Emile Parisien Quintet - Sfumato

Sorti le: 01/11/2016

Par Jean-Philippe Haas

Label: ACT Music

Site: https://www.facebook.com/parisienemile

Il est partout, Émile ! Il tourne, il tourne, aux côtés des plus grands. Et il compose, aussi. Son Spezial Snack est resté dans les mémoires des jazzeux grâce à son audace et sa fraîcheur, Sfumato est bien parti pour le rejoindre. Avec quatre gros calibres en renfort, dont le pianiste allemand Joachim Kühn, le saxophoniste n’est toujours pas décidé à rentrer dans le rang. Et qui retrouve-t-on en guest stars ? Michel Portal et Vincent Peirani, bien sûr. Alléchant !

La Belle Époque chère à Parisien flotte au-dessus d’un « Préambule » mélancolique qui ne semble pas annoncer de gros mouvement sur la ligne de défense du jazz européen. C’est pour mieux la prendre par surprise. « Poulp » arrive comme un chien dans un jeu de quilles et mélange toutes ces jolies petites cases qui servent habituellement à ranger les genres, avec force décrochages, changements de rythmes, motifs intercalés sans sommation. Toute la troupe s’en donne à cœur joie à tour de rôle. Flamboyant !
Mais c’est encore peu de choses en comparaison de « Le clown tueur de la fête foraine », dont on trouve une première mouture sur Au revoir porc-épic (2006). Ce titre a eu le temps de mûrir, de se développer, de se perfectionner, pour atteindre une fluidité extraordinaire. On y retrouve l’accordéon de Vincent Peirani et la clarinette de Michel Portal, plus expressifs que jamais sur une pièce très colorée aux multiples rebondissements. Passionnant !
Après une composition aussi dense, rien de tel qu’un « Duet for Daniel Humair » concis et nerveux bien comme il faut. En fait de « duet », c’est plutôt de « duel » qu’il faudrait parler. Kühn et Parisien roulent côte à côte puis se doublent, se klaxonnent, s’invectivent, accélèrent, ralentissent, freinent brusquement : un hommage à la virtuosité du batteur et peintre suisse (Parisien a joué pour lui sur Sweet & Sour en 2012). Ébouriffant !

« Arôme de l’air » en remet une couche niveau vivacité et chassés-croisés, avec sa rythmique hypnotique et ses passages presque pop ; et tout le monde s’y met cette fois-ci, y compris une guitare qui s’autorise quelques saturations. A peine le temps de souffler sur un « Brainmachine » pachydermique et inquiétant, qu’on est propulsé dans « Umckaloabo », véloce et sautillant, truffé de péripéties. Revoici la clarinette, aux côtés du saxophone ou se la jouant perso, et l’accordéon, discret mais qui maintient l’édifice sur ses fondations. Exaltant !

Histoire de se remettre de ses émotions, on finit cette heure tumultueuse par un dénouement plus tranquille, un « Balladibiza » plus rassurant, plus facile à déchiffrer, qui suit la voie sans déraillement incertain sur le bas-côté. Il fallait bien ça après avoir tant maltraité les chapelles du jazz. Car à une époque où il est de bon ton de s’offusquer et de théoriser pour tout ce qui concerne le genre, voici un album presque transgenre. Ses frontières sont indistinctes, ses structures vaporeuses mais le rendu est unique : une technique picturale brillamment adaptée à la musique. Un certain Léonard serait fier de ce Sfumato-là… Le jazz français n’a jamais été aussi vigoureux, aussi créatif, avec des Émile Parisien qui enjambent sans vergogne la caution tape qui délimite les territoires. Épique et virtuose, spontané, novateur… En un mot : vivifiant !

Il est partout, Émile ! Il tourne, il tourne, aux côtés des plus grands. Et il compose, aussi. Son Spezial Snack est resté dans les mémoires des jazzeux grâce à son audace et sa fraîcheur, Sfumato est bien parti pour le rejoindre. Avec quatre gros calibres en renfort, dont le pianiste allemand Joachim Kühn, le saxophoniste n’est toujours pas décidé à rentrer dans le rang. Et qui retrouve-t-on en guest stars ? Michel Portal et Vincent Peirani, bien sûr. Alléchant !

La Belle Époque chère à Parisien flotte au-dessus d’un « Préambule » mélancolique qui ne semble pas annoncer de gros mouvement sur la ligne de défense du jazz européen. C’est pour mieux la prendre par surprise. « Poulp » arrive comme un chien dans un jeu de quilles et mélange toutes ces jolies petites cases qui servent habituellement à ranger les genres, avec force décrochages, changements de rythmes, motifs intercalés sans sommation. Toute la troupe s’en donne à cœur joie à tour de rôle. Flamboyant !
Mais c’est encore peu de choses en comparaison de « Le clown tueur de la fête foraine », dont on trouve une première mouture sur Au revoir porc-épic (2006). Ce titre a eu le temps de mûrir, de se développer, de se perfectionner, pour atteindre une fluidité extraordinaire. On y retrouve l’accordéon de Vincent Peirani et la clarinette de Michel Portal, plus expressifs que jamais sur une pièce très colorée aux multiples rebondissements. Passionnant !
Après une composition aussi dense, rien de tel qu’un « Duet for Daniel Humair » concis et nerveux bien comme il faut. En fait de « duet », c’est plutôt de « duel » qu’il faudrait parler. Kühn et Parisien roulent côte à côte puis se doublent, se klaxonnent, s’invectivent, accélèrent, ralentissent, freinent brusquement : un hommage à la virtuosité du batteur et peintre suisse (Parisien a joué pour lui sur Sweet & Sour en 2012). Ébouriffant !

« Arôme de l’air » en remet une couche niveau vivacité et chassés-croisés, avec sa rythmique hypnotique et ses passages presque pop ; et tout le monde s’y met cette fois-ci, y compris une guitare qui s’autorise quelques saturations. A peine le temps de souffler sur un « Brainmachine » pachydermique et inquiétant, qu’on est propulsé dans « Umckaloabo », véloce et sautillant, truffé de péripéties. Revoici la clarinette, aux côtés du saxophone ou se la jouant perso, et l’accordéon, discret mais qui maintient l’édifice sur ses fondations. Exaltant !

Histoire de se remettre de ses émotions, on finit cette heure tumultueuse par un dénouement plus tranquille, un « Balladibiza » plus rassurant, plus facile à déchiffrer, qui suit la voie sans déraillement incertain sur le bas-côté. Il fallait bien ça après avoir tant maltraité les chapelles du jazz. Car à une époque où il est de bon ton de s’offusquer et de théoriser pour tout ce qui concerne le genre, voici un album presque transgenre. Ses frontières sont indistinctes, ses structures vaporeuses mais le rendu est unique : une technique picturale brillamment adaptée à la musique. Un certain Léonard serait fier de ce Sfumato-là… Le jazz français n’a jamais été aussi vigoureux, aussi créatif, avec des Émile Parisien qui enjambent sans vergogne la caution tape qui délimite les territoires. Épique et virtuose, spontané, novateur… En un mot : vivifiant !