Alan Parsons

19/03/2015

The Society For Ethical Culture - New York

Par Florent Canepa

Photos: Rick Gilbert/Skyhook - www.skyhookentertainment.net

Site du groupe : http://alanparsonsmusic.com

Setlist :

Luciferama - Damned If I Do - Don't Answer Me - Breakdown / The Raven - Time - I Wouldn't Want to Be Like You - The Turn of a Friendly Card (Part One) - Snake Eyes - The Ace of Swords - Nothing Left to Lose -The Turn of a Friendly Card (Part Two) – Intermission - (The System of) Dr. Tarr and Professor Fether - La Sagrada Familia - Limelight - Don't Let It Show - In the Real World - Do You Live at All - What Goes Up... - Prime Time - Sirius - Eye in the Sky - Old and Wise - Games People Play

Grande source d’inspiration pour beaucoup (reconnue ou non), Homme de l’ombre génial, mélodiste avachi pour ses détracteurs… Ce qui est sûr, c’est que cette soirée avait des allures d’hommage à un acteur phare des années soixante-dix qui trouve finalement aussi un héritage dans les années quatre-vingt. Non, Alan Parsons, ce n’est pas qu’un tube, c’est toute une histoire.

Il faut bien avouer que les vieilles gloires n’ont pas toujours de beaux restes. Le souvenir encore vivace d’une performance soporifique de Yes au Radio City Music Hall a laissé des traces et rend un peu méfiant sur les possibilités de s’extasier encore devant nos héros des années soixante-dix. Mais, comme il faut toujours garder espoir, donnons donc sa chance à Alan Parsons, qui offrait son légendaire livret ce soir-là aux fans (une frange plutôt âgée de rockers / easy riders) au sein de la New York Society for Ethical Culture. Une salle finalement assez étrange, en forme d’église, décor parfaitement adapté au recueillement mais ne rendant pas vraiment justice au son d’une manière générale. C’est le premier bémol que l’on émet dès que les premières notes de « Luciferama » retentissent. Cela manque de puissance et le son se perd au balcon tandis que l’orchestre ne jouit pas non plus d’une fantastique immersion.

La « mise en scène » rend honneur au grand Alan, juché sur son podium et son tapis tel une Majesté au profil d’Elvis tout de même abîmé, mais manifestement heureux d’être là et entouré de sa pléiade de chanteurs et musiciens. Ce soir, il n’y aura pas de première partie et on est bien content car le bonhomme possède un répertoire suffisamment large pour pouvoir se passer de mise en bouche. L’acoustique douteuse se prolonge sur les deux premiers titres et ce n’est qu’à l’arrivée de « Don’t Answer Me », le troisième de la soirée, que l’on souffle et se dit que cela va un peu mieux (sans doute aussi le fait que l’on s’habitue en admettant qu’Alan ne sera pas ici son propre ingénieur du son…). Il se dégage également quelque chose de profondément touchant quand Alan Parsons chante ses propres titres. On retrouve alors la fragilité et la douceur de ses compositions, en miroir de sa voix fluette et pourtant agréable. Il est aussi étonnant de voir parfois beaucoup de musiciens sur scène alors même que le son n’est pas si fantastique ou puissant : cela fait finalement beaucoup pour pas grand-chose. Mais il est vrai que tout le monde y va de sa patte (y compris le chant où chacun est impliqué, avec mention spéciale au bassiste qui évolue dans un registre Peter Gabriel convaincant).

En discutant pendant l’entracte, tout le monde s’accorde cependant pour dire qu’il faudrait euthanasier le batteur qui ne fait preuve d’aucune nuance et n’a pas compris qu’il ne jouait pas au Madison Square Garden ou dans un groupe de black métal (les cymbales c’est bien, trop les taper, ça craint). Pour revenir aux voix, ce qui fait aussi la beauté des compositions du Project, ce sont les chœurs qui souvent ici fonctionnent bien (« Prime time »), même si le groove manque terriblement sur certains morceaux dont c’est la quintessence (« The System of Dr. Tarr and Professor Fether »). Le chanteur principal (ce n’est pas Alan) fait le boulot et parfois même plus, à l’image de cette « Sagrada Familia » où l’on pense à Brendan Perry, la voix masculine de Dead Can Dance. Mais ce que l’on retient aussi de la soirée et des vingt-trois titres proposés, c’est une madeleine qui a certes perdu de sa superbe mais montre à chaque carrefour mélodique comment elle fut l’inspiratrice de différents courants et en particulier du FM des années quatre-vingt, popularisé par Asia et compagnie. Ou encore certaines plages électroniques à base de synthétiseurs typiques de musiques, de films ou de chansons trop nombreuses pour les citer ici. Des ballades bien coulantes viennent étayer la démonstration (« Limelight » joli, « Do you leave it all », nouveauté toute douce mais un peu plate). Un certain type de jeu de claviers rétro (« In the real world », « Games People Play ») transportent chez Journey.

Et lorsque le presque Rushien « What Goes Up » délivre un plaisir pur, on se dit que non, Alan Parsons, ce n’est pas que « Eye in the sky » qui passe sur RTL2, c’est aussi un grand monsieur qui fut producteur (de Pink Floyd, excusez), compositeur, chanteur, claviériste, guitariste, flûtiste… N’en jetez plus, l’Homme vieillissant possède ce talent. Pas sûr qu’il soit totalement « old and wise », pas sûr non plus que le partenaire de toujours Eric Woolfson ne manque pas à l’équation… C’est d’ailleurs à ce dernier que l’on pense beaucoup pendant le concert. Le duo ne sera plus, alors il reste un vétéran et son armée pour jouer les survivants. Inégal dans le jeu, mais le patrimoine fantastique, lui, est bien là !