Flying Colors – Génies de nature

L’association de bienfaiteurs estampillée Flying Colors est de retour à Paris, quinze jours à peine après la sortie de son deuxième effort Second Nature. En plus de boucler une tournée européenne dans la capitale, les Américains ont décidé d’immortaliser ce concert en le filmant en complément d’un prochain blu-ray / DVD. Quelques zones d’ombre restaient néanmoins à éclaircir. C’est donc en toute logique que nous avons interrogé (du mieux que l’on a pu dans les quinze minutes qui nous été attribuées) Neal Morse.

Chromatique : Comment se passe cette deuxième tournée ? J’ai cru entendre que cette soirée était quelque peu spéciale vu que le concert fera l’objet d’un blu-ray / DVD ?
Neal Morse
: Très bien ! Cela reste un honneur de jouer avec ces gars. Le public aussi nous le rend bien ; à chaque concert, c’est revigorant et motivant. (Visiblement étonné) Pour le DVD de ce soir ? Oui, apparemment ils ont décidé de le filmer donc ça va rajouter une saveur particulière à la soirée. De toute façon, chaque concert avec Flying Colors est un moment particulier !

Revenons brièvement sur votre premier album éponyme. Vu de l’extérieur, on vous sentait un peu tâtonner musicalement, sans trop réellement savoir où vous comptiez aller. En toute logique, les bases étaient jetées pour Second Nature, sans parler du fait que vous avez tourné entre les deux albums. J’imagine que cela vous a permis d’y voir un peu plus clair à la fois musicalement et humainement ?
Absolument. A l’exception de Mike, je ne connaissais pas personnellement les autres musiciens. J’ai rencontré Casey pour la première fois lors de nos premières sessions de composition. De fil en aiguille, les affinités se sont révélées et ont, par extension, grandement facilité l’écriture, l’ensemble devenant plus fluide.

De ce fait, y-a-t-il quelque chose qui a, je ne dirai pas fondamentalement changé, mais grandement différé entre les deux disques, concernant l’écriture, notamment ?
Je n’ai pas noté de changement majeur, même s’il y a eu quelques différences. Chacun est arrivé avec des idées, parfois bien précises. Il n’y a pas de figures de style réellement imposées. Une des nouveautés consiste dans le fait que nous avons commencé à travailler sur Second Nature via Skype. Je vais même te faire une confidence : l’un des premiers riffs qui me soit venu en tête, c’était à Paris, il y a deux ans, lors de notre premier concert. Pendant que Beardfish jouait, je me dirigeais vers le Sacré-Cœur et en montant les escaliers, j’ai commencé à façonner les mélodies de ce qui allait devenir « The Fury Of My Love » (ndlr : Neal se met à chanter les mélodies). J’avais ça en boutique depuis deux ans ! Casey a écrit ses paroles. Le pont de cette chanson a été composé via Skype. Je ne sais pas si tu imagines la scène ! Les bases de Second Nature ont été posées sur Skype avant de faire l’objet d’une réunion en studio pour finaliser et arranger les démos. Il y a quelques chutes mais pas assez pour en faire un ou plusieurs morceaux. Ce n’est pas suffisamment consistant.

Certains titres ont leur propre identité et leur propre couleur. Cela va de la pop au progressif. Bizarrement, l’un des morceaux les plus marquants est « One Love Forever ». Comment est née cette chanson qui, pour moi, est l’une des réussites de Second Nature ?
« One Love Forever » est le premier titre que nous avons composé chez Mike en Pennsylvanie pendant une tempête de neige qui rendait l’accès chez lui difficile. On avait quelques idées en vrac. Steve avait un riff d’intro en tête sur lequel j’ai commencer à poser de l’orgue. Casey, par la suite, a chanté n’importe quoi dessus ; cela permettait néanmoins d’avoir une mélodie de chant. De mémoire, c’est pour le refrain que nous avons beaucoup expérimenté.

Si « One Love Forever » est en partie due à la plume de Steve, tu ne peux nier le fait qu’« Open Up Your Eyes » soit en grande partie composé par toi
Et pourtant, ce n’est pas de moi, l’intro de piano, en tous cas. Le passage symphonique est de Steve, la progression d’accord notamment. Enfin, pour être tout à fait complet, celui pour lequel beaucoup font référence à « Roundabout » de Yes est aussi de lui.

C’est très intéressant. Tout le monde contribue-t-il à part égale à Flying Colors ? C’est quand même surprenant de voir un compositeur aussi prolixe que toi faire preuve d’une certaine retenue dans l’écriture !
Tout le monde est impliqué, à chaque niveau. Il y aura forcément un titre pour lequel l’un d’entre nous aura contribué davantage que les autres. Certains titres ont été proposés de manière quasi achevée. Je pense notamment à « Love Is What I’m Waiting For ».

A titre personnel, comment te situes-tu dans Flying Colors ? Sur tes albums solo et au sein de Transatlantic, on devine dans quelle direction tu vas, musicalement parlant. C’est moins évident ici, vu la variété des influences.
Je ne suis pas le mieux placé pour me situer. Je dirais, de manière imagée, que nous sommes face à une énorme marmite dans laquelle nous jetons toutes nos influences : musique classique, pop, jazz, le progressif de mon enfance… Je pourrais également être tout à fait influencé par quelque chose que j’entendrais dans la rue en me baladant ou en regardant la télé.

Pensez-vous à la scène lors de l’écriture des morceaux ? Ou a contrario, est-ce une réflexion qui survient lors d’une deuxième étape ?
Pas vraiment. C’est là que Mike (Portnoy) intervient en grande partie : il a déjà une idée de ce que cela donnera sur scène. Quant à moi, je suis plus amené à suivre le courant de composition que celui d’arrangement.

Pour finir, quelle est la signification du titre de l’album ? Est-ce lié au fait qu’il y a une meilleure alchimie entre vous ?
C’était également l’idée de Mike. C’est le deuxième album. De mémoire, Second Nature est un nom que j’avais proposé initialement, avant d’opter pour Transatlantic. A l’époque, c’était notre deuxième groupe, mais les autres n’ont pas aimé.

Quelle est l’importance de Flying Colors par rapport à celle prise par Transatlantic ?
Pour moi, c’est une autre expression de l’amour que Dieu a pour moi. C’est une bénédiction de pouvoir jouer avec des musiciens si talentueux. C’est plus que de la musique, c’est le plaisir d’être ensemble.

Un dernier mot ?
Merci à tous les fans français. A titre personnel, à chaque fois que je viens ici, peu importe le groupe, je vous suis extrêmement reconnaissant. Vous répondez constamment présents et ça, c’est le plus beau cadeau que vous puissiez me faire. Alors, merci !