Whyzdom - Symphony For A Hopeless God

Sorti le: 22/01/2015

Par Cyril Queneau-Pitol

Label: Scarlet Records

Site: http://www.whyzdom.fr/

Dans metal symphonique, il y a « metal » et « symphonique » ! Pourquoi cette lapalissade ?
A l’heure où pléthore de formations dites de « metal symphonique » fleurissent en Europe principalement, après les précurseurs venus du froid (Les premiers noms qui viennent à l’esprit sont Nightwish, Epica, Within Temptation, etc…), il convient de préciser ce qu’on entend par symphonique. Tout est question d’intelligence d’écriture et de dosage des éléments, et c’est là que ça se gâte !
En effet, rajouter trois violons, deux chœurs et un trombone dans une composition métallique est à la portée de tout musicien ayant un minimum de connaissances harmoniques. A l’inverse, la surenchère de pistes d’instruments classiques ne suffit pas à masquer la pauvreté d’écriture de certaines productions. Dans le nombre, bien peu sortent du lot.

Vynce Leff, principal compositeur et auteur de Whyzdom, fait partie de ceux qui, justement, se distinguent. Symphony For A Hopeless God, troisième album de la formation française ne souffre plus des quelques longueurs de ses deux prédécesseurs : From the Brink of Infinity, (2009) et Blind ? , (2012).
Dès les premières mesures, le « truc » s’impose et l’on se dit que l’on a affaire ici à une production majeure. Le « truc », c’est justement cette alliance intelligente de puissance métallique, avec une qualité de composition classique rare, nous y reviendrons.

Dans metal symphonique, il y a donc aussi « metal » et de ce côté-là, ça envoie sec ! Une section rythmique à la fois lourde, précise, agressive, tranchante. Des riffs imparables qui, immanquablement, font bouger la tête. Regis Morin et Vynce Leff aux guitares sont loin d’être des feignants, les soli s’imposent naturellement, sans excès masturbatoires, avec également, de belles unissons. Xavier Corrientes, à la basse, nous gratifie de quelques soli de même facture. Nico Chaumeaux à la batterie n’est pas en reste, sachant passer du blast au lourd et rester discret dans les moments plus calmes.
Si bien qu’on a presque envie d’écouter cet album dans une version épurée et exclusivement métallique, rien que des guitares, basse et batterie, c’est dire ! (Vynce, si tu nous lis…).

Côté chant, Whyzdom semble enfin avoir trouvé SA voix avec l’arrivée de Marie Rouyer en 2013. Quel organe ! Avec une tessiture claire et étendue (très) jusqu’au lyrique, Marie n’a rien à envier à Tarja Turunen ou à Floor Jansen. Elle a sa place parmi les voix associées à ce style musical. Les chœurs sont impressionnants, dès le premier titre, sans toutefois phagocyter les autres instruments.

Concernant l’orchestration, de la flûte légère à l’orchestre massif, cuivres compris, en passant par les nappes de soutien discrètes, l’ensemble est intelligent et montre les capacités d’écriture indéniables de Vynce Leff. Il sait composer et doser. Marc Ruhlmann, aux claviers, n’est pas en reste. Il sait également retranscrire les influences classiques, qui vont de la période romantique à la musique contemporaine. Même si la majeure partie des orchestrations seront enregistrées sur la scène, quel boulot ! Si bien qu’on a presque envie d’écouter cet album dans une version exclusivement classique pour en savourer toutes les subtilités, c’est dire ! (Vynce, si tu nous lit…).

Niveau production et mixage, on imagine aisément le casse-tête pour faire « sonner » toutes ces (innombrables) pistes pour obtenir un ensemble cohérent où chaque instrument (et il y en a quelques uns !) tient sa place. On s’incline.

Le tout fait de Symphony For A Hopeless God, un album frais et clair, à la fois lourd, mélodique (« Let’s Play With Fire », pour ne citer que lui, pourrait faire office de titre porteur), hargneux, et réellement symphonique, à placer au même niveau que les meilleures productions d’Epica.
Probablement dans le top 5 des albums de cette catégorie pour 2015.