Dave Kilminster – Sous le signe du W

Chromatique : Dave, merci de nous accorder quelques minutes. De W comme Waters à W comme Wilson on peut ainsi dire que la boucle est bouclée ? Comment as-tu atterri ici ?

Dave Kilminster
: Mieux que ça. Si on prend les initiales RW, SW… qu’y a-t-il pour TW… The Wombles… mmmh assez gênant, non ? On peut aussi rajouter John Wetton. (Rires). Fin de la minute geek. Pour revenir à ta question, le contact s’est fait par Guthrie. Il m’a recommandé à Steven, car celui-ci devait partir en tournée avec The Aristocrats. Je crois savoir aussi que Steven avait vu The Wall : Live et qu’il souhaitait que j’assure un intérim sur la tournée Grace For Drowining car Aziz Ibrahim, son guitariste de l’époque, avait des problèmes de visa pour tourner aux Etats-Unis. Avant de se rabattre sur Niko Tsonev, Nick Beggs m’avait contacté pour connaître mes disponibilités mais j’étais sur la route avec Roger Waters. A l’époque je n’avais qu’entendu parler de Porcupine Tree. Jamais je n’avais écouté la musique du groupe. Je suis donc, bien évidemment, allé voir Guthrie avec Steven et là, je me suis dit : « Mince, c’est ça que je devrais jouer ! ». Ils m’ont littéralement scié ! Je me suis immédiatement mis à jour en achetant The Raven…, Grace For Drowning et d’autres de ses disques. Une révélation. C’est une variante de musique progressive dont je n’avais pas connaissance jusqu’à ce jour. Bon, il y a progressif et progressif, tu comprendras que je ne m’aventurerai pas à donner de noms (Rires).

Par rapport au fait d’avoir été dans le groupe de Roger Waters qui reprend des albums du Floyd aux soli écrits par David Gilmour…Atterrir dans ce groupe, jouer avec cet artiste influencé par Pink Floyd. Est-ce logique à tes yeux ?
(Réfléchissant) Ça ne me parait pas si évident que ça. Bon, que Steven soit influencé par le Floyd, ça, on ne peut le nier. Réduire son influence aux soli de David Gilmour, c’est une hérésie. Tout est à prendre en compte. Il y a une sorte de package, si je puis dire : le côté symphonique, les arrangements. Je pense que les textes de Roger Waters ont plus d’impact que la guitare. Pour ma part, je n’étais pas très familier avec l’univers du Floyd jusqu’à ce qu’on me propose le poste. J’ai eu un cas de conscience car j’ai des amis guitaristes prêts à vendre père et mère pour décrocher le job. Je vais te faire une confidence : Je ne connaissais même pas Roger Waters jusqu’à ce que mon manager me demande si j’étais intéressé.

C’est une blague ?
Absolument pas : mon manager est venu me voir tout excité : « Dave ! Dave ! Roger Waters veut t’embaucher sur sa tournée ! ». Et moi de répondre avec le plus plat des calmes : « Cool. Mais qui est Roger Waters ? ».

On aurait du mal à le croire. En tant que nouveau musicien dans le groupe as-tu eu maille à partir en regard de commentaires désobligeants de la part des fans ? Craig Blundell (dont l’interview sera prochainement publiée sur Chromatique) m’a avoué tout à l’heure que beaucoup de personnes avaient l’air de désavouer le choix de Steven le concernant, au point de littéralement le descendre. Est-ce que toi aussi, tu as fait l’objet de critiques négatives ? Entre Guthrie et toi le style n’est pas foncièrement similaire d’où le scepticisme de certains…
Ce sont des débats de guitaristes (sourire). J’ai fait pas mal de vidéos pédagogiques où je joue de tous les styles : Blues, Jazz, Reggae… pour le Rock j’ai également joué des morceaux de Steve Vai, Yngwie Malmsteen etc… Après, huit ans passés avec Roger Waters, au niveau du jeu, ça laisse forcément des traces ! (Rires) Après, je sais que Craig a pris cher en regard de sa situation. Bon, il y aura toujours d’éternels insatisfaits, Craig fait le boulot et crois-moi, il le fait plus que bien.

Craig (Blundell) et toi-même avez rejoint le groupe peu de temps avant de vous embarquer sur la tournée américaine. Je crois savoir que vous n’avez eu que deux jours de répétitions intensives… Nous avions posé la question à Steven l’an dernier sur le fait qu’il ne se trompe presque jamais sur les musiciens qu’il choisit, même intérimaires…
Intensives. C’est le mot juste (Rires). Ensuite, je pense que Craig et moi avons une chance folle de jouer avec des gars plus que doués doublés d’êtres humains exceptionnels. Je me rappelle de cette première journée de répétitions, ça va intéresser les guitaristes qui lisent ton site : quand je suis arrivé, j’ai vu ce pédalier avec 95 patches à mémoriser. Je me suis dit que ça finirait bien, un jour ou l’autre, par rentrer. Ça fait un peu moins d’un an maintenant, j’ai pris le coup de main… ou plutôt, coup de pied (Sourire). Mais plus généralement, l’esprit de groupe est là, l’écoute entre nous est bien réelle et c’est super de ressentir ça, d’être sur la même longueur d’ondes. Nous sommes bien plus soudés maintenant. Je remplace Guthrie mais je prends réellement mon pied. D’ailleurs, je fais des chœurs sur les morceaux de Porcupine Tree que nous jouons sur la tournée.

Est-ce que tu as pu voir le concert diffusé sur Yahoo ! l’an dernier ?
Non. Et pour être franc, je n’aime pas me regarder. Je suis très dur avec moi-même

Plus soudés aujourd’hui ? Est-ce que, de ce fait, vous vous autorisez encore plus de libertés sur les titres ?
A vrai dire, on a déjà pas mal de liberté et dans ma situation, c’était déjà le cas avec Roger Waters même si, par moments, les gens s’attendaient à entendre un solo chou pour chou. Et le contexte est similaire avec Steven. Si j’étais dans le public, j’attendrais probablement du guitariste qui remplace Guthrie qu’il joue les mêmes soli, comme celui de « Routine ». Je suis donc un peu entre deux chaises, mais ça va. Je suis à l’aise avec les parties de Guthrie. Et Steven, au début, s’en était amusé : « Oh ! Tu joues le solo original ? Mais c’est bien ! C’est même très bien ! ».

Justement, vous étiez tous les deux présents au Royal Albert Hall. Ça a dû être sympa de vous revoir ?
Oui, enfin ç’aurait été bien plus sympa d’être ensemble sur scène, car il y a une réelle complicité entre nous née de la période où il tournait pour son albumErotic Cakes et crois-moi on a eu de très bons moments. Je devine du coup ta prochaine question quant au fait d’enregistrer un album ensemble, j’ai bon ? (sourires)

C’était prévu pour plus tard, effectivement. Mais vu que nous y sommes …
Hé hé, désolé de t’avoir coupé l’herbe sous le pied. C’est en projet…dès que nous aurons un moment dans nos agendas respectifs et que nous nous trouverons dans le même pays (Rires). C’est simplement qu’aujourd’hui c’est impossible : The Aristocrats cartonnent et sont de plus en plus sollicités. Quant à moi, je suis pris pour une bonne partie de l’année. Je ne tablerai donc pas sur une sortie cette année du moins, pas avant Noël (Rires).

Parlons maintenant de ta carrière solo, car tu as sorti plusieurs albums dont le dernier en date : And The Truth Will Set You Free. Alors que certains s’attendent à un disque progressif à proprement parler, on est surpris de t’entendre verser dans le Classic Rock …
Mais oui, c’est un disque de Classic Rock. Après la dernière tournée de Roger Waters, j’ai cherché à découvrir quelques nouveautés mais rien ne m’a réellement accroché. Alors je suis retourné à mes racines : les cinq premiers albums de Queen, les premiers albums de Led Zeppelin, … Ok, pas très progressif tout ça, mais ça suffit à m’inspirer et je suis du genre à me laisser porter par la musique au moment où je l’écris. Peut-être que le prochain sera différent. J’ai des tonnes de démos et de morceaux inachevés. Seul le temps me manque mais je ne suis pas à plaindre.

Tourner avec Steven Wilson qui est, à l’heure actuelle, l’un des leaders de la scène progressive mondiale, c’est quand même du pain béni en terme de demandes et de sollicitations ? J’ai posé la même question à Craig Blundell, tout à l’heure et il me disait être pas mal demandé. Qu’en est-il de toi ?
Sans prétention, j’étais déjà beaucoup sollicité à l’époque où je tournais avec Roger Waters. On me contactait pour de la production, faire des apparitions sur des titres, ici et là. Depuis quelques temps, je me rends compte que mon nom fait office d’un certain crédit et je m’efforce d’être plus vigilant sur les invitations et collaborations qui me sont proposées. Par exemple, j’ai collaboré avec Guthrie sur un album de guitare instrumentale, avec, disons-le, de sacrées pointures elles-mêmes invitées par une pointure de l’instrument dont je tairai le nom. Bon, ça avait l’air pas mal, mais pourquoi nous étions si bas dans le mix alors que lui était deux fois plus fort que nous ? (sourires). C’est un contexte que je souhaite dorénavant éviter. Autre situation : je ne me contenterai pas d’un solo sur un seul titre d’un album. C’est ce que je faisais avant. Mais aujourd’hui, la prudence m’amène à tout savoir sur le projet en question. Si, pour un album disons de dix titres, je joue sur le seul titre potable à mes oreilles, je vais me dire « Oh le reste du disque est horrible » et je serais le premier à m’en vouloir. Honnêtement avec toutes les démos que j’ai, j’ai assez pour m’occuper. J’évite ainsi les collaborations hasardeuses. Je recherche quelque chose où je pourrai m’investir au-delà d’un simple solo, comme par exemple, ce que j’ai pu faire dernièrement avec Geoff Payne et John Wetton. Bon, j’ai pas pu vraiment faire ce que j’avais en tête, ils avaient l’air d’avoir déjà une idée bien précise, mais il y avait « un peu » d’échanges (sourires). C’est mieux que rien. Le truc le plus « amusant » que j’ai pu entendre venant de la part de journalistes à Steven, c’était : «  Mais où as-tu trouvé ce clone de David Gilmour ? » (Rires).

Tu prends ça à la rigolade, mais n’as-tu pas peur, à terme, que l’étiquette de guitariste de Roger Waters puisse plus te desservir qu’autre chose ?
Non, parce que ça fait partie de ma carrière, maintenant. Et comme je le disais précédemment, j’ai assez à faire avec ma musique pour me soucier de ce qu’on raconte.

Je te pose une question soumise à Steven l’an dernier sur le fait que beaucoup le voient non seulement comme l’un des porte-drapeaux pas seulement de la scène progressive et de la musique en général mais également sur des sujets plus sérieux, comme le faisait en son temps, John Lennon ? Comment vois-tu les choses de l’intérieur ?
Je ne les vois pas (Rires) ! Plus sérieusement, je pense que c’est quelqu’un de très malin, qui sait ce qu’il veut et où il va. Je vais dresser un parallèle simple : lorsque j’enregistre, il m’arrive de me dire : «  ah tiens, ça c’est pas mal, je vais le garder. ». Quand Steven a une idée bien précise, difficile de l’en détourner. En vérité, je devrais m’inspirer de cette rigueur et de cette créativité : ces versions Deluxe, ces mini-sites, je trouve que c’est génial ! Je me suis acheté la version Deluxe de Hand. Canot. Erase car je voulais également garder une trace indélébile de cette période de ma carrière. Je ne jouerai jamais exactement comme Guthrie alors ce que je peux faire, c’est jouer le mieux possible pour rendre grâce aux morceaux et pour ça, j’ai besoin de m’immerger dans l’univers musical en question. Il y a quelques jours, c’était l’anniversaire du décès de ma mère. Et nous avons commencé à jouer « The Raven That Refused To Sing » et je me suis mis à pleurer. Trop d’émotions diverses en même temps.

Le mot de la fin te revient de droit.
La plus difficile des questions (Rires). Tout d’abord, un grand merci pour cette interview. (Réfléchissant) Récemment, on m’a demandé quelle était la signification du titre de mon dernier album. J’ai essayé de faire simple en disant qu’en musique, tout est une question de vérité. Je pense en toute modestie que mes albums sont des disques honnêtes et authentiques. Les morceaux ont été enregistrés avec trois autres personnes, en même temps. Je veux cette alchimie en studio, pouvoir, par exemple, sentir le grain de mon ampli à côté de moi quand je joue. Il n’y a pas d’Autotune ( NDLR : célèbre logiciel de retouche vocale). Le graphisme du livret va également à l’essentiel : pas de Photoshop et de dérives graphiques en tous genres. La technologie c’est bien, mais on perd en authenticité et spontanéité. Regarde : les meilleurs disques des années 50, 60 et 70 : ce sont des gars réunis ensemble dans la même pièce. Ne me parle même pas de çe qui est diffusé en radio aujourd’hui, c’est tout sauf humain. Je n’invente rien : Steven avait évoqué le sujet, en son temps, avec « The Sound Of Muzzak ». J’entends souvent des groupes composés de musiciens accomplis mais ça ne me touche pas plus que ça. Steven ainsi qu’un groupe comme Incubus sont les derniers artistes qui ont attiré mon attention.

Photo de couverture : Kay; http://www.davekilminster.com/Gallery2015-Fan.php

Plutôt que de vous servir une énième interview de Steven Wilson, Chromatique s’est intéressé à ses acolytes, qui méritent que l’on s’attarde sur eux. Nous nous sommes donc entretenus avec Dave Kilminster, que beaucoup d’entre vous ont pu voir à l’œuvre en haut du Mur de Roger Waters. Remplaçant de luxe de son ami Guthrie Govan sur cette partie de la tournée européenne, le guitariste a accepté de revenir sur son arrivée dans le groupe et livre également son avis sur la musique en général.

Chromatique : Dave, merci de nous accorder quelques minutes. De W comme Waters à W comme Wilson on peut ainsi dire que la boucle est bouclée ? Comment as-tu atterri ici ?

Dave Kilminster
: Mieux que ça. Si on prend les initiales RW, SW… qu’y a-t-il pour TW… The Wombles… mmmh assez gênant, non ? On peut aussi rajouter John Wetton. (Rires). Fin de la minute geek. Pour revenir à ta question, le contact s’est fait par Guthrie. Il m’a recommandé à Steven, car celui-ci devait partir en tournée avec The Aristocrats. Je crois savoir aussi que Steven avait vu The Wall : Live et qu’il souhaitait que j’assure un intérim sur la tournée Grace For Drowining car Aziz Ibrahim, son guitariste de l’époque, avait des problèmes de visa pour tourner aux Etats-Unis. Avant de se rabattre sur Niko Tsonev, Nick Beggs m’avait contacté pour connaître mes disponibilités mais j’étais sur la route avec Roger Waters. A l’époque je n’avais qu’entendu parler de Porcupine Tree. Jamais je n’avais écouté la musique du groupe. Je suis donc, bien évidemment, allé voir Guthrie avec Steven et là, je me suis dit : « Mince, c’est ça que je devrais jouer ! ». Ils m’ont littéralement scié ! Je me suis immédiatement mis à jour en achetant The Raven…, Grace For Drowning et d’autres de ses disques. Une révélation. C’est une variante de musique progressive dont je n’avais pas connaissance jusqu’à ce jour. Bon, il y a progressif et progressif, tu comprendras que je ne m’aventurerai pas à donner de noms (Rires).

Par rapport au fait d’avoir été dans le groupe de Roger Waters qui reprend des albums du Floyd aux soli écrits par David Gilmour…Atterrir dans ce groupe, jouer avec cet artiste influencé par Pink Floyd. Est-ce logique à tes yeux ?
(Réfléchissant) Ça ne me parait pas si évident que ça. Bon, que Steven soit influencé par le Floyd, ça, on ne peut le nier. Réduire son influence aux soli de David Gilmour, c’est une hérésie. Tout est à prendre en compte. Il y a une sorte de package, si je puis dire : le côté symphonique, les arrangements. Je pense que les textes de Roger Waters ont plus d’impact que la guitare. Pour ma part, je n’étais pas très familier avec l’univers du Floyd jusqu’à ce qu’on me propose le poste. J’ai eu un cas de conscience car j’ai des amis guitaristes prêts à vendre père et mère pour décrocher le job. Je vais te faire une confidence : Je ne connaissais même pas Roger Waters jusqu’à ce que mon manager me demande si j’étais intéressé.

C’est une blague ?
Absolument pas : mon manager est venu me voir tout excité : « Dave ! Dave ! Roger Waters veut t’embaucher sur sa tournée ! ». Et moi de répondre avec le plus plat des calmes : « Cool. Mais qui est Roger Waters ? ».

On aurait du mal à le croire. En tant que nouveau musicien dans le groupe as-tu eu maille à partir en regard de commentaires désobligeants de la part des fans ? Craig Blundell (dont l’interview sera prochainement publiée sur Chromatique) m’a avoué tout à l’heure que beaucoup de personnes avaient l’air de désavouer le choix de Steven le concernant, au point de littéralement le descendre. Est-ce que toi aussi, tu as fait l’objet de critiques négatives ? Entre Guthrie et toi le style n’est pas foncièrement similaire d’où le scepticisme de certains…
Ce sont des débats de guitaristes (sourire). J’ai fait pas mal de vidéos pédagogiques où je joue de tous les styles : Blues, Jazz, Reggae… pour le Rock j’ai également joué des morceaux de Steve Vai, Yngwie Malmsteen etc… Après, huit ans passés avec Roger Waters, au niveau du jeu, ça laisse forcément des traces ! (Rires) Après, je sais que Craig a pris cher en regard de sa situation. Bon, il y aura toujours d’éternels insatisfaits, Craig fait le boulot et crois-moi, il le fait plus que bien.

Craig (Blundell) et toi-même avez rejoint le groupe peu de temps avant de vous embarquer sur la tournée américaine. Je crois savoir que vous n’avez eu que deux jours de répétitions intensives… Nous avions posé la question à Steven l’an dernier sur le fait qu’il ne se trompe presque jamais sur les musiciens qu’il choisit, même intérimaires…
Intensives. C’est le mot juste (Rires). Ensuite, je pense que Craig et moi avons une chance folle de jouer avec des gars plus que doués doublés d’êtres humains exceptionnels. Je me rappelle de cette première journée de répétitions, ça va intéresser les guitaristes qui lisent ton site : quand je suis arrivé, j’ai vu ce pédalier avec 95 patches à mémoriser. Je me suis dit que ça finirait bien, un jour ou l’autre, par rentrer. Ça fait un peu moins d’un an maintenant, j’ai pris le coup de main… ou plutôt, coup de pied (Sourire). Mais plus généralement, l’esprit de groupe est là, l’écoute entre nous est bien réelle et c’est super de ressentir ça, d’être sur la même longueur d’ondes. Nous sommes bien plus soudés maintenant. Je remplace Guthrie mais je prends réellement mon pied. D’ailleurs, je fais des chœurs sur les morceaux de Porcupine Tree que nous jouons sur la tournée.

Est-ce que tu as pu voir le concert diffusé sur Yahoo ! l’an dernier ?
Non. Et pour être franc, je n’aime pas me regarder. Je suis très dur avec moi-même

Plus soudés aujourd’hui ? Est-ce que, de ce fait, vous vous autorisez encore plus de libertés sur les titres ?
A vrai dire, on a déjà pas mal de liberté et dans ma situation, c’était déjà le cas avec Roger Waters même si, par moments, les gens s’attendaient à entendre un solo chou pour chou. Et le contexte est similaire avec Steven. Si j’étais dans le public, j’attendrais probablement du guitariste qui remplace Guthrie qu’il joue les mêmes soli, comme celui de « Routine ». Je suis donc un peu entre deux chaises, mais ça va. Je suis à l’aise avec les parties de Guthrie. Et Steven, au début, s’en était amusé : « Oh ! Tu joues le solo original ? Mais c’est bien ! C’est même très bien ! ».

Justement, vous étiez tous les deux présents au Royal Albert Hall. Ça a dû être sympa de vous revoir ?
Oui, enfin ç’aurait été bien plus sympa d’être ensemble sur scène, car il y a une réelle complicité entre nous née de la période où il tournait pour son albumErotic Cakes et crois-moi on a eu de très bons moments. Je devine du coup ta prochaine question quant au fait d’enregistrer un album ensemble, j’ai bon ? (sourires)

C’était prévu pour plus tard, effectivement. Mais vu que nous y sommes …
Hé hé, désolé de t’avoir coupé l’herbe sous le pied. C’est en projet…dès que nous aurons un moment dans nos agendas respectifs et que nous nous trouverons dans le même pays (Rires). C’est simplement qu’aujourd’hui c’est impossible : The Aristocrats cartonnent et sont de plus en plus sollicités. Quant à moi, je suis pris pour une bonne partie de l’année. Je ne tablerai donc pas sur une sortie cette année du moins, pas avant Noël (Rires).

Parlons maintenant de ta carrière solo, car tu as sorti plusieurs albums dont le dernier en date : And The Truth Will Set You Free. Alors que certains s’attendent à un disque progressif à proprement parler, on est surpris de t’entendre verser dans le Classic Rock …
Mais oui, c’est un disque de Classic Rock. Après la dernière tournée de Roger Waters, j’ai cherché à découvrir quelques nouveautés mais rien ne m’a réellement accroché. Alors je suis retourné à mes racines : les cinq premiers albums de Queen, les premiers albums de Led Zeppelin, … Ok, pas très progressif tout ça, mais ça suffit à m’inspirer et je suis du genre à me laisser porter par la musique au moment où je l’écris. Peut-être que le prochain sera différent. J’ai des tonnes de démos et de morceaux inachevés. Seul le temps me manque mais je ne suis pas à plaindre.

Tourner avec Steven Wilson qui est, à l’heure actuelle, l’un des leaders de la scène progressive mondiale, c’est quand même du pain béni en terme de demandes et de sollicitations ? J’ai posé la même question à Craig Blundell, tout à l’heure et il me disait être pas mal demandé. Qu’en est-il de toi ?
Sans prétention, j’étais déjà beaucoup sollicité à l’époque où je tournais avec Roger Waters. On me contactait pour de la production, faire des apparitions sur des titres, ici et là. Depuis quelques temps, je me rends compte que mon nom fait office d’un certain crédit et je m’efforce d’être plus vigilant sur les invitations et collaborations qui me sont proposées. Par exemple, j’ai collaboré avec Guthrie sur un album de guitare instrumentale, avec, disons-le, de sacrées pointures elles-mêmes invitées par une pointure de l’instrument dont je tairai le nom. Bon, ça avait l’air pas mal, mais pourquoi nous étions si bas dans le mix alors que lui était deux fois plus fort que nous ? (sourires). C’est un contexte que je souhaite dorénavant éviter. Autre situation : je ne me contenterai pas d’un solo sur un seul titre d’un album. C’est ce que je faisais avant. Mais aujourd’hui, la prudence m’amène à tout savoir sur le projet en question. Si, pour un album disons de dix titres, je joue sur le seul titre potable à mes oreilles, je vais me dire « Oh le reste du disque est horrible » et je serais le premier à m’en vouloir. Honnêtement avec toutes les démos que j’ai, j’ai assez pour m’occuper. J’évite ainsi les collaborations hasardeuses. Je recherche quelque chose où je pourrai m’investir au-delà d’un simple solo, comme par exemple, ce que j’ai pu faire dernièrement avec Geoff Payne et John Wetton. Bon, j’ai pas pu vraiment faire ce que j’avais en tête, ils avaient l’air d’avoir déjà une idée bien précise, mais il y avait « un peu » d’échanges (sourires). C’est mieux que rien. Le truc le plus « amusant » que j’ai pu entendre venant de la part de journalistes à Steven, c’était : «  Mais où as-tu trouvé ce clone de David Gilmour ? » (Rires).

Tu prends ça à la rigolade, mais n’as-tu pas peur, à terme, que l’étiquette de guitariste de Roger Waters puisse plus te desservir qu’autre chose ?
Non, parce que ça fait partie de ma carrière, maintenant. Et comme je le disais précédemment, j’ai assez à faire avec ma musique pour me soucier de ce qu’on raconte.

Je te pose une question soumise à Steven l’an dernier sur le fait que beaucoup le voient non seulement comme l’un des porte-drapeaux pas seulement de la scène progressive et de la musique en général mais également sur des sujets plus sérieux, comme le faisait en son temps, John Lennon ? Comment vois-tu les choses de l’intérieur ?
Je ne les vois pas (Rires) ! Plus sérieusement, je pense que c’est quelqu’un de très malin, qui sait ce qu’il veut et où il va. Je vais dresser un parallèle simple : lorsque j’enregistre, il m’arrive de me dire : «  ah tiens, ça c’est pas mal, je vais le garder. ». Quand Steven a une idée bien précise, difficile de l’en détourner. En vérité, je devrais m’inspirer de cette rigueur et de cette créativité : ces versions Deluxe, ces mini-sites, je trouve que c’est génial ! Je me suis acheté la version Deluxe de Hand. Canot. Erase car je voulais également garder une trace indélébile de cette période de ma carrière. Je ne jouerai jamais exactement comme Guthrie alors ce que je peux faire, c’est jouer le mieux possible pour rendre grâce aux morceaux et pour ça, j’ai besoin de m’immerger dans l’univers musical en question. Il y a quelques jours, c’était l’anniversaire du décès de ma mère. Et nous avons commencé à jouer « The Raven That Refused To Sing » et je me suis mis à pleurer. Trop d’émotions diverses en même temps.

Le mot de la fin te revient de droit.
La plus difficile des questions (Rires). Tout d’abord, un grand merci pour cette interview. (Réfléchissant) Récemment, on m’a demandé quelle était la signification du titre de mon dernier album. J’ai essayé de faire simple en disant qu’en musique, tout est une question de vérité. Je pense en toute modestie que mes albums sont des disques honnêtes et authentiques. Les morceaux ont été enregistrés avec trois autres personnes, en même temps. Je veux cette alchimie en studio, pouvoir, par exemple, sentir le grain de mon ampli à côté de moi quand je joue. Il n’y a pas d’Autotune ( NDLR : célèbre logiciel de retouche vocale). Le graphisme du livret va également à l’essentiel : pas de Photoshop et de dérives graphiques en tous genres. La technologie c’est bien, mais on perd en authenticité et spontanéité. Regarde : les meilleurs disques des années 50, 60 et 70 : ce sont des gars réunis ensemble dans la même pièce. Ne me parle même pas de çe qui est diffusé en radio aujourd’hui, c’est tout sauf humain. Je n’invente rien : Steven avait évoqué le sujet, en son temps, avec « The Sound Of Muzzak ». J’entends souvent des groupes composés de musiciens accomplis mais ça ne me touche pas plus que ça. Steven ainsi qu’un groupe comme Incubus sont les derniers artistes qui ont attiré mon attention.

Photo de couverture : Kay; http://www.davekilminster.com/Gallery2015-Fan.php

Plutôt que de vous servir une énième interview de Steven Wilson, Chromatique s’est intéressé à ses acolytes, qui méritent que l’on s’attarde sur eux. Nous nous sommes donc entretenus avec Dave Kilminster, que beaucoup d’entre vous ont pu voir à l’œuvre en haut du Mur de Roger Waters. Remplaçant de luxe de son ami Guthrie Govan sur cette partie de la tournée européenne, le guitariste a accepté de revenir sur son arrivée dans le groupe et livre également son avis sur la musique en général.

Chromatique : Dave, merci de nous accorder quelques minutes. De W comme Waters à W comme Wilson on peut ainsi dire que la boucle est bouclée ? Comment as-tu atterri ici ?

Dave Kilminster
: Mieux que ça. Si on prend les initiales RW, SW… qu’y a-t-il pour TW… The Wombles… mmmh assez gênant, non ? On peut aussi rajouter John Wetton. (Rires). Fin de la minute geek. Pour revenir à ta question, le contact s’est fait par Guthrie. Il m’a recommandé à Steven, car celui-ci devait partir en tournée avec The Aristocrats. Je crois savoir aussi que Steven avait vu The Wall : Live et qu’il souhaitait que j’assure un intérim sur la tournée Grace For Drowining car Aziz Ibrahim, son guitariste de l’époque, avait des problèmes de visa pour tourner aux Etats-Unis. Avant de se rabattre sur Niko Tsonev, Nick Beggs m’avait contacté pour connaître mes disponibilités mais j’étais sur la route avec Roger Waters. A l’époque je n’avais qu’entendu parler de Porcupine Tree. Jamais je n’avais écouté la musique du groupe. Je suis donc, bien évidemment, allé voir Guthrie avec Steven et là, je me suis dit : « Mince, c’est ça que je devrais jouer ! ». Ils m’ont littéralement scié ! Je me suis immédiatement mis à jour en achetant The Raven…, Grace For Drowning et d’autres de ses disques. Une révélation. C’est une variante de musique progressive dont je n’avais pas connaissance jusqu’à ce jour. Bon, il y a progressif et progressif, tu comprendras que je ne m’aventurerai pas à donner de noms (Rires).

Par rapport au fait d’avoir été dans le groupe de Roger Waters qui reprend des albums du Floyd aux soli écrits par David Gilmour…Atterrir dans ce groupe, jouer avec cet artiste influencé par Pink Floyd. Est-ce logique à tes yeux ?
(Réfléchissant) Ça ne me parait pas si évident que ça. Bon, que Steven soit influencé par le Floyd, ça, on ne peut le nier. Réduire son influence aux soli de David Gilmour, c’est une hérésie. Tout est à prendre en compte. Il y a une sorte de package, si je puis dire : le côté symphonique, les arrangements. Je pense que les textes de Roger Waters ont plus d’impact que la guitare. Pour ma part, je n’étais pas très familier avec l’univers du Floyd jusqu’à ce qu’on me propose le poste. J’ai eu un cas de conscience car j’ai des amis guitaristes prêts à vendre père et mère pour décrocher le job. Je vais te faire une confidence : Je ne connaissais même pas Roger Waters jusqu’à ce que mon manager me demande si j’étais intéressé.

C’est une blague ?
Absolument pas : mon manager est venu me voir tout excité : « Dave ! Dave ! Roger Waters veut t’embaucher sur sa tournée ! ». Et moi de répondre avec le plus plat des calmes : « Cool. Mais qui est Roger Waters ? ».

On aurait du mal à le croire. En tant que nouveau musicien dans le groupe as-tu eu maille à partir en regard de commentaires désobligeants de la part des fans ? Craig Blundell (dont l’interview sera prochainement publiée sur Chromatique) m’a avoué tout à l’heure que beaucoup de personnes avaient l’air de désavouer le choix de Steven le concernant, au point de littéralement le descendre. Est-ce que toi aussi, tu as fait l’objet de critiques négatives ? Entre Guthrie et toi le style n’est pas foncièrement similaire d’où le scepticisme de certains…
Ce sont des débats de guitaristes (sourire). J’ai fait pas mal de vidéos pédagogiques où je joue de tous les styles : Blues, Jazz, Reggae… pour le Rock j’ai également joué des morceaux de Steve Vai, Yngwie Malmsteen etc… Après, huit ans passés avec Roger Waters, au niveau du jeu, ça laisse forcément des traces ! (Rires) Après, je sais que Craig a pris cher en regard de sa situation. Bon, il y aura toujours d’éternels insatisfaits, Craig fait le boulot et crois-moi, il le fait plus que bien.

Craig (Blundell) et toi-même avez rejoint le groupe peu de temps avant de vous embarquer sur la tournée américaine. Je crois savoir que vous n’avez eu que deux jours de répétitions intensives… Nous avions posé la question à Steven l’an dernier sur le fait qu’il ne se trompe presque jamais sur les musiciens qu’il choisit, même intérimaires…
Intensives. C’est le mot juste (Rires). Ensuite, je pense que Craig et moi avons une chance folle de jouer avec des gars plus que doués doublés d’êtres humains exceptionnels. Je me rappelle de cette première journée de répétitions, ça va intéresser les guitaristes qui lisent ton site : quand je suis arrivé, j’ai vu ce pédalier avec 95 patches à mémoriser. Je me suis dit que ça finirait bien, un jour ou l’autre, par rentrer. Ça fait un peu moins d’un an maintenant, j’ai pris le coup de main… ou plutôt, coup de pied (Sourire). Mais plus généralement, l’esprit de groupe est là, l’écoute entre nous est bien réelle et c’est super de ressentir ça, d’être sur la même longueur d’ondes. Nous sommes bien plus soudés maintenant. Je remplace Guthrie mais je prends réellement mon pied. D’ailleurs, je fais des chœurs sur les morceaux de Porcupine Tree que nous jouons sur la tournée.

Est-ce que tu as pu voir le concert diffusé sur Yahoo ! l’an dernier ?
Non. Et pour être franc, je n’aime pas me regarder. Je suis très dur avec moi-même

Plus soudés aujourd’hui ? Est-ce que, de ce fait, vous vous autorisez encore plus de libertés sur les titres ?
A vrai dire, on a déjà pas mal de liberté et dans ma situation, c’était déjà le cas avec Roger Waters même si, par moments, les gens s’attendaient à entendre un solo chou pour chou. Et le contexte est similaire avec Steven. Si j’étais dans le public, j’attendrais probablement du guitariste qui remplace Guthrie qu’il joue les mêmes soli, comme celui de « Routine ». Je suis donc un peu entre deux chaises, mais ça va. Je suis à l’aise avec les parties de Guthrie. Et Steven, au début, s’en était amusé : « Oh ! Tu joues le solo original ? Mais c’est bien ! C’est même très bien ! ».

Justement, vous étiez tous les deux présents au Royal Albert Hall. Ça a dû être sympa de vous revoir ?
Oui, enfin ç’aurait été bien plus sympa d’être ensemble sur scène, car il y a une réelle complicité entre nous née de la période où il tournait pour son albumErotic Cakes et crois-moi on a eu de très bons moments. Je devine du coup ta prochaine question quant au fait d’enregistrer un album ensemble, j’ai bon ? (sourires)

C’était prévu pour plus tard, effectivement. Mais vu que nous y sommes …
Hé hé, désolé de t’avoir coupé l’herbe sous le pied. C’est en projet…dès que nous aurons un moment dans nos agendas respectifs et que nous nous trouverons dans le même pays (Rires). C’est simplement qu’aujourd’hui c’est impossible : The Aristocrats cartonnent et sont de plus en plus sollicités. Quant à moi, je suis pris pour une bonne partie de l’année. Je ne tablerai donc pas sur une sortie cette année du moins, pas avant Noël (Rires).

Parlons maintenant de ta carrière solo, car tu as sorti plusieurs albums dont le dernier en date : And The Truth Will Set You Free. Alors que certains s’attendent à un disque progressif à proprement parler, on est surpris de t’entendre verser dans le Classic Rock …
Mais oui, c’est un disque de Classic Rock. Après la dernière tournée de Roger Waters, j’ai cherché à découvrir quelques nouveautés mais rien ne m’a réellement accroché. Alors je suis retourné à mes racines : les cinq premiers albums de Queen, les premiers albums de Led Zeppelin, … Ok, pas très progressif tout ça, mais ça suffit à m’inspirer et je suis du genre à me laisser porter par la musique au moment où je l’écris. Peut-être que le prochain sera différent. J’ai des tonnes de démos et de morceaux inachevés. Seul le temps me manque mais je ne suis pas à plaindre.

Tourner avec Steven Wilson qui est, à l’heure actuelle, l’un des leaders de la scène progressive mondiale, c’est quand même du pain béni en terme de demandes et de sollicitations ? J’ai posé la même question à Craig Blundell, tout à l’heure et il me disait être pas mal demandé. Qu’en est-il de toi ?
Sans prétention, j’étais déjà beaucoup sollicité à l’époque où je tournais avec Roger Waters. On me contactait pour de la production, faire des apparitions sur des titres, ici et là. Depuis quelques temps, je me rends compte que mon nom fait office d’un certain crédit et je m’efforce d’être plus vigilant sur les invitations et collaborations qui me sont proposées. Par exemple, j’ai collaboré avec Guthrie sur un album de guitare instrumentale, avec, disons-le, de sacrées pointures elles-mêmes invitées par une pointure de l’instrument dont je tairai le nom. Bon, ça avait l’air pas mal, mais pourquoi nous étions si bas dans le mix alors que lui était deux fois plus fort que nous ? (sourires). C’est un contexte que je souhaite dorénavant éviter. Autre situation : je ne me contenterai pas d’un solo sur un seul titre d’un album. C’est ce que je faisais avant. Mais aujourd’hui, la prudence m’amène à tout savoir sur le projet en question. Si, pour un album disons de dix titres, je joue sur le seul titre potable à mes oreilles, je vais me dire « Oh le reste du disque est horrible » et je serais le premier à m’en vouloir. Honnêtement avec toutes les démos que j’ai, j’ai assez pour m’occuper. J’évite ainsi les collaborations hasardeuses. Je recherche quelque chose où je pourrai m’investir au-delà d’un simple solo, comme par exemple, ce que j’ai pu faire dernièrement avec Geoff Payne et John Wetton. Bon, j’ai pas pu vraiment faire ce que j’avais en tête, ils avaient l’air d’avoir déjà une idée bien précise, mais il y avait « un peu » d’échanges (sourires). C’est mieux que rien. Le truc le plus « amusant » que j’ai pu entendre venant de la part de journalistes à Steven, c’était : «  Mais où as-tu trouvé ce clone de David Gilmour ? » (Rires).

Tu prends ça à la rigolade, mais n’as-tu pas peur, à terme, que l’étiquette de guitariste de Roger Waters puisse plus te desservir qu’autre chose ?
Non, parce que ça fait partie de ma carrière, maintenant. Et comme je le disais précédemment, j’ai assez à faire avec ma musique pour me soucier de ce qu’on raconte.

Je te pose une question soumise à Steven l’an dernier sur le fait que beaucoup le voient non seulement comme l’un des porte-drapeaux pas seulement de la scène progressive et de la musique en général mais également sur des sujets plus sérieux, comme le faisait en son temps, John Lennon ? Comment vois-tu les choses de l’intérieur ?
Je ne les vois pas (Rires) ! Plus sérieusement, je pense que c’est quelqu’un de très malin, qui sait ce qu’il veut et où il va. Je vais dresser un parallèle simple : lorsque j’enregistre, il m’arrive de me dire : «  ah tiens, ça c’est pas mal, je vais le garder. ». Quand Steven a une idée bien précise, difficile de l’en détourner. En vérité, je devrais m’inspirer de cette rigueur et de cette créativité : ces versions Deluxe, ces mini-sites, je trouve que c’est génial ! Je me suis acheté la version Deluxe de Hand. Canot. Erase car je voulais également garder une trace indélébile de cette période de ma carrière. Je ne jouerai jamais exactement comme Guthrie alors ce que je peux faire, c’est jouer le mieux possible pour rendre grâce aux morceaux et pour ça, j’ai besoin de m’immerger dans l’univers musical en question. Il y a quelques jours, c’était l’anniversaire du décès de ma mère. Et nous avons commencé à jouer « The Raven That Refused To Sing » et je me suis mis à pleurer. Trop d’émotions diverses en même temps.

Le mot de la fin te revient de droit.
La plus difficile des questions (Rires). Tout d’abord, un grand merci pour cette interview. (Réfléchissant) Récemment, on m’a demandé quelle était la signification du titre de mon dernier album. J’ai essayé de faire simple en disant qu’en musique, tout est une question de vérité. Je pense en toute modestie que mes albums sont des disques honnêtes et authentiques. Les morceaux ont été enregistrés avec trois autres personnes, en même temps. Je veux cette alchimie en studio, pouvoir, par exemple, sentir le grain de mon ampli à côté de moi quand je joue. Il n’y a pas d’Autotune ( NDLR : célèbre logiciel de retouche vocale). Le graphisme du livret va également à l’essentiel : pas de Photoshop et de dérives graphiques en tous genres. La technologie c’est bien, mais on perd en authenticité et spontanéité. Regarde : les meilleurs disques des années 50, 60 et 70 : ce sont des gars réunis ensemble dans la même pièce. Ne me parle même pas de çe qui est diffusé en radio aujourd’hui, c’est tout sauf humain. Je n’invente rien : Steven avait évoqué le sujet, en son temps, avec « The Sound Of Muzzak ». J’entends souvent des groupes composés de musiciens accomplis mais ça ne me touche pas plus que ça. Steven ainsi qu’un groupe comme Incubus sont les derniers artistes qui ont attiré mon attention.

Photo de couverture : Kay; http://www.davekilminster.com/Gallery2015-Fan.php