Orphaned Land & Amaseffer - Kna’an

Sorti le: 26/08/2016

Par Florent Canepa

Label: Century Media

Site: www.orphaned-land.com

Le projet qui nous occupe est conceptuel jusqu’au bout des ongles. Concept album donc, rencontre de deux formations, musique originale d’un opéra, Kna’an n’est pas un disque ordinaire mais plutôt l’assemblage de fleurons du métal folklorique israélien au service d’une histoire. Cette histoire, c’est celle (revisitée) d’Abraham, imaginée par le dramaturge Allemand Walter Wayers comme un road-movie christique dans lequel, sous injonction du Divin, le futur prophète part en terre sainte. Ce pèlerinage musical déploie la compétence usuelle d’Orphaned Land, à savoir une recette de tradition orientale et de métal sombre, autrefois inspirée par le doom. Messianique et mésopotamique, l’œuvre s’écoute comme un accompagnement à la création théâtrale représentée deux ans plus tôt sur scène en Bavière.

Si l’histoire du projet et le thème œcuménique et pacifique bienvenu en ces temps de guerre de religions sont fort séduisants, il faut bien reconnaître que l’exécution est un peu plus douteuse. Revêtant les habits de la comédie musicale – plutôt que ceux d’un prétendu opéra, avouons-le, à l’écoute des multiples ballades et du final un tantinet ridicule -, l’ensemble pèche par vanité, manque d’unité et ce malgré une authentique sincérité. Plusieurs éléments auraient pu rendre le tout moins vain. La création de thèmes forts et récurrents, tout d’abord, qui font souvent du genre une réussite… ou pas. La précision et la maîtrise, ensuite : les bonnes intentions ne suffisent pas quand, par exemple, « The Burning Garden » est aux limites de la justesse vocale.

Evidemment, certains héroïsmes sont comestibles (« There is no God for Ishmael ») et les élancées mélismatiques intriguent. Des fulgurances sous la barre des deux minutes (l’introduction, la nostalgie acoustique de « The Loneliness of Itzahk ») sont là pour rappeler le potentiel. Mais le trop plein d’insuffisances gâchent le chemin et font de l’ensemble quelque chose d’anecdotique malgré les ambitions annoncées. Kna’an souffre sans doute de l’absence du visuel et était pensé dans le cadre d’un « grand » tout (soyons magnanimes). Mais cette offrande sur l’autel Century Media, ce Gentle Storm ou la hora remplacerait la gigue, et qui concerne tout de même celui qui sera l’ascendant du judaïsme, de l’islam et du christianisme, reste bien malingre…