restait donc à lui faire de la place (Rires) ! Je suis un stressé de base, mais là, la dose était trop haute pour moi ! Si l’on prend chanteurs et instrumentistes, c’est du cinquante-cinquante : une moitié déjà présente sur mes précédents albums et l’autre pour laquelle ce sont les grands débuts.

On parlait de refrains accrocheurs et de voix immédiatement identifiables… que dire alors de Hansi Kursch sur « Planet Y Is Alive » …
Ah ben oui, c’était du sur-mesure pour lui. Je me rappelle exactement de la genèse de ce titre : je me baladais dans les bois avec mon chien et là, ce fut la révélation ! J’ai entendu Hansi ! Je l’ai contacté et le hasard du calendrier l’a amené aux Pays-Bas peu de temps après où il jouait avec Blind Guardian. Je lui ai présenté la démo et il n’a pas hésité une seconde.

Mike Mills a un rôle particulier sur l’album… on croirait entendre un droïde parfois (Rires) !
Oui, c’est vrai (Rires) ! Là aussi c’était du cousu main dernière minute. J’avais une mélodie en tête qui ressemblait à ce passage de « The Gates Of Babylon » de Rainbow. Impossible de m’enlever ça du crâne ! J’ai retourné le truc dans tous les sens, changé les harmonies etc… rien. J’ai contacté Mike pour lui faire part de ma situation : « Voilà, je suis coincé avec ça, je t’en supplie aide moi ! ». Deux jours plus tard il m’a envoyé cette partie mélodique avec pléthore d’harmonies vocales à la sauce Queen : « laaaalalaaaaaa laaalala ». Quand j’ai écouté ça pour la première fois, j’ai juste bloqué. C’était super ! Du coup, je lui ai demandé : « Mike, ce que tu m’as envoyé c’est dingue. Je voudrais que tu chantes sur le disque, si tu acceptes que j’écrive des paroles pour toi. Je te trouve la place nécessaire ! ». Restait à savoir quel personnage il allait incarner. Compte tenu de ce qu’il avait fait, ce ne pouvait pas être un humain encore moins une hydre à sept têtes (Rires). On s’est donc naturellement dirigé vers les androïdes. Son personnage a pris de l’importance dans l’histoire. La fin de l’histoire tourne autour de lui.

Qu’est-ce qui t’a inspiré le concept de The Source?
La couverture de l’album. Et je vais t’avouer quelque chose : c’est la première fois que je travaille ainsi. J’ai vu cet artwork pour lequel beaucoup ont en référence Matrix ou Resident Evil. Comment j’en suis arrivé à l’utiliser ? Quand je l’ai vu, je me suis dit : « Et si avant, sur la planète Y, il y avait de la vie avant les machines ? ».

Ça explique ainsi les références faites à 01011001 ? Pourquoi avoir inclus des références à ce disque ?
Tout à fait. L’histoire se passe avant 01… Il y a un personnage, le Prophète, qui était créé pour Zaher. C’est une personne croyante, chez qui la foi à une place importante. Il était tout désigné pour ce rôle. Le prophète est censé pouvoir prédire l’avenir. C’est quand même crédible non ? C’est le cas dans certains films et je pensais que ça serait sympa de pouvoir le faire dans le cadre d’un album. Pour pleinement être dans le concept, je vous invite à d’abord écouter The Source, avant d’enchaîner avec 01…. Mais attention. Uniquement si vous avez un trajet de cinq heures en voiture à faire (Rires) !

Je sais que tu connais Marcel Coenen de longue date, mais comment as-tu réussi à attirer les dieux vivants de la guitare que sont Guthrie Govan et Paul Gilbert ?
J’ai les meilleurs chanteurs de la planète sur ce disque. On dira ce qu’on voudra, personne n’arrive à la cheville de Floor Jansen ou Russell Allen. Je voulais avoir Ted Leonard mais j’avais déjà Michael Eriksen qui a le même type de voix puissante et claire à la Steve Walsh. Et Mike a assuré de bout en bout. Même sur le DVD des coulisses de l’enregistrement. Il est LA star ! Pour en revenir aux guitaristes : si on repart dans les années 90, sont au sommet Yngwie Malmsteen et Paul Gilbert. Il était évident que je ne pourrai pas avoir le premier alors j’ai jeté mon dévolu sur le second. En parallèle je me suis demandé qui était le top de la guitare à l’heure actuelle. « Drive Home » s’est chargé de répondre à ma question. J’ai écouté et j’ai dit : « Mais qui est-ce ? ». J’ai tout écouté de Guthrie : The Aristocrats, Asia, Tout ! Et je le voulais sur The Source. Point. J’avais également pensé à Ron Thal, avec lequel je suis en contact, mais là, c’était Guthrie. Quant à Marcel, il a abattu un boulot dingue sur The Theater Equation. Il est tellement versatile : il peut accélérer comme il peut aussi bien être plus mélodique et plus posé. Il m’a envoyé un solo, duquel j’ai pensé : « C’est bien… mais pas top ? » Et lui, de répondre : « Quoi ? Jamais on ne m’avait dit ça, par le passé. Jamais ! ». Bon, j’ai adouci un peu mon propos et je lui ai proposé de passer à mon studio pour qu’on peaufine un peu tout ça. Et là, je l’ai vu. De mes yeux. J’ai vu Marcel Coenen dérouler et enchaîner des plans sortis de nulle part. On a enregistré le solo en plusieurs parties mais ce procédé n’est pas trop de son goût. Dès lors qu’on avait défini exactement ce qu’on voulait, on a fait plusieurs collages pour ainsi dire et il m’a dit : « Ok, je le refais entier. Une prise. » Et là, j’ai pleuré. Littéralement. J’ai appelé Lori, ma compagne, également guitariste je lui ai dit : « Assieds-toi et écoute. »

Je te laisse imaginer sa réaction. J’en profite d’ailleurs pour dire que je n’ai pas, cette fois-ci, filmé les enregistrements contrairement aux fois précédentes par souci de ne pas stresser les chanteurs.

Tu es un enfant des années 60. Tu as grandi avec les vinyles. Comment vis-tu ce retour au premier plan de ce support ?
Mais c’est super ! C’est fantastique ! Ça te force à écouter. Si tu écoutes en streaming, ça te fait passer la chose comme une musique de fond. Quand c’est un DVD tu peux directement aller au titre que tu veux. Bon, ça plait à certains. Sur ton iPod, tu choisis le meilleur titre etc… . Mais lorsque tu te passes un vinyl, tu mets le disque, tu lances le diamant et TU T’ASSOIS ! (Rires). Même si c’est un album que tu connais déjà et sur lequel, en temps normal, tu zappes des titres, peut-être que le fait de devoir tout t’enquiller te fera, au final, apprécier le titre. Et en plus, tu peux pleinement apprécier l’artwork ! C’est un tout qui redonne une valeur ajoutée. Cela étant dit, je déteste ça (Rires). Parce qu’un vinyl, ça prend la poussière, ça se raye, etc., … De mon point de vue de producteur, il y aurait à n’en pas douter un problème d’équilibre sonore. Les aigus perdraient en présence au profit des basses. Et puis vint un jour le CD et là, miracle ! On avait enfin une pureté de son et un équilibre quasi parfait.

Est-ce que le fait de passer d’un support à l’autre te ferait changer ton approche de la production et par extension, du mix ?
Absolument. J’aurais tendance à vouloir rajouter des aigus mais ça donnerait un son très … pointu. A ce stade, c’est un réel problème de fréquences, sur ce support. On perd en variété de fréquences sur vinyl.

Un autre fait notable accompagne la sortie de The Source : tu as quitté InsideOut pour Mascot ? Pourquoi ?
Tout d’abord, je ne suis chez Mascot que pour Ayreon. Quant à savoir pourquoi ? Je n’ai pas de raison particulière. Je n’avais pas de motif de quitter InsideOut. C’est une histoire qui a duré quinze ans. Et leur loyauté est sans égal. J’ai fait Guilt Machine avec Mascot pour avoir un goût différent. Ils ont ressorti l’album en vinyl. Et ça a été un succès dingue. Ils ont fait du très bon travail au point de rompre les stocks ! Je dois avouer qu’ils sont très bien structurés : chacun a un boulot bien précis : une personne pour la promo, une autre pour les commandes etc., … Des personnes très compétentes, vraiment. Je les ai rencontrés à propos de Guilt Machine et ils m’ont questionné à propos d’Ayreon. J’étais libre de tout contrat. Je leur ai clairement dit que je ne quitterai pas InsideOut. Ils m’ont alors bien vendu, je dois l’avouer, leur projet. C’est un jeune label avec un catalogue très bien fourni et de qualité etc., … Ils ont insisté sur le fait d’être indépendants, car InsideOut a été racheté par Sony Music et n’a plus grand chose d’indépendant. Est-ce que leur organisation et modus operandi ont changé ? Je ne sais pas. Cette décision de partir chez Mascot, j’ai mis un an et demi à la prendre. Tous mes projets parallèles à Ayreon, à savoir The Gentle Storm, Star One et mes albums solo sortiront chez InsideOut.

Aussi incroyable que cela puisse être : tu vas te produire sur scène avec Ayreon Universe !
Oui (sourires) j’ai moi-même du mal à le croire. Comme tu le sais sans doute, il n’y aura que trois dates consécutives aux Pays-Bas. Pourquoi ? J’ai mis en place ces spectacles plus de deux ans en avance. Et pour la majorité des chanteurs, tout est planifié quasiment trois ans en avance. C’est le cas pour Floor avec Nightwish par exemple. Imagine les maux de têtes. Est-ce que j’ai hâte d’y être ? Oui… et non. J’ai hâte de voir les fans être à fond dans l’événement. En revanche, je ne suis pas pressé d’y arriver compte tenu du stress qui sera généré par les concerts.

N’as-tu jamais pensé à adapter l’un de tes albums en comédie musicale ? Un album comme 01 pourrait se prêter sans problème au format ? !
(Réfléchissant) Non, malgré The Theater Equation. Je crois qu’il s’agit d’un monde totalement différent. Le public sera plus facilement séduit si l’œuvre présentée est très connue. Prends par exemple, Les Misérables, Jesus-Christ Superstar. Tout le monde connaît ces pierres angulaires de l’histoire de la comédie musicale. Avec ces œuvres majeures, c’est plus facile de faire salle comble. Je ne suis un pas un artiste qui surfe sur les tendances. Bien évidemment, ce serait fantastique pour moi, mais je ne peux pas. D’une part la musique d’Ayreon est tout sauf adaptable en comédie musicale et d’autre part, j’aurais du mal à laisser à quelqu’un d’autre la supervision d’un tel projet.

On parlait de Guilt Machine précédemment. Est-ce que Jasper et toi seriez prêts à remettre le couvert ?
Ce n’est pas prévu. Cela étant, c’est une option (sourires). Comme le sont également The Gentle Storm, Star One ou même un album solo… Je t’ai coincé, là. (Rires).

L’album sort bientôt mais comment a t-il été accueilli par la presse jusqu’à maintenant ?
Jusqu’à présent, ça va. Beaucoup m’ont dit être en manque de grosses pointures sur le dernier album. Je pense que là, ils vont être comblés. On a sorti une vidéo pour « The Day The World Breaks Down ». J’avais peur que les gens soient rebutés par les douze minutes du titre mais je crois qu’on est à plus d’un million de vues maintenant. Et sur Youtube, tu l’as sans doute vu, les gens sont odieux à un degré rarement vu. Or, là c’était positif tout du long ! Je n’en revenais pas. Il y aura toujours des éternels insatisfaits.

Tu es réputé pour dénicher d’excellents chanteurs qui ne sont pas forcément sur le devant de la scène… Est-ce qu’on t’a reproché, en quelque sorte, de jouer la sécurité en embauchant ici que des pointures mondialement reconnues ?
Oui. J’ai eu quelques commentaires où les gens mettaient le doigt sur ce fait. Deux raisons à cela. La première est que je ne voulais que les meilleurs chanteurs. La seconde : à vrai dire, je n’ai pas vraiment eu de coup de foudre malgré mes recherches, comme j’ai pu l’avoir pour Mike Mills et Sara Squandrani pour The Theory Of Everything. En fait, il faut savoir que sur « Journey To Forever » et « Aquatic Race » les gens qui font les chœurs sont d’illustres inconnus qui, j’espère, ne le seront bientôt plus. Ce sont ceux que j’ai sollicités pour enregistrer les parties témoins pour les chanteurs. Le premier a déjà officié pour The Theory Of Everything il s’agit de Wilmer Waarbroek. Le second s’appelle Will Shaw et je l’ai trouvé sur Youtube. Le gars chantait « Dawn Of A Million Souls » aussi bien que Russell. Je n’avais pas le choix. Il me fallait ce gars. Je l’ai donc contacté et par la suite, Nils K. Rue m’a dit : « Les meilleurs pistes témoins que j’ai jamais eues. Point ». Ça veut tout dire. Je regrette, cela étant, que la plupart des chanteurs n’aient pu venir enregistrer chez moi. Seuls Simone (Simons), Floor (Jansen) et Michael (Eriksen) sont venus. Même si je privilégie l’interaction en studio, je dois avouer que tout s’est bien passé. Plus que ce que j’espérais.

Le moment que tu préfères le plus dans les interviews : le mot de la fin…
Ah oui, j’oubliais (Rires). Que vous dire, sinon que j’attends avec impatience de connaître votre avis concernant The Source. Je suis friand de vos commentaires et de vos retours. Alors à très vite. Et merci.

Arjen Lucassen a donc fait le tour de la question avec The Theory Of Everything. Fort de ses certitudes, le géant hollandais, rassembleur d’un casting cinq étoiles, revient trois ans après avec The Source et comme vous pourrez le lire, il s’y sent bien, à la Source.

Chromatique : Es-tu satisfait de l’accueil fait à The Theory Of Everything ?
C’est un album qui n’a pas fait dans la demi-mesure. On l’a beaucoup aimé ou au contraire pas du tout. Tout l’opposé d’un disque comme 01011001, mais un peu comme pour Guilt Machine. J’en suis fier, comme pour toutes mes productions. Mais ce disque-là, malgré de bons retours ne s’est pas très bien vendu.

Qu’est-ce qui, selon toi, est à l’origine de cette déception, sur le plan commercial ?
Avec le recul, il y a des choses que je n’aurais pas dû faire pour ce disque. C’est un album très difficile à ingérer. C’est très déstructuré. Il n’y a pas de refrains. Je me rappelle être arrivé en studio avec rien du tout. Nada. J’ai commencé à gratter et quand j’avais quelque chose, je gardais. J’ai répété le process sans arrêt. J’ai eu ensuite des titres de vingt minutes. Là, j’ai compilé entre cinquante et soixante titres, pioché les meilleurs. J’ajouterais que je n’avais également pas de grands noms. Certes, Cristina Scabbia est une grande chanteuse mondialement reconnue, mais il faut reconnaître l’absence de points de convergence entre le public de Lacuna Coil et celui d’Ayreon. Egalement, un autre point qui a pu rebuter les auditeurs, c’est la manière dont les titres étaient coupés. Ça faisait beaucoup et je comprends les frayeurs au moment d’aborder le disque. C’était initialement quatre longs titres que j’ai découpés en quarante-deux. Petit interlude geek : Au départ, j’avais trente-quatre sections, je me suis dit que si j’arrive à quarante-deux quelqu’un verrait la référence à H2G2 : Le guide du voyageur galactique où 42 est la réponse à la vie, l’univers et le reste. J’ai poussé le concept un peu loin, je l’avoue (Rires). Et il y en a quelques uns qui ont pointé la référence ! Ça fait peur !

Assez parlé de The Theory Of Everything Allons maintenant à la Source. Il est surprenant de ta part de voir qu’il n’y a qu’un titre pour le moins épique – plus de douze minutes – où l’on te sait très à l’aise. As-tu changé ton approche de l’écriture ?
Je le dis toujours, c’est une réaction à l’album précédent. J’avais quatre longs titres sur The Theory Of Everything. Là, le postulat de départ était simple : je voulais un disque structuré et des refrains accrocheurs que les gens pourraient mémoriser et chanter à l’envi. Bien sûr, Ayreon n’est pas vraiment un projet structuré à proprement parler. On n’est pas dans le couplet-pont-refrain-couplet-pont-refrain-solo-pont-refrain etc., … L’album est très chargé en guitares, ce fut tout le contraire pour The Theory Of Everything, plus axé sur les claviers. Je pense que c’était vraiment mon album « Prog », avec des clins d’œil à Yes, Genesis, Elp. Là, j’ai réuni ce qui est pour moi, la crème des guitaristes progressifs.

La part belle est faite à la guitare, effectivement mais également à la flûte et aux violons. J’ai immédiatement pensé à Caravan…
Et tu as raison. In The Land Of Grey And Pink est un sacré chef d’œuvre. De même que If I Could Do It All Over Again, I’d Do It All Over You. Pour ce qui est des influences celtiques, je dirais que The Levellers et Thin Lizzy ont peut-être eu leur mot à dire aussi.

Et as-tu découvert de nouveaux artistes qui auraient pu inconsciemment avoir un quelconque impact sur l’écriture de The Source.
Oui forcément. Je suis abonné à de nombreux magazines donc je garde mes yeux et mes oreilles sur tout ce qui sort. Il y a tellement de choses … Dernièrement j’ai découvert un groupe britannique qui s’appelle Moulettes, composé, en majorité, de filles dont une au basson. C’est folk et à la fois très expérimental. Je te le recommande ainsi qu’à tes lecteurs.

Lors de notre précédente interview, tu nous disais vouloir ajouter à ta longue liste d’invités Michael Eriksen et Nils K. Rue. C’est désormais chose faite ! En compagnie de Tobias Sammet, Zaher Zorgati et Tommy Rogers, ce sont les petits nouveaux de l’univers Ayreon. Concernant Zaher, « Deathcry Of A Race » ressemble à un titre taillé pour lui sur mesure.
Et c’est pourtant tout le contraire. J’ai découvert Myrath en concert et ce fut le coup de foudre immédiat. Je les ai vus avec Symphony X et j’ai pu le rencontrer à cette occasion. Il était chaud pour participer à un prochain album d’Ayreon. Le contact était donc établi. Et du jour au lendemain plus rien. J’avais un gros rôle pour lui sur ce disque, mais mes messages sont restés lettres mortes. J’attendais sa confirmation car mon planning était très serré. J’ai du te le dire par le passé, mais je dessine mes personnages d’après les chanteurs qui vont intervenir. Bref, je reste sans nouvelles un sacré moment, jusqu’à ce que quelqu’un de son groupe me dise : «  N’attends pas de message de Zaher, ce n’est que le chanteur du groupe, passe par moi où le manager de Myrath » (Rires) ! Finalement, il avait fini par accepter mais j’avais déjà bien avancé. Me restait donc à lui faire de la place (Rires) ! Je suis un stressé de base, mais là, la dose était trop haute pour moi ! Si l’on prend chanteurs et instrumentistes, c’est du cinquante-cinquante : une moitié déjà présente sur mes précédents albums et l’autre pour laquelle ce sont les grands débuts.

On parlait de refrains accrocheurs et de voix immédiatement identifiables… que dire alors de Hansi Kursch sur « Planet Y Is Alive » …
Ah ben oui, c’était du sur-mesure pour lui. Je me rappelle exactement de la genèse de ce titre : je me baladais dans les bois avec mon chien et là, ce fut la révélation ! J’ai entendu Hansi ! Je l’ai contacté et le hasard du calendrier l’a amené aux Pays-Bas peu de temps après où il jouait avec Blind Guardian. Je lui ai présenté la démo et il n’a pas hésité une seconde.

Mike Mills a un rôle particulier sur l’album… on croirait entendre un droïde parfois (Rires) !
Oui, c’est vrai (Rires) ! Là aussi c’était du cousu main dernière minute. J’avais une mélodie en tête qui ressemblait à ce passage de « The Gates Of Babylon » de Rainbow. Impossible de m’enlever ça du crâne ! J’ai retourné le truc dans tous les sens, changé les harmonies etc… rien. J’ai contacté Mike pour lui faire part de ma situation : « Voilà, je suis coincé avec ça, je t’en supplie aide moi ! ». Deux jours plus tard il m’a envoyé cette partie mélodique avec pléthore d’harmonies vocales à la sauce Queen : « laaaalalaaaaaa laaalala ». Quand j’ai écouté ça pour la première fois, j’ai juste bloqué. C’était super ! Du coup, je lui ai demandé : « Mike, ce que tu m’as envoyé c’est dingue. Je voudrais que tu chantes sur le disque, si tu acceptes que j’écrive des paroles pour toi. Je te trouve la place nécessaire ! ». Restait à savoir quel personnage il allait incarner. Compte tenu de ce qu’il avait fait, ce ne pouvait pas être un humain encore moins une hydre à sept têtes (Rires). On s’est donc naturellement dirigé vers les androïdes. Son personnage a pris de l’importance dans l’histoire. La fin de l’histoire tourne autour de lui.

Qu’est-ce qui t’a inspiré le concept de The Source?
La couverture de l’album. Et je vais t’avouer quelque chose : c’est la première fois que je travaille ainsi. J’ai vu cet artwork pour lequel beaucoup ont en référence Matrix ou Resident Evil. Comment j’en suis arrivé à l’utiliser ? Quand je l’ai vu, je me suis dit : « Et si avant, sur la planète Y, il y avait de la vie avant les machines ? ».

Ça explique ainsi les références faites à 01011001 ? Pourquoi avoir inclus des références à ce disque ?
Tout à fait. L’histoire se passe avant 01… Il y a un personnage, le Prophète, qui était créé pour Zaher. C’est une personne croyante, chez qui la foi à une place importante. Il était tout désigné pour ce rôle. Le prophète est censé pouvoir prédire l’avenir. C’est quand même crédible non ? C’est le cas dans certains films et je pensais que ça serait sympa de pouvoir le faire dans le cadre d’un album. Pour pleinement être dans le concept, je vous invite à d’abord écouter The Source, avant d’enchaîner avec 01…. Mais attention. Uniquement si vous avez un trajet de cinq heures en voiture à faire (Rires) !

Je sais que tu connais Marcel Coenen de longue date, mais comment as-tu réussi à attirer les dieux vivants de la guitare que sont Guthrie Govan et Paul Gilbert ?
J’ai les meilleurs chanteurs de la planète sur ce disque. On dira ce qu’on voudra, personne n’arrive à la cheville de Floor Jansen ou Russell Allen. Je voulais avoir Ted Leonard mais j’avais déjà Michael Eriksen qui a le même type de voix puissante et claire à la Steve Walsh. Et Mike a assuré de bout en bout. Même sur le DVD des coulisses de l’enregistrement. Il est LA star ! Pour en revenir aux guitaristes : si on repart dans les années 90, sont au sommet Yngwie Malmsteen et Paul Gilbert. Il était évident que je ne pourrai pas avoir le premier alors j’ai jeté mon dévolu sur le second. En parallèle je me suis demandé qui était le top de la guitare à l’heure actuelle. « Drive Home » s’est chargé de répondre à ma question. J’ai écouté et j’ai dit : « Mais qui est-ce ? ». J’ai tout écouté de Guthrie : The Aristocrats, Asia, Tout ! Et je le voulais sur The Source. Point. J’avais également pensé à Ron Thal, avec lequel je suis en contact, mais là, c’était Guthrie. Quant à Marcel, il a abattu un boulot dingue sur The Theater Equation. Il est tellement versatile : il peut accélérer comme il peut aussi bien être plus mélodique et plus posé. Il m’a envoyé un solo, duquel j’ai pensé : « C’est bien… mais pas top ? » Et lui, de répondre : « Quoi ? Jamais on ne m’avait dit ça, par le passé. Jamais ! ». Bon, j’ai adouci un peu mon propos et je lui ai proposé de passer à mon studio pour qu’on peaufine un peu tout ça. Et là, je l’ai vu. De mes yeux. J’ai vu Marcel Coenen dérouler et enchaîner des plans sortis de nulle part. On a enregistré le solo en plusieurs parties mais ce procédé n’est pas trop de son goût. Dès lors qu’on avait défini exactement ce qu’on voulait, on a fait plusieurs collages pour ainsi dire et il m’a dit : « Ok, je le refais entier. Une prise. » Et là, j’ai pleuré. Littéralement. J’ai appelé Lori, ma compagne, également guitariste je lui ai dit : « Assieds-toi et écoute. »

Je te laisse imaginer sa réaction. J’en profite d’ailleurs pour dire que je n’ai pas, cette fois-ci, filmé les enregistrements contrairement aux fois précédentes par souci de ne pas stresser les chanteurs.

Tu es un enfant des années 60. Tu as grandi avec les vinyles. Comment vis-tu ce retour au premier plan de ce support ?
Mais c’est super ! C’est fantastique ! Ça te force à écouter. Si tu écoutes en streaming, ça te fait passer la chose comme une musique de fond. Quand c’est un DVD tu peux directement aller au titre que tu veux. Bon, ça plait à certains. Sur ton iPod, tu choisis le meilleur titre etc… . Mais lorsque tu te passes un vinyl, tu mets le disque, tu lances le diamant et TU T’ASSOIS ! (Rires). Même si c’est un album que tu connais déjà et sur lequel, en temps normal, tu zappes des titres, peut-être que le fait de devoir tout t’enquiller te fera, au final, apprécier le titre. Et en plus, tu peux pleinement apprécier l’artwork ! C’est un tout qui redonne une valeur ajoutée. Cela étant dit, je déteste ça (Rires). Parce qu’un vinyl, ça prend la poussière, ça se raye, etc., … De mon point de vue de producteur, il y aurait à n’en pas douter un problème d’équilibre sonore. Les aigus perdraient en présence au profit des basses. Et puis vint un jour le CD et là, miracle ! On avait enfin une pureté de son et un équilibre quasi parfait.

Est-ce que le fait de passer d’un support à l’autre te ferait changer ton approche de la production et par extension, du mix ?
Absolument. J’aurais tendance à vouloir rajouter des aigus mais ça donnerait un son très … pointu. A ce stade, c’est un réel problème de fréquences, sur ce support. On perd en variété de fréquences sur vinyl.

Un autre fait notable accompagne la sortie de The Source : tu as quitté InsideOut pour Mascot ? Pourquoi ?
Tout d’abord, je ne suis chez Mascot que pour Ayreon. Quant à savoir pourquoi ? Je n’ai pas de raison particulière. Je n’avais pas de motif de quitter InsideOut. C’est une histoire qui a duré quinze ans. Et leur loyauté est sans égal. J’ai fait Guilt Machine avec Mascot pour avoir un goût différent. Ils ont ressorti l’album en vinyl. Et ça a été un succès dingue. Ils ont fait du très bon travail au point de rompre les stocks ! Je dois avouer qu’ils sont très bien structurés : chacun a un boulot bien précis : une personne pour la promo, une autre pour les commandes etc., … Des personnes très compétentes, vraiment. Je les ai rencontrés à propos de Guilt Machine et ils m’ont questionné à propos d’Ayreon. J’étais libre de tout contrat. Je leur ai clairement dit que je ne quitterai pas InsideOut. Ils m’ont alors bien vendu, je dois l’avouer, leur projet. C’est un jeune label avec un catalogue très bien fourni et de qualité etc., … Ils ont insisté sur le fait d’être indépendants, car InsideOut a été racheté par Sony Music et n’a plus grand chose d’indépendant. Est-ce que leur organisation et modus operandi ont changé ? Je ne sais pas. Cette décision de partir chez Mascot, j’ai mis un an et demi à la prendre. Tous mes projets parallèles à Ayreon, à savoir The Gentle Storm, Star One et mes albums solo sortiront chez InsideOut.

Aussi incroyable que cela puisse être : tu vas te produire sur scène avec Ayreon Universe !
Oui (sourires) j’ai moi-même du mal à le croire. Comme tu le sais sans doute, il n’y aura que trois dates consécutives aux Pays-Bas. Pourquoi ? J’ai mis en place ces spectacles plus de deux ans en avance. Et pour la majorité des chanteurs, tout est planifié quasiment trois ans en avance. C’est le cas pour Floor avec Nightwish par exemple. Imagine les maux de têtes. Est-ce que j’ai hâte d’y être ? Oui… et non. J’ai hâte de voir les fans être à fond dans l’événement. En revanche, je ne suis pas pressé d’y arriver compte tenu du stress qui sera généré par les concerts.

N’as-tu jamais pensé à adapter l’un de tes albums en comédie musicale ? Un album comme 01 pourrait se prêter sans problème au format ? !
(Réfléchissant) Non, malgré The Theater Equation. Je crois qu’il s’agit d’un monde totalement différent. Le public sera plus facilement séduit si l’œuvre présentée est très connue. Prends par exemple, Les Misérables, Jesus-Christ Superstar. Tout le monde connaît ces pierres angulaires de l’histoire de la comédie musicale. Avec ces œuvres majeures, c’est plus facile de faire salle comble. Je ne suis un pas un artiste qui surfe sur les tendances. Bien évidemment, ce serait fantastique pour moi, mais je ne peux pas. D’une part la musique d’Ayreon est tout sauf adaptable en comédie musicale et d’autre part, j’aurais du mal à laisser à quelqu’un d’autre la supervision d’un tel projet.

On parlait de Guilt Machine précédemment. Est-ce que Jasper et toi seriez prêts à remettre le couvert ?
Ce n’est pas prévu. Cela étant, c’est une option (sourires). Comme le sont également The Gentle Storm, Star One ou même un album solo… Je t’ai coincé, là. (Rires).

L’album sort bientôt mais comment a t-il été accueilli par la presse jusqu’à maintenant ?
Jusqu’à présent, ça va. Beaucoup m’ont dit être en manque de grosses pointures sur le dernier album. Je pense que là, ils vont être comblés. On a sorti une vidéo pour « The Day The World Breaks Down ». J’avais peur que les gens soient rebutés par les douze minutes du titre mais je crois qu’on est à plus d’un million de vues maintenant. Et sur Youtube, tu l’as sans doute vu, les gens sont odieux à un degré rarement vu. Or, là c’était positif tout du long ! Je n’en revenais pas. Il y aura toujours des éternels insatisfaits.

Tu es réputé pour dénicher d’excellents chanteurs qui ne sont pas forcément sur le devant de la scène… Est-ce qu’on t’a reproché, en quelque sorte, de jouer la sécurité en embauchant ici que des pointures mondialement reconnues ?
Oui. J’ai eu quelques commentaires où les gens mettaient le doigt sur ce fait. Deux raisons à cela. La première est que je ne voulais que les meilleurs chanteurs. La seconde : à vrai dire, je n’ai pas vraiment eu de coup de foudre malgré mes recherches, comme j’ai pu l’avoir pour Mike Mills et Sara Squandrani pour The Theory Of Everything. En fait, il faut savoir que sur « Journey To Forever » et « Aquatic Race » les gens qui font les chœurs sont d’illustres inconnus qui, j’espère, ne le seront bientôt plus. Ce sont ceux que j’ai sollicités pour enregistrer les parties témoins pour les chanteurs. Le premier a déjà officié pour The Theory Of Everything il s’agit de Wilmer Waarbroek. Le second s’appelle Will Shaw et je l’ai trouvé sur Youtube. Le gars chantait « Dawn Of A Million Souls » aussi bien que Russell. Je n’avais pas le choix. Il me fallait ce gars. Je l’ai donc contacté et par la suite, Nils K. Rue m’a dit : « Les meilleurs pistes témoins que j’ai jamais eues. Point ». Ça veut tout dire. Je regrette, cela étant, que la plupart des chanteurs n’aient pu venir enregistrer chez moi. Seuls Simone (Simons), Floor (Jansen) et Michael (Eriksen) sont venus. Même si je privilégie l’interaction en studio, je dois avouer que tout s’est bien passé. Plus que ce que j’espérais.

Le moment que tu préfères le plus dans les interviews : le mot de la fin…
Ah oui, j’oubliais (Rires). Que vous dire, sinon que j’attends avec impatience de connaître votre avis concernant The Source. Je suis friand de vos commentaires et de vos retours. Alors à très vite. Et merci.