Goblin Rebirth - Goblin Rebirth

Sorti le: 13/08/2015

Par Jean-Philippe Haas

Label: Relapse Records

Site: https://goblinrebirth.bandcamp.com/

Quand on évoque Goblin, on pense à Dario Argento, à George A. Romero. On revoit Suspiria, Les frissons de l’angoisse, on revoit Zombie, on revoit tout le cinéma d’horreur transalpin des années soixante-dix et les bandes originales inquiétantes qui l’accompagnent si parfaitement. Dans l’esprit de l’amateur de séries B ou du progueux un tant soit peu averti, le groupe italien se limite généralement à ça. Ce n’est pas faute pourtant d’avoir tenté d’exister en dehors de ses succès cinématographiques mérités, mais sans grande réussite. Après avoir vivoté dans les années quatre-vingt-dix et deux mille, il s’est finalement scindé en deux entités. L’une, gardant son nom d’origine, et l’autre, renommée Goblin Rebirth. Hasard du calendrier, elles sortent respectivement en 2015 Four of A Kind et un disque éponyme. C’est de ce dernier dont il est question ici.

« L’esprit Goblin », ce sont des ambiances sombres, presque gothiques, des climats inconfortables, façon seventies: chœurs, voix diaphanes, mellotron et autres claviers vintage, grandiloquence et bien sûr, une forte dimension cinématographique. Très marquées à la fois par le rock progressif de l’époque et l’avènement populaire de la musique électronique, les compositions de Goblin Rebirth ont cette couleur inimitable liée au cinéma bis. Et c’est là toute la substance de cet album, qui raconte la naissance d’une créature monstrueuse dénommée X. Le groupe ne se contente pas de faire du surplace et de recycler ce qui a fait son succès : il actualise au mieux sa formule avec une pointe de modernité dans la production et la palette sonore. On remarquera ainsi quelques penchants ostensibles pour les grosses guitares et le psychédélisme. « Evil In The Machine », son rythme martial et son chant au vocoder, par exemple, lorgne du côté du rock industriel. Quant à la plus grande partie de l’album, de « Requiem for X » et ses nappes d’orgue jusqu’à l’époustouflant final « Rebirth », il tient haut l’étendard d’une musique qui, si elle n’en a pas la singularité, n’est pas loin de rivaliser en intensité avec les plus célèbres bandes originales de films d’angoisse comme Tubular Bells.

D’aucuns se demandent peut-être aujourd’hui quel est le Goblin le plus authentique ? Cette question est nulle et non avenue, car chacune à sa manière, les deux formations perpétuent l’héritage musical de ce qui fut l’un des grands groupes de prog italien des années soixante-dix. Goblin Rebirth fait sa part du travail avec foi et engagement. Alors deux pour le prix d’un, pourquoi se priver ?