Sahona – La passion comme moteur

Chromatique : Entre Naked Thoughts et Sahona, six ans se sont écoulés et il s’est passé pas mal de choses te concernant… et concernant Venturia ?


Charly Sahona
: J’essaie de faire un album tous les deux ans. Naked Thoughts est effectivement sorti en 2010 et après, je me suis concentré sur le troisième album de Venturia, pour lequel on a essayé d’être moins progressif. L’idée était d’avoir des titres taillés pour la scène. Un essai qui s’est avéré payant pour les concerts … mais il faut avouer que le côté progressif me manquait un peu. Suite au départ de Lydie, j’ai eu plus de temps pour travailler sur ce nouvel album. C’est vraiment dommage. Ça fait un an et demi que Lydie nous a quittés et en toute logique il nous a fallu accepter sa décision et la respecter. Mais nous ne nous sommes pas séparés fâchés. Quid de Venturia ? Et bien, comme je disais, on a mis le groupe en stand-by et j’ai mis à profit ce temps libre pour travailler sur Sahona. Mais je puis d’ores et déjà te dire que Venturia va bientôt sortir de son hibernation. J’ai rencontré une chanteuse l’été dernier, peu versée dans le progressif, mais non sans curiosité. Je me suis dit que ça vaudrait peut-être le coup, compte tenu de sa voix, différente de celle de Lydie. Résultat : bonne pioche. Car il est très facile de travailler avec elle et elle a une bonne technique vocale. Donc vous voilà prévenus, Venturia va revenir et on va bientôt sortir notre quatrième album.

Quand on connait Charly Sahona et que l’on apprend qu’il sort un album solo, on est en droit d’attendre un album de guitare instrumentale… c’est ce qui explique à l’époque que notre ancien collègue Julien Damotte se soit chargé de chroniquer ton premier album. Mais, en réalité, c’est tout sauf ça ! Il y a du chant comme sur Naked Thoughts… et c’est toi qui t’y colle ! Qu’est-ce qui t’a donné envie de prendre le chant ?
Bon, là, je te préviens, on voyage dans le temps : je finissais mon cursus de pianiste classique car c’était ce que mon père voulait. Avant de faire de la guitare, je souhaitais être chanteur. Le fait étant : quand je m’enregistrais, je trouvais ça ignoble. J’ai arrêté, pas la mort dans l’âme mais j’ai décidé de faire autre chose. De ce fait, j’ai pris la guitare car je trouvais qu’on pouvait y insuffler de la vie et des nuances à travers les solos. Comme pour le chant. J’ai commencé avec le blues puis des groupes comme Dire Straits notamment. Venturia né, je n’en ai pas moins gardé cette passion pour les belles voix et après le deuxième album, j’ai voulu remettre le couvert pour le même résultat : pas celui que j’espérais. Avec Naked Thoughts, j’ai voulu me mettre un coup de pied aux fesses et en bon perfectionniste, je me suis dit qu’il ne fallait pas abandonner. Mais je n’aime pas ma voix. Je suis conscient de certaines imperfections mais bon, il fallait que je fasse le grand saut. J’ai quand même chargé la voix d’effets. Moralité, je n’ai pas réécouté ce disque depuis longtemps parce que le résultat, niveau vocal, ne me plaît pas. Entre temps j’ai bossé, via Skype, j’ai pris et je continue de prendre des cours de chant. La différence principale entre les deux albums, c’est que sur Sahona, j’ai voulu revenir à l’essentiel avec un chant plus pur, plus authentique avec plus de nuances et quelques envolées lyriques.

Naked Thoughts avait, malgré le caractère concis des titres, une couleur très metal. A l’écoute de Sahona, on ne pense pas forcément à des formations de ce type. Immédiatement on pense à Muse dans l’approche. Mais la manière dont tu amènes tes soli dans le morceau m’a rappelé Extreme, en plus peut-être de Mr. Big .
Ah oui, bien vu. D’autant plus qu’Extreme avait cette teinte de metal mélangée au funk. C’est un groupe que j’ai beaucoup écouté étant adolescent. Comme tu l’as dit, j’écoutais beaucoup Mr. Big, mais aussi Malmsteen, Winger que j’aimais pour leur côté mélodique et efficace. Mais il me manquait le côté progressif que j’avais découvert avec Pink Floyd, Genesis, Dire Straits… Comme pour beaucoup, Dream Theater a comblé ce manque en moi. J’adore le Prog, en jouer comme en écouter. Mais quand je pense à la scène, des morceaux de quinze minutes, je me dis que c’est souvent difficile à assimiler à la fois pour l’auditeur mais également pour nous, surtout sur la qualité du rendu, compte tenu de mon amour pour l’efficacité en concert et Naked Thoughts va dans ce sens. (18’23)

Est-ce que cette concision et cette efficacité furent une ligne directrice pour se démarquer de Venturia ? Est-ce que tu as découvert des groupes qui t’ont influencé en ce sens ?
J’ai découvert toute cette vague de groupes de djent, mais tu es d’accord, ça ne s’entend pas sur Sahona. J’adore Textures, Monuments, Periphery. Pour Naked Thoughts, on venait de boucler le deuxième album de Venturia et l’on s’était dit qu’on utiliserait une approche plus conventionnelle quant aux structures sans pour autant remiser l’efficacité au placard. Donc, Naked Thoughts a un peu fait figure de test en ce sens. Mon sentiment aujourd’hui quand j’y repense ? Mission accomplie. A savoir : se baser sur la rythmique, le riff et garder une belle mélodie. Ce nouvel album, c’est un peu différent. Je le présente sous le nom de Sahona, car je tenais, d’une part, à marquer l’esprit de groupe et, d’autre part, je voulais éviter l’étiquette prog metal et me démarquer de ce que j’ai fait avant et, éventuellement, éveiller les curiosités de ceux qui, justement, connaissent Venturia.

Ce qui risque de plaire (ou pas) à l’auditeur, c’est le fait que l’album s’avale tout seul en regard notamment du côté accrocheur des mélodies. Quels sont les artistes qui t’ont guidé en ce sens ?
J’ai toujours été très sensible aux mélodies et au chant. Plus je compose, plus j’essaie d’aller à l’essentiel : guitare et voix ou claviers et voix. Pour les groupes, on parlait de Muse, précédemment. Forcément des groupes comme Toto ou Queen que j’ai ingurgités à très haute dose quand j’étais adolescent ont un certain impact. Même si je ne les écoute plus aujourd’hui, ils restent toutefois stockés dans le disque dur qu’est mon cerveau (sourire).

Qu’attends-tu de ce disque en termes d’exposition ? Est-ce qu’à terme, tu espères élargir ton public du fait de ce mélange pop, rock, prog et, toutes proportions gardées, de virtuosité via ton jeu de guitare ? Quels sont les retours vers l’album depuis le début de la promo ? As-tu glané quelques nouveaux fans ?
J’ai eu un peu peur, car je savais que le disque serait présenté et servi avec ce que j’ai fait avant. Il s’adresserait de facto aux gens qui ont déjà écouté et, je l’espère, apprécié ce que j’ai fait avant. Là, c’est un changement de style. Du quitte ou double. Finalement, les chroniques que nous avons eues à ce jour, sont très positives. Là, où je me suis dit : « mission accomplie » c’est quand j’ai eu des retours de gens connaissant Venturia et dont je n’attendais pas ou peu de retours, et de personnes avec lesquelles je n’avais, jusqu’à présent pas eu d’échanges. Au delà de ça, ta question était bien quel est mon but ? Je tâcherai de répondre avec un certain pragmatisme. On n’a plus vingt ans, l’aspect visuel et commercial n’est pas notre cheval de bataille. C’était une envie. Comme je te disais, j’aime aller à l’essentiel, que la matrice et mélodies soient simples et accessibles à tous, que la basse soit facilement assimilable avec, en revanche, une pointe de subtilité. J’ai voulu mélanger les deux ingrédients. J’ai conscience du coté auto-produit, je sais pertinemment que ça ne déchaînera, hélas, pas les foules. Je sais aussi que pour avoir de l’exposition, il faut tourner. Tourner, c’est un budget et ça demande des sacrifices de la part de l’équipe. Avant l’ambition qui consiste à jouir d’une certaine reconnaissance, j’ai une ambition artistique. Je sais que ça plaira à certains et que d’autres seront déçus car il y aura moins de soli et d’éléments typiquement metal. La démarche est artistique. Point.

Le fait que tu aies toi-même produit le disque a t-il joué sur les arrangements en studio ? Je veux dire par là : avais-tu déjà une idée bien définie de la couleur globale des morceaux ou, au contraire, tu as laissé les copains poser leur patte ?
Un peu des deux. A chaque fois que je compose un album, j’aime avoir une ligne directrice, savoir où je vais aller. Ici, c’était allier efficacité et relief avec des éléments progressifs sans pour autant tomber dans le piège progressif et ça passait par des structures plus conventionnelles, comme on peut en trouver dans la pop et le rock avec quelques arrangements progressifs. Après, je ne voulais pas quelque chose de très metal. J’ai créé un groupe différent avec des amis. J’ai tout programmé et arrangé tout seul avant de leur soumettre. Leur retour fut plus qu’enthousiaste et ils ont voulu être de l’aventure. Je leur ai dit « Ecoutez, faites comme bon vous semble, je vous connais, je sais comment vous jouez et comment vous voyez la musique et je sais que vous pouvez vous adapter sans problème ». Je savais intrinsèquement que ce style pouvait leur plaire. Donc je leur ai laissé carte blanche. Au final, c’est assez proche de ce que j’avais en tête. J’ai arrangé toutes les voix et les claviers. C’est la batterie qui a beaucoup évolué car les idées de bases étaient assez typées metal et Steph’ a une sensibilité plus rock avec un jeu plus épuré et aéré. La basse aussi a fait l’objet d’une approche plus que simpliste et Cédric a réellement insufflé de la vie sur les lignes que j’avais programmées. Franchement, j’ai été bluffé car les gars ont apporté leur personnalité tout en étant en accord avec ce que j’avais défini.

Concernant ton approche de l’écriture, est-ce que l’expérience Cocktail De Nuit (NdD : groupe de reprises de variétés dont fait notamment partie Franck Hermanny d’Adagio) a eu une quelconque forme d’impact en la matière ?
Je pourrais te dire que non, car c’est principalement alimentaire. En même temps, parce que c’est alimentaire et que j’y passe pas mal de temps. Il doit y avoir une certaine influence. D’abord du point de vue du professionnalisme. Cocktail De Nuit, c’est un spectacle de variétés très pro. Et il n’y a rien de mieux que de travailler dans ces conditions, bien que cela fasse partie de mon attitude au départ. Les chanteurs de cette équipe m’ont influencé. Le casting est très relevé, j’ai beaucoup appris à leur contact. Musicalement, on touche au grand public. C’est principalement de la variété internationale et française. (Hésitant) Donc oui, j’ai l’habitude d’entendre des mélodies efficaces, mais je n’ai pas l’impression que cela ait pu m’influencer à un moment particulier. (Réfléchissant) A bien réfléchir, peut-être : on a beaucoup joué « Chandelier » de Sia. Là, effectivement, c’est un exemple de titre que j’aurais aimé écrire notamment sur la partie accords et voix. Ce qui me plaît, c’est cette mélodie identifiable, très forte avec beaucoup de personnalité. Ça, j’aime, c’est fort. C’est vrai, que je fais environ une soixantaine de dates par an principalement l’été, dans le Sud avec quelques incursions en Charente et très rarement à Paris. Très rarement du fait qu’on a une équipe de backliners du tonnerre qui travaille beaucoup, qui dort très peu. Dans ces conditions, ce serait inhumain d’envisager d’élargir notre champ d’action.

On a souvent dû trouver étonnant de vous voir évoluer avec Franck et je crois Kevin Codfert, dans un tel contexte ?
Franck est toujours de la troupe. Kevin n’en fait plus partie. La raison tient à ses activités de producteur-musicien et également à sa compagnie d’informatique qu’il a montée et qui requiert, à juste titre, beaucoup de temps.

Maintenant que j’y pense, Montpellier a abrité en ses murs de sacrés groupes de Prog’ avec Venturia, Kalisia, Cyril Achard, Adagio. C’était agréablement surprenant de voir une scène progressive se développer dans cette région.
Absolument. Je pense savoir à quoi cela est dû : on a tous, plus ou moins, le même âge et on a eu la bonne idée d’écouter les mêmes groupes et de faire les choses au même moment. C’est assez amusant : Stéphan (Forté) et moi-même fréquentions la même école de musique. On bossait la guitare avec la même envie de faire nos propres compositions. Pour autant, il n’y avait pas d’esprit de compétition. On cherchait clairement à faire quelque chose de différent. Ça nous arrivait de croiser souvent les gars de Kalisia ainsi que Cyril, bien qu’originaire de Marseille, qui s’était installé par chez nous. C’était l’époque où le fanzine Your Majesty battait son plein. François « Franz » Jorge (NdD : ancien rédacteur de Your Majesty considéré par beaucoup comme la bibliothèque humaine sur Dream Theater) avait écrit quelques articles sur les groupes qui commençaient à pointer le bout de leur nez. Tous ceux que nous avons cités, avec Regency, en font partie.

N’était-ce pas frustrant de voir cette scène si prometteuse se déliter lentement mais hélas de manière irréversible ? Regency a mis la clé sous la porte. Idem pour Kalisia après la sortie de Cybion même si Brett (Caldas-Lima, éminence grise du groupe) est très sollicité en tant que producteur. A bien regarder, ne restent actifs qu’Adagio et toi, au travers de Venturia et de tes albums solo. Est-ce que ça t’a moralement entamé ?
Non, parce que pour moi, c’est impossible de lâcher l’affaire quand tu regardes le travail fourni pour faire un album. L’argent également investi doit être moteur de motivation. Je tiens à ma liberté d’écrire, de composer et produire. Je pourrais être musicien tout au long de l’année et vivre confortablement. J’ai pris la décision de moins en faire et donc, de gagner moins d’argent pour avoir plus de temps pour composer et pouvoir sortir mes albums. In fine, ce sont des succès d’estime que tu obtiens. Si tu veux que ton groupe soit connu, deux choses sont nécessaires : le carnet d’adresses et tourner. Beaucoup tourner. Ce qui représente un gros budget, car ça coûte cher ! C’est très difficile. Ça m’est arrivé de me dire « Pourquoi je continue alors que je n’ai pas de retour sur investissement ? » La réponse est évidente, elle tient en un seul mot : passion. Je ne me sens pas obligé, mais c’est vraiment ce que j’aime faire. J’ai besoin de composer et de progresser artistiquement. Je sais pertinemment qu’avec tout l’argent investi dans les albums que j’ai sortis, j’aurais pu m’acheter une super maison, une voiture, … Au final, rien de tout ça, je vis dans un appartement tout ce qu’il y a de plus simple. Avec ma connexion internet et mes guitares, je peux faire ce que je veux et ça, ça suffit à me rendre heureux. C’est un choix de vie et je comprendrais sans problème qu’on me demande pourquoi je m’acharne alors que je n’ai aucun retour.

As-tu des possibilités de tourner avec Sahona ?
Si tu savais (Soupir). On nous a proposé une grosse première partie. J’ai dû refuser. On n’a pas pu la faire. Pour des questions pécuniaires, bien évidemment. Si ça ne tenait qu’à moi, j’aurais dit oui, de suite. Mais pour les autres musiciens c’était bien plus compliqué, car cela aurait impliqué une suspension de leurs activités musicales. Ce projet n’aurait pas été rentable financièrement. Je ne pouvais décemment pas les forcer à y prendre part. Il y aura des dates de temps en temps.

Est-ce que tu as un titre favori sur Sahona?
Ce que j’englobe dans le mot « favori », c’est la combinaison d’une belle mélodie, d’une énergie conséquente et la présence de nuances. J’aime bien « On This Winter Night; » pour son efficacité, « Fires Of Passion » pour son côté plus prog et « A Modern Sleeping Beauty ».

Avec cinq albums au compteur, comment juges-tu ton évolution ? Depuis les débuts de Venturia jusqu’à aujourd’hui ?
Si je regardais l’ado que j’étais quand j’ai commencé à composer, en tenant compte de ce que j’écoutais à l’époque, je pense qu’artistiquement, je serais très content du chemin parcouru. D’un point de vue carrière, je n’aurais pas été satisfait car, comme tout musicien digne de ce nom, tu ambitionnes de vivre et de voyager grâce à ta musique. Cependant, aujourd’hui, je me remets constamment en question. J’essaie toujours d’aller de l’avant. Je suis certes très fier de ce qui a été fait avec ces cinq albums, fier d’avoir pu vivre de jolies collaborations. Pour moi, je ne peux que progresser, j’ai besoin de me remettre en danger artistiquement. Je tâche de rester humble avec cette nécessité de travailler, de me faire plaisir pour progresser.

On sait que tu es très ami avec notre ancien rédacteur Julien Damotte. A quand un album en collaboration ?
Oh oui, pourquoi pas ?! Ça pourrait être très amusant. C’est vrai qu’il y a une bonne connexion entre nous. Dernièrement les contacts ont, hélas, été épisodiques, mais ce serait plus qu’intéressant et puis ces rencontres me servent à immortaliser de la musique avec des gens que j’apprécie.

As-tu récemment flashé sur un ou plusieurs groupes ?
Comme je disais précédemment, tout la vague de groupes de djent metal, TesseracT, Periphery. Je suis également un grand fan d’Animals As Leaders. J’aime bien aussi Between The Buried And Me. J’adore Frost*. J’ai été étonné de l’engouement suscité par Ghost. Cet étonnement a réveillé une certaine curiosité. Au delà de l’imagerie, de l’efficacité et de la qualité d’interprétation, je ne le trouve pas pour autant révolutionnaire. Comme tout le monde, j’ai été intrigué par Steven Wilson. Bon, là, je plaide coupable car je suis toujours passé à côté de Porcupine Tree. J’ai écouté The Raven That Refused To Sing… And Other Stories que j’ai trouvé sympa avec ces références au progressif des années 70. Logiquement, j’ai attendu Hand. Cannot. Erase et je l’ai trouvé extraordinaire. J’ai écouté Ariana Grande pour la beauté de la voix. C’est de la musique grand public du genre de Mariah Carey. Ce qui m’a intéressé sur son disque, c’est la prod. Nous parlions précédemment de l’impact des musiques populaires. Dans le cas présent, la production m’a rendu curieux, au même titre que le traitement des synthés. Une bien belle surprise.

Le mot de la fin de ce riche entretien te revient de droit …
J’ai envie de remercier votre équipe, ainsi que votre lectorat qui relaie le message et qui tente de faire découvrir de la bonne musique au plus grand nombre. Cela demande un effort. C’est une petite communauté qui s’efforce de faire ce travail de titan. Chapeau bas aux lecteurs qui prennent le temps de découvrir, d’écouter puis de partager une musique pas forcément accessible et puis à vous, rédacteurs, journalistes qui partagez ces trouvailles.

Quelle ne fut pas notre surprise à l’écoute de Sahona ! Si tout le monde connait Charly Sahona comme étant l’éminence grise de Venturia, le Montpelliérain a cherché à s’émanciper de son groupe et proposer une musique à l’approche différente car plus concise et directe. Séduite, la Chromateam s’est donc entretenue avec un vrai passionné qui partage véritablement ici son amour de l’art.

Chromatique : Entre Naked Thoughts et Sahona, six ans se sont écoulés et il s’est passé pas mal de choses te concernant… et concernant Venturia ?


Charly Sahona
: J’essaie de faire un album tous les deux ans. Naked Thoughts est effectivement sorti en 2010 et après, je me suis concentré sur le troisième album de Venturia, pour lequel on a essayé d’être moins progressif. L’idée était d’avoir des titres taillés pour la scène. Un essai qui s’est avéré payant pour les concerts … mais il faut avouer que le côté progressif me manquait un peu. Suite au départ de Lydie, j’ai eu plus de temps pour travailler sur ce nouvel album. C’est vraiment dommage. Ça fait un an et demi que Lydie nous a quittés et en toute logique il nous a fallu accepter sa décision et la respecter. Mais nous ne nous sommes pas séparés fâchés. Quid de Venturia ? Et bien, comme je disais, on a mis le groupe en stand-by et j’ai mis à profit ce temps libre pour travailler sur Sahona. Mais je puis d’ores et déjà te dire que Venturia va bientôt sortir de son hibernation. J’ai rencontré une chanteuse l’été dernier, peu versée dans le progressif, mais non sans curiosité. Je me suis dit que ça vaudrait peut-être le coup, compte tenu de sa voix, différente de celle de Lydie. Résultat : bonne pioche. Car il est très facile de travailler avec elle et elle a une bonne technique vocale. Donc vous voilà prévenus, Venturia va revenir et on va bientôt sortir notre quatrième album.

Quand on connait Charly Sahona et que l’on apprend qu’il sort un album solo, on est en droit d’attendre un album de guitare instrumentale… c’est ce qui explique à l’époque que notre ancien collègue Julien Damotte se soit chargé de chroniquer ton premier album. Mais, en réalité, c’est tout sauf ça ! Il y a du chant comme sur Naked Thoughts… et c’est toi qui t’y colle ! Qu’est-ce qui t’a donné envie de prendre le chant ?
Bon, là, je te préviens, on voyage dans le temps : je finissais mon cursus de pianiste classique car c’était ce que mon père voulait. Avant de faire de la guitare, je souhaitais être chanteur. Le fait étant : quand je m’enregistrais, je trouvais ça ignoble. J’ai arrêté, pas la mort dans l’âme mais j’ai décidé de faire autre chose. De ce fait, j’ai pris la guitare car je trouvais qu’on pouvait y insuffler de la vie et des nuances à travers les solos. Comme pour le chant. J’ai commencé avec le blues puis des groupes comme Dire Straits notamment. Venturia né, je n’en ai pas moins gardé cette passion pour les belles voix et après le deuxième album, j’ai voulu remettre le couvert pour le même résultat : pas celui que j’espérais. Avec Naked Thoughts, j’ai voulu me mettre un coup de pied aux fesses et en bon perfectionniste, je me suis dit qu’il ne fallait pas abandonner. Mais je n’aime pas ma voix. Je suis conscient de certaines imperfections mais bon, il fallait que je fasse le grand saut. J’ai quand même chargé la voix d’effets. Moralité, je n’ai pas réécouté ce disque depuis longtemps parce que le résultat, niveau vocal, ne me plaît pas. Entre temps j’ai bossé, via Skype, j’ai pris et je continue de prendre des cours de chant. La différence principale entre les deux albums, c’est que sur Sahona, j’ai voulu revenir à l’essentiel avec un chant plus pur, plus authentique avec plus de nuances et quelques envolées lyriques.

Naked Thoughts avait, malgré le caractère concis des titres, une couleur très metal. A l’écoute de Sahona, on ne pense pas forcément à des formations de ce type. Immédiatement on pense à Muse dans l’approche. Mais la manière dont tu amènes tes soli dans le morceau m’a rappelé Extreme, en plus peut-être de Mr. Big .
Ah oui, bien vu. D’autant plus qu’Extreme avait cette teinte de metal mélangée au funk. C’est un groupe que j’ai beaucoup écouté étant adolescent. Comme tu l’as dit, j’écoutais beaucoup Mr. Big, mais aussi Malmsteen, Winger que j’aimais pour leur côté mélodique et efficace. Mais il me manquait le côté progressif que j’avais découvert avec Pink Floyd, Genesis, Dire Straits… Comme pour beaucoup, Dream Theater a comblé ce manque en moi. J’adore le Prog, en jouer comme en écouter. Mais quand je pense à la scène, des morceaux de quinze minutes, je me dis que c’est souvent difficile à assimiler à la fois pour l’auditeur mais également pour nous, surtout sur la qualité du rendu, compte tenu de mon amour pour l’efficacité en concert et Naked Thoughts va dans ce sens. (18’23)

Est-ce que cette concision et cette efficacité furent une ligne directrice pour se démarquer de Venturia ? Est-ce que tu as découvert des groupes qui t’ont influencé en ce sens ?
J’ai découvert toute cette vague de groupes de djent, mais tu es d’accord, ça ne s’entend pas sur Sahona. J’adore Textures, Monuments, Periphery. Pour Naked Thoughts, on venait de boucler le deuxième album de Venturia et l’on s’était dit qu’on utiliserait une approche plus conventionnelle quant aux structures sans pour autant remiser l’efficacité au placard. Donc, Naked Thoughts a un peu fait figure de test en ce sens. Mon sentiment aujourd’hui quand j’y repense ? Mission accomplie. A savoir : se baser sur la rythmique, le riff et garder une belle mélodie. Ce nouvel album, c’est un peu différent. Je le présente sous le nom de Sahona, car je tenais, d’une part, à marquer l’esprit de groupe et, d’autre part, je voulais éviter l’étiquette prog metal et me démarquer de ce que j’ai fait avant et, éventuellement, éveiller les curiosités de ceux qui, justement, connaissent Venturia.

Ce qui risque de plaire (ou pas) à l’auditeur, c’est le fait que l’album s’avale tout seul en regard notamment du côté accrocheur des mélodies. Quels sont les artistes qui t’ont guidé en ce sens ?
J’ai toujours été très sensible aux mélodies et au chant. Plus je compose, plus j’essaie d’aller à l’essentiel : guitare et voix ou claviers et voix. Pour les groupes, on parlait de Muse, précédemment. Forcément des groupes comme Toto ou Queen que j’ai ingurgités à très haute dose quand j’étais adolescent ont un certain impact. Même si je ne les écoute plus aujourd’hui, ils restent toutefois stockés dans le disque dur qu’est mon cerveau (sourire).

Qu’attends-tu de ce disque en termes d’exposition ? Est-ce qu’à terme, tu espères élargir ton public du fait de ce mélange pop, rock, prog et, toutes proportions gardées, de virtuosité via ton jeu de guitare ? Quels sont les retours vers l’album depuis le début de la promo ? As-tu glané quelques nouveaux fans ?
J’ai eu un peu peur, car je savais que le disque serait présenté et servi avec ce que j’ai fait avant. Il s’adresserait de facto aux gens qui ont déjà écouté et, je l’espère, apprécié ce que j’ai fait avant. Là, c’est un changement de style. Du quitte ou double. Finalement, les chroniques que nous avons eues à ce jour, sont très positives. Là, où je me suis dit : « mission accomplie » c’est quand j’ai eu des retours de gens connaissant Venturia et dont je n’attendais pas ou peu de retours, et de personnes avec lesquelles je n’avais, jusqu’à présent pas eu d’échanges. Au delà de ça, ta question était bien quel est mon but ? Je tâcherai de répondre avec un certain pragmatisme. On n’a plus vingt ans, l’aspect visuel et commercial n’est pas notre cheval de bataille. C’était une envie. Comme je te disais, j’aime aller à l’essentiel, que la matrice et mélodies soient simples et accessibles à tous, que la basse soit facilement assimilable avec, en revanche, une pointe de subtilité. J’ai voulu mélanger les deux ingrédients. J’ai conscience du coté auto-produit, je sais pertinemment que ça ne déchaînera, hélas, pas les foules. Je sais aussi que pour avoir de l’exposition, il faut tourner. Tourner, c’est un budget et ça demande des sacrifices de la part de l’équipe. Avant l’ambition qui consiste à jouir d’une certaine reconnaissance, j’ai une ambition artistique. Je sais que ça plaira à certains et que d’autres seront déçus car il y aura moins de soli et d’éléments typiquement metal. La démarche est artistique. Point.

Le fait que tu aies toi-même produit le disque a t-il joué sur les arrangements en studio ? Je veux dire par là : avais-tu déjà une idée bien définie de la couleur globale des morceaux ou, au contraire, tu as laissé les copains poser leur patte ?
Un peu des deux. A chaque fois que je compose un album, j’aime avoir une ligne directrice, savoir où je vais aller. Ici, c’était allier efficacité et relief avec des éléments progressifs sans pour autant tomber dans le piège progressif et ça passait par des structures plus conventionnelles, comme on peut en trouver dans la pop et le rock avec quelques arrangements progressifs. Après, je ne voulais pas quelque chose de très metal. J’ai créé un groupe différent avec des amis. J’ai tout programmé et arrangé tout seul avant de leur soumettre. Leur retour fut plus qu’enthousiaste et ils ont voulu être de l’aventure. Je leur ai dit « Ecoutez, faites comme bon vous semble, je vous connais, je sais comment vous jouez et comment vous voyez la musique et je sais que vous pouvez vous adapter sans problème ». Je savais intrinsèquement que ce style pouvait leur plaire. Donc je leur ai laissé carte blanche. Au final, c’est assez proche de ce que j’avais en tête. J’ai arrangé toutes les voix et les claviers. C’est la batterie qui a beaucoup évolué car les idées de bases étaient assez typées metal et Steph’ a une sensibilité plus rock avec un jeu plus épuré et aéré. La basse aussi a fait l’objet d’une approche plus que simpliste et Cédric a réellement insufflé de la vie sur les lignes que j’avais programmées. Franchement, j’ai été bluffé car les gars ont apporté leur personnalité tout en étant en accord avec ce que j’avais défini.

Concernant ton approche de l’écriture, est-ce que l’expérience Cocktail De Nuit (NdD : groupe de reprises de variétés dont fait notamment partie Franck Hermanny d’Adagio) a eu une quelconque forme d’impact en la matière ?
Je pourrais te dire que non, car c’est principalement alimentaire. En même temps, parce que c’est alimentaire et que j’y passe pas mal de temps. Il doit y avoir une certaine influence. D’abord du point de vue du professionnalisme. Cocktail De Nuit, c’est un spectacle de variétés très pro. Et il n’y a rien de mieux que de travailler dans ces conditions, bien que cela fasse partie de mon attitude au départ. Les chanteurs de cette équipe m’ont influencé. Le casting est très relevé, j’ai beaucoup appris à leur contact. Musicalement, on touche au grand public. C’est principalement de la variété internationale et française. (Hésitant) Donc oui, j’ai l’habitude d’entendre des mélodies efficaces, mais je n’ai pas l’impression que cela ait pu m’influencer à un moment particulier. (Réfléchissant) A bien réfléchir, peut-être : on a beaucoup joué « Chandelier » de Sia. Là, effectivement, c’est un exemple de titre que j’aurais aimé écrire notamment sur la partie accords et voix. Ce qui me plaît, c’est cette mélodie identifiable, très forte avec beaucoup de personnalité. Ça, j’aime, c’est fort. C’est vrai, que je fais environ une soixantaine de dates par an principalement l’été, dans le Sud avec quelques incursions en Charente et très rarement à Paris. Très rarement du fait qu’on a une équipe de backliners du tonnerre qui travaille beaucoup, qui dort très peu. Dans ces conditions, ce serait inhumain d’envisager d’élargir notre champ d’action.

On a souvent dû trouver étonnant de vous voir évoluer avec Franck et je crois Kevin Codfert, dans un tel contexte ?
Franck est toujours de la troupe. Kevin n’en fait plus partie. La raison tient à ses activités de producteur-musicien et également à sa compagnie d’informatique qu’il a montée et qui requiert, à juste titre, beaucoup de temps.

Maintenant que j’y pense, Montpellier a abrité en ses murs de sacrés groupes de Prog’ avec Venturia, Kalisia, Cyril Achard, Adagio. C’était agréablement surprenant de voir une scène progressive se développer dans cette région.
Absolument. Je pense savoir à quoi cela est dû : on a tous, plus ou moins, le même âge et on a eu la bonne idée d’écouter les mêmes groupes et de faire les choses au même moment. C’est assez amusant : Stéphan (Forté) et moi-même fréquentions la même école de musique. On bossait la guitare avec la même envie de faire nos propres compositions. Pour autant, il n’y avait pas d’esprit de compétition. On cherchait clairement à faire quelque chose de différent. Ça nous arrivait de croiser souvent les gars de Kalisia ainsi que Cyril, bien qu’originaire de Marseille, qui s’était installé par chez nous. C’était l’époque où le fanzine Your Majesty battait son plein. François « Franz » Jorge (NdD : ancien rédacteur de Your Majesty considéré par beaucoup comme la bibliothèque humaine sur Dream Theater) avait écrit quelques articles sur les groupes qui commençaient à pointer le bout de leur nez. Tous ceux que nous avons cités, avec Regency, en font partie.

N’était-ce pas frustrant de voir cette scène si prometteuse se déliter lentement mais hélas de manière irréversible ? Regency a mis la clé sous la porte. Idem pour Kalisia après la sortie de Cybion même si Brett (Caldas-Lima, éminence grise du groupe) est très sollicité en tant que producteur. A bien regarder, ne restent actifs qu’Adagio et toi, au travers de Venturia et de tes albums solo. Est-ce que ça t’a moralement entamé ?
Non, parce que pour moi, c’est impossible de lâcher l’affaire quand tu regardes le travail fourni pour faire un album. L’argent également investi doit être moteur de motivation. Je tiens à ma liberté d’écrire, de composer et produire. Je pourrais être musicien tout au long de l’année et vivre confortablement. J’ai pris la décision de moins en faire et donc, de gagner moins d’argent pour avoir plus de temps pour composer et pouvoir sortir mes albums. In fine, ce sont des succès d’estime que tu obtiens. Si tu veux que ton groupe soit connu, deux choses sont nécessaires : le carnet d’adresses et tourner. Beaucoup tourner. Ce qui représente un gros budget, car ça coûte cher ! C’est très difficile. Ça m’est arrivé de me dire « Pourquoi je continue alors que je n’ai pas de retour sur investissement ? » La réponse est évidente, elle tient en un seul mot : passion. Je ne me sens pas obligé, mais c’est vraiment ce que j’aime faire. J’ai besoin de composer et de progresser artistiquement. Je sais pertinemment qu’avec tout l’argent investi dans les albums que j’ai sortis, j’aurais pu m’acheter une super maison, une voiture, … Au final, rien de tout ça, je vis dans un appartement tout ce qu’il y a de plus simple. Avec ma connexion internet et mes guitares, je peux faire ce que je veux et ça, ça suffit à me rendre heureux. C’est un choix de vie et je comprendrais sans problème qu’on me demande pourquoi je m’acharne alors que je n’ai aucun retour.

As-tu des possibilités de tourner avec Sahona ?
Si tu savais (Soupir). On nous a proposé une grosse première partie. J’ai dû refuser. On n’a pas pu la faire. Pour des questions pécuniaires, bien évidemment. Si ça ne tenait qu’à moi, j’aurais dit oui, de suite. Mais pour les autres musiciens c’était bien plus compliqué, car cela aurait impliqué une suspension de leurs activités musicales. Ce projet n’aurait pas été rentable financièrement. Je ne pouvais décemment pas les forcer à y prendre part. Il y aura des dates de temps en temps.

Est-ce que tu as un titre favori sur Sahona?
Ce que j’englobe dans le mot « favori », c’est la combinaison d’une belle mélodie, d’une énergie conséquente et la présence de nuances. J’aime bien « On This Winter Night; » pour son efficacité, « Fires Of Passion » pour son côté plus prog et « A Modern Sleeping Beauty ».

Avec cinq albums au compteur, comment juges-tu ton évolution ? Depuis les débuts de Venturia jusqu’à aujourd’hui ?
Si je regardais l’ado que j’étais quand j’ai commencé à composer, en tenant compte de ce que j’écoutais à l’époque, je pense qu’artistiquement, je serais très content du chemin parcouru. D’un point de vue carrière, je n’aurais pas été satisfait car, comme tout musicien digne de ce nom, tu ambitionnes de vivre et de voyager grâce à ta musique. Cependant, aujourd’hui, je me remets constamment en question. J’essaie toujours d’aller de l’avant. Je suis certes très fier de ce qui a été fait avec ces cinq albums, fier d’avoir pu vivre de jolies collaborations. Pour moi, je ne peux que progresser, j’ai besoin de me remettre en danger artistiquement. Je tâche de rester humble avec cette nécessité de travailler, de me faire plaisir pour progresser.

On sait que tu es très ami avec notre ancien rédacteur Julien Damotte. A quand un album en collaboration ?
Oh oui, pourquoi pas ?! Ça pourrait être très amusant. C’est vrai qu’il y a une bonne connexion entre nous. Dernièrement les contacts ont, hélas, été épisodiques, mais ce serait plus qu’intéressant et puis ces rencontres me servent à immortaliser de la musique avec des gens que j’apprécie.

As-tu récemment flashé sur un ou plusieurs groupes ?
Comme je disais précédemment, tout la vague de groupes de djent metal, TesseracT, Periphery. Je suis également un grand fan d’Animals As Leaders. J’aime bien aussi Between The Buried And Me. J’adore Frost*. J’ai été étonné de l’engouement suscité par Ghost. Cet étonnement a réveillé une certaine curiosité. Au delà de l’imagerie, de l’efficacité et de la qualité d’interprétation, je ne le trouve pas pour autant révolutionnaire. Comme tout le monde, j’ai été intrigué par Steven Wilson. Bon, là, je plaide coupable car je suis toujours passé à côté de Porcupine Tree. J’ai écouté The Raven That Refused To Sing… And Other Stories que j’ai trouvé sympa avec ces références au progressif des années 70. Logiquement, j’ai attendu Hand. Cannot. Erase et je l’ai trouvé extraordinaire. J’ai écouté Ariana Grande pour la beauté de la voix. C’est de la musique grand public du genre de Mariah Carey. Ce qui m’a intéressé sur son disque, c’est la prod. Nous parlions précédemment de l’impact des musiques populaires. Dans le cas présent, la production m’a rendu curieux, au même titre que le traitement des synthés. Une bien belle surprise.

Le mot de la fin de ce riche entretien te revient de droit …
J’ai envie de remercier votre équipe, ainsi que votre lectorat qui relaie le message et qui tente de faire découvrir de la bonne musique au plus grand nombre. Cela demande un effort. C’est une petite communauté qui s’efforce de faire ce travail de titan. Chapeau bas aux lecteurs qui prennent le temps de découvrir, d’écouter puis de partager une musique pas forcément accessible et puis à vous, rédacteurs, journalistes qui partagez ces trouvailles.

Quelle ne fut pas notre surprise à l’écoute de Sahona ! Si tout le monde connait Charly Sahona comme étant l’éminence grise de Venturia, le Montpelliérain a cherché à s’émanciper de son groupe et proposer une musique à l’approche différente car plus concise et directe. Séduite, la Chromateam s’est donc entretenue avec un vrai passionné qui partage véritablement ici son amour de l’art.

Chromatique : Entre Naked Thoughts et Sahona, six ans se sont écoulés et il s’est passé pas mal de choses te concernant… et concernant Venturia ?


Charly Sahona
: J’essaie de faire un album tous les deux ans. Naked Thoughts est effectivement sorti en 2010 et après, je me suis concentré sur le troisième album de Venturia, pour lequel on a essayé d’être moins progressif. L’idée était d’avoir des titres taillés pour la scène. Un essai qui s’est avéré payant pour les concerts … mais il faut avouer que le côté progressif me manquait un peu. Suite au départ de Lydie, j’ai eu plus de temps pour travailler sur ce nouvel album. C’est vraiment dommage. Ça fait un an et demi que Lydie nous a quittés et en toute logique il nous a fallu accepter sa décision et la respecter. Mais nous ne nous sommes pas séparés fâchés. Quid de Venturia ? Et bien, comme je disais, on a mis le groupe en stand-by et j’ai mis à profit ce temps libre pour travailler sur Sahona. Mais je puis d’ores et déjà te dire que Venturia va bientôt sortir de son hibernation. J’ai rencontré une chanteuse l’été dernier, peu versée dans le progressif, mais non sans curiosité. Je me suis dit que ça vaudrait peut-être le coup, compte tenu de sa voix, différente de celle de Lydie. Résultat : bonne pioche. Car il est très facile de travailler avec elle et elle a une bonne technique vocale. Donc vous voilà prévenus, Venturia va revenir et on va bientôt sortir notre quatrième album.

Quand on connait Charly Sahona et que l’on apprend qu’il sort un album solo, on est en droit d’attendre un album de guitare instrumentale… c’est ce qui explique à l’époque que notre ancien collègue Julien Damotte se soit chargé de chroniquer ton premier album. Mais, en réalité, c’est tout sauf ça ! Il y a du chant comme sur Naked Thoughts… et c’est toi qui t’y colle ! Qu’est-ce qui t’a donné envie de prendre le chant ?
Bon, là, je te préviens, on voyage dans le temps : je finissais mon cursus de pianiste classique car c’était ce que mon père voulait. Avant de faire de la guitare, je souhaitais être chanteur. Le fait étant : quand je m’enregistrais, je trouvais ça ignoble. J’ai arrêté, pas la mort dans l’âme mais j’ai décidé de faire autre chose. De ce fait, j’ai pris la guitare car je trouvais qu’on pouvait y insuffler de la vie et des nuances à travers les solos. Comme pour le chant. J’ai commencé avec le blues puis des groupes comme Dire Straits notamment. Venturia né, je n’en ai pas moins gardé cette passion pour les belles voix et après le deuxième album, j’ai voulu remettre le couvert pour le même résultat : pas celui que j’espérais. Avec Naked Thoughts, j’ai voulu me mettre un coup de pied aux fesses et en bon perfectionniste, je me suis dit qu’il ne fallait pas abandonner. Mais je n’aime pas ma voix. Je suis conscient de certaines imperfections mais bon, il fallait que je fasse le grand saut. J’ai quand même chargé la voix d’effets. Moralité, je n’ai pas réécouté ce disque depuis longtemps parce que le résultat, niveau vocal, ne me plaît pas. Entre temps j’ai bossé, via Skype, j’ai pris et je continue de prendre des cours de chant. La différence principale entre les deux albums, c’est que sur Sahona, j’ai voulu revenir à l’essentiel avec un chant plus pur, plus authentique avec plus de nuances et quelques envolées lyriques.

Naked Thoughts avait, malgré le caractère concis des titres, une couleur très metal. A l’écoute de Sahona, on ne pense pas forcément à des formations de ce type. Immédiatement on pense à Muse dans l’approche. Mais la manière dont tu amènes tes soli dans le morceau m’a rappelé Extreme, en plus peut-être de Mr. Big .
Ah oui, bien vu. D’autant plus qu’Extreme avait cette teinte de metal mélangée au funk. C’est un groupe que j’ai beaucoup écouté étant adolescent. Comme tu l’as dit, j’écoutais beaucoup Mr. Big, mais aussi Malmsteen, Winger que j’aimais pour leur côté mélodique et efficace. Mais il me manquait le côté progressif que j’avais découvert avec Pink Floyd, Genesis, Dire Straits… Comme pour beaucoup, Dream Theater a comblé ce manque en moi. J’adore le Prog, en jouer comme en écouter. Mais quand je pense à la scène, des morceaux de quinze minutes, je me dis que c’est souvent difficile à assimiler à la fois pour l’auditeur mais également pour nous, surtout sur la qualité du rendu, compte tenu de mon amour pour l’efficacité en concert et Naked Thoughts va dans ce sens. (18’23)

Est-ce que cette concision et cette efficacité furent une ligne directrice pour se démarquer de Venturia ? Est-ce que tu as découvert des groupes qui t’ont influencé en ce sens ?
J’ai découvert toute cette vague de groupes de djent, mais tu es d’accord, ça ne s’entend pas sur Sahona. J’adore Textures, Monuments, Periphery. Pour Naked Thoughts, on venait de boucler le deuxième album de Venturia et l’on s’était dit qu’on utiliserait une approche plus conventionnelle quant aux structures sans pour autant remiser l’efficacité au placard. Donc, Naked Thoughts a un peu fait figure de test en ce sens. Mon sentiment aujourd’hui quand j’y repense ? Mission accomplie. A savoir : se baser sur la rythmique, le riff et garder une belle mélodie. Ce nouvel album, c’est un peu différent. Je le présente sous le nom de Sahona, car je tenais, d’une part, à marquer l’esprit de groupe et, d’autre part, je voulais éviter l’étiquette prog metal et me démarquer de ce que j’ai fait avant et, éventuellement, éveiller les curiosités de ceux qui, justement, connaissent Venturia.

Ce qui risque de plaire (ou pas) à l’auditeur, c’est le fait que l’album s’avale tout seul en regard notamment du côté accrocheur des mélodies. Quels sont les artistes qui t’ont guidé en ce sens ?
J’ai toujours été très sensible aux mélodies et au chant. Plus je compose, plus j’essaie d’aller à l’essentiel : guitare et voix ou claviers et voix. Pour les groupes, on parlait de Muse, précédemment. Forcément des groupes comme Toto ou Queen que j’ai ingurgités à très haute dose quand j’étais adolescent ont un certain impact. Même si je ne les écoute plus aujourd’hui, ils restent toutefois stockés dans le disque dur qu’est mon cerveau (sourire).

Qu’attends-tu de ce disque en termes d’exposition ? Est-ce qu’à terme, tu espères élargir ton public du fait de ce mélange pop, rock, prog et, toutes proportions gardées, de virtuosité via ton jeu de guitare ? Quels sont les retours vers l’album depuis le début de la promo ? As-tu glané quelques nouveaux fans ?
J’ai eu un peu peur, car je savais que le disque serait présenté et servi avec ce que j’ai fait avant. Il s’adresserait de facto aux gens qui ont déjà écouté et, je l’espère, apprécié ce que j’ai fait avant. Là, c’est un changement de style. Du quitte ou double. Finalement, les chroniques que nous avons eues à ce jour, sont très positives. Là, où je me suis dit : « mission accomplie » c’est quand j’ai eu des retours de gens connaissant Venturia et dont je n’attendais pas ou peu de retours, et de personnes avec lesquelles je n’avais, jusqu’à présent pas eu d’échanges. Au delà de ça, ta question était bien quel est mon but ? Je tâcherai de répondre avec un certain pragmatisme. On n’a plus vingt ans, l’aspect visuel et commercial n’est pas notre cheval de bataille. C’était une envie. Comme je te disais, j’aime aller à l’essentiel, que la matrice et mélodies soient simples et accessibles à tous, que la basse soit facilement assimilable avec, en revanche, une pointe de subtilité. J’ai voulu mélanger les deux ingrédients. J’ai conscience du coté auto-produit, je sais pertinemment que ça ne déchaînera, hélas, pas les foules. Je sais aussi que pour avoir de l’exposition, il faut tourner. Tourner, c’est un budget et ça demande des sacrifices de la part de l’équipe. Avant l’ambition qui consiste à jouir d’une certaine reconnaissance, j’ai une ambition artistique. Je sais que ça plaira à certains et que d’autres seront déçus car il y aura moins de soli et d’éléments typiquement metal. La démarche est artistique. Point.

Le fait que tu aies toi-même produit le disque a t-il joué sur les arrangements en studio ? Je veux dire par là : avais-tu déjà une idée bien définie de la couleur globale des morceaux ou, au contraire, tu as laissé les copains poser leur patte ?
Un peu des deux. A chaque fois que je compose un album, j’aime avoir une ligne directrice, savoir où je vais aller. Ici, c’était allier efficacité et relief avec des éléments progressifs sans pour autant tomber dans le piège progressif et ça passait par des structures plus conventionnelles, comme on peut en trouver dans la pop et le rock avec quelques arrangements progressifs. Après, je ne voulais pas quelque chose de très metal. J’ai créé un groupe différent avec des amis. J’ai tout programmé et arrangé tout seul avant de leur soumettre. Leur retour fut plus qu’enthousiaste et ils ont voulu être de l’aventure. Je leur ai dit « Ecoutez, faites comme bon vous semble, je vous connais, je sais comment vous jouez et comment vous voyez la musique et je sais que vous pouvez vous adapter sans problème ». Je savais intrinsèquement que ce style pouvait leur plaire. Donc je leur ai laissé carte blanche. Au final, c’est assez proche de ce que j’avais en tête. J’ai arrangé toutes les voix et les claviers. C’est la batterie qui a beaucoup évolué car les idées de bases étaient assez typées metal et Steph’ a une sensibilité plus rock avec un jeu plus épuré et aéré. La basse aussi a fait l’objet d’une approche plus que simpliste et Cédric a réellement insufflé de la vie sur les lignes que j’avais programmées. Franchement, j’ai été bluffé car les gars ont apporté leur personnalité tout en étant en accord avec ce que j’avais défini.

Concernant ton approche de l’écriture, est-ce que l’expérience Cocktail De Nuit (NdD : groupe de reprises de variétés dont fait notamment partie Franck Hermanny d’Adagio) a eu une quelconque forme d’impact en la matière ?
Je pourrais te dire que non, car c’est principalement alimentaire. En même temps, parce que c’est alimentaire et que j’y passe pas mal de temps. Il doit y avoir une certaine influence. D’abord du point de vue du professionnalisme. Cocktail De Nuit, c’est un spectacle de variétés très pro. Et il n’y a rien de mieux que de travailler dans ces conditions, bien que cela fasse partie de mon attitude au départ. Les chanteurs de cette équipe m’ont influencé. Le casting est très relevé, j’ai beaucoup appris à leur contact. Musicalement, on touche au grand public. C’est principalement de la variété internationale et française. (Hésitant) Donc oui, j’ai l’habitude d’entendre des mélodies efficaces, mais je n’ai pas l’impression que cela ait pu m’influencer à un moment particulier. (Réfléchissant) A bien réfléchir, peut-être : on a beaucoup joué « Chandelier » de Sia. Là, effectivement, c’est un exemple de titre que j’aurais aimé écrire notamment sur la partie accords et voix. Ce qui me plaît, c’est cette mélodie identifiable, très forte avec beaucoup de personnalité. Ça, j’aime, c’est fort. C’est vrai, que je fais environ une soixantaine de dates par an principalement l’été, dans le Sud avec quelques incursions en Charente et très rarement à Paris. Très rarement du fait qu’on a une équipe de backliners du tonnerre qui travaille beaucoup, qui dort très peu. Dans ces conditions, ce serait inhumain d’envisager d’élargir notre champ d’action.

On a souvent dû trouver étonnant de vous voir évoluer avec Franck et je crois Kevin Codfert, dans un tel contexte ?
Franck est toujours de la troupe. Kevin n’en fait plus partie. La raison tient à ses activités de producteur-musicien et également à sa compagnie d’informatique qu’il a montée et qui requiert, à juste titre, beaucoup de temps.

Maintenant que j’y pense, Montpellier a abrité en ses murs de sacrés groupes de Prog’ avec Venturia, Kalisia, Cyril Achard, Adagio. C’était agréablement surprenant de voir une scène progressive se développer dans cette région.
Absolument. Je pense savoir à quoi cela est dû : on a tous, plus ou moins, le même âge et on a eu la bonne idée d’écouter les mêmes groupes et de faire les choses au même moment. C’est assez amusant : Stéphan (Forté) et moi-même fréquentions la même école de musique. On bossait la guitare avec la même envie de faire nos propres compositions. Pour autant, il n’y avait pas d’esprit de compétition. On cherchait clairement à faire quelque chose de différent. Ça nous arrivait de croiser souvent les gars de Kalisia ainsi que Cyril, bien qu’originaire de Marseille, qui s’était installé par chez nous. C’était l’époque où le fanzine Your Majesty battait son plein. François « Franz » Jorge (NdD : ancien rédacteur de Your Majesty considéré par beaucoup comme la bibliothèque humaine sur Dream Theater) avait écrit quelques articles sur les groupes qui commençaient à pointer le bout de leur nez. Tous ceux que nous avons cités, avec Regency, en font partie.

N’était-ce pas frustrant de voir cette scène si prometteuse se déliter lentement mais hélas de manière irréversible ? Regency a mis la clé sous la porte. Idem pour Kalisia après la sortie de Cybion même si Brett (Caldas-Lima, éminence grise du groupe) est très sollicité en tant que producteur. A bien regarder, ne restent actifs qu’Adagio et toi, au travers de Venturia et de tes albums solo. Est-ce que ça t’a moralement entamé ?
Non, parce que pour moi, c’est impossible de lâcher l’affaire quand tu regardes le travail fourni pour faire un album. L’argent également investi doit être moteur de motivation. Je tiens à ma liberté d’écrire, de composer et produire. Je pourrais être musicien tout au long de l’année et vivre confortablement. J’ai pris la décision de moins en faire et donc, de gagner moins d’argent pour avoir plus de temps pour composer et pouvoir sortir mes albums. In fine, ce sont des succès d’estime que tu obtiens. Si tu veux que ton groupe soit connu, deux choses sont nécessaires : le carnet d’adresses et tourner. Beaucoup tourner. Ce qui représente un gros budget, car ça coûte cher ! C’est très difficile. Ça m’est arrivé de me dire « Pourquoi je continue alors que je n’ai pas de retour sur investissement ? » La réponse est évidente, elle tient en un seul mot : passion. Je ne me sens pas obligé, mais c’est vraiment ce que j’aime faire. J’ai besoin de composer et de progresser artistiquement. Je sais pertinemment qu’avec tout l’argent investi dans les albums que j’ai sortis, j’aurais pu m’acheter une super maison, une voiture, … Au final, rien de tout ça, je vis dans un appartement tout ce qu’il y a de plus simple. Avec ma connexion internet et mes guitares, je peux faire ce que je veux et ça, ça suffit à me rendre heureux. C’est un choix de vie et je comprendrais sans problème qu’on me demande pourquoi je m’acharne alors que je n’ai aucun retour.

As-tu des possibilités de tourner avec Sahona ?
Si tu savais (Soupir). On nous a proposé une grosse première partie. J’ai dû refuser. On n’a pas pu la faire. Pour des questions pécuniaires, bien évidemment. Si ça ne tenait qu’à moi, j’aurais dit oui, de suite. Mais pour les autres musiciens c’était bien plus compliqué, car cela aurait impliqué une suspension de leurs activités musicales. Ce projet n’aurait pas été rentable financièrement. Je ne pouvais décemment pas les forcer à y prendre part. Il y aura des dates de temps en temps.

Est-ce que tu as un titre favori sur Sahona?
Ce que j’englobe dans le mot « favori », c’est la combinaison d’une belle mélodie, d’une énergie conséquente et la présence de nuances. J’aime bien « On This Winter Night; » pour son efficacité, « Fires Of Passion » pour son côté plus prog et « A Modern Sleeping Beauty ».

Avec cinq albums au compteur, comment juges-tu ton évolution ? Depuis les débuts de Venturia jusqu’à aujourd’hui ?
Si je regardais l’ado que j’étais quand j’ai commencé à composer, en tenant compte de ce que j’écoutais à l’époque, je pense qu’artistiquement, je serais très content du chemin parcouru. D’un point de vue carrière, je n’aurais pas été satisfait car, comme tout musicien digne de ce nom, tu ambitionnes de vivre et de voyager grâce à ta musique. Cependant, aujourd’hui, je me remets constamment en question. J’essaie toujours d’aller de l’avant. Je suis certes très fier de ce qui a été fait avec ces cinq albums, fier d’avoir pu vivre de jolies collaborations. Pour moi, je ne peux que progresser, j’ai besoin de me remettre en danger artistiquement. Je tâche de rester humble avec cette nécessité de travailler, de me faire plaisir pour progresser.

On sait que tu es très ami avec notre ancien rédacteur Julien Damotte. A quand un album en collaboration ?
Oh oui, pourquoi pas ?! Ça pourrait être très amusant. C’est vrai qu’il y a une bonne connexion entre nous. Dernièrement les contacts ont, hélas, été épisodiques, mais ce serait plus qu’intéressant et puis ces rencontres me servent à immortaliser de la musique avec des gens que j’apprécie.

As-tu récemment flashé sur un ou plusieurs groupes ?
Comme je disais précédemment, tout la vague de groupes de djent metal, TesseracT, Periphery. Je suis également un grand fan d’Animals As Leaders. J’aime bien aussi Between The Buried And Me. J’adore Frost*. J’ai été étonné de l’engouement suscité par Ghost. Cet étonnement a réveillé une certaine curiosité. Au delà de l’imagerie, de l’efficacité et de la qualité d’interprétation, je ne le trouve pas pour autant révolutionnaire. Comme tout le monde, j’ai été intrigué par Steven Wilson. Bon, là, je plaide coupable car je suis toujours passé à côté de Porcupine Tree. J’ai écouté The Raven That Refused To Sing… And Other Stories que j’ai trouvé sympa avec ces références au progressif des années 70. Logiquement, j’ai attendu Hand. Cannot. Erase et je l’ai trouvé extraordinaire. J’ai écouté Ariana Grande pour la beauté de la voix. C’est de la musique grand public du genre de Mariah Carey. Ce qui m’a intéressé sur son disque, c’est la prod. Nous parlions précédemment de l’impact des musiques populaires. Dans le cas présent, la production m’a rendu curieux, au même titre que le traitement des synthés. Une bien belle surprise.

Le mot de la fin de ce riche entretien te revient de droit …
J’ai envie de remercier votre équipe, ainsi que votre lectorat qui relaie le message et qui tente de faire découvrir de la bonne musique au plus grand nombre. Cela demande un effort. C’est une petite communauté qui s’efforce de faire ce travail de titan. Chapeau bas aux lecteurs qui prennent le temps de découvrir, d’écouter puis de partager une musique pas forcément accessible et puis à vous, rédacteurs, journalistes qui partagez ces trouvailles.