Flying Colors

02/12/2014

L'Alhambra - Paris

Par Renaud Besse Bourdier

Photos: Daniel Beziz

Site du groupe : www.flyingcolorsmusic.com

Setlist :

Open Up Your Eyes / Bombs Away / Kayla / Shoulda Coulda Woulda / The Fury Of My Love / A Place In Your Heart / Forever In A Daze / One Love Forever / Colder Months (Alpha Rev) / Peaceful Harbor / The Storm / Cosmic Symphony / Mask Machine // Rappel : Infinite Fire

C’est l’un des rendez-vous marquants de cette fin d’année : Flying Colors revient à Paris pour la sortie de son second album Second Nature. Le public présent à l’Alhambra en fut quitte pour une soirée mémorable. Alors, pour ceux du fond, qui n’y étaient pas, on va reprendre, vu que la Chromateam était présente. On arrête de bavarder et on lit attentivement, s’il vous plaît.

S’il est une expression dont on peut dire qu’elle colle parfaitement à Flying Colors, c’est bien celle-ci : « battre le fer tant qu’il est chaud ». A peine deux semaines après la sortie de Second Nature, les cinq fines lames que sont Messieurs Portnoy, Neal Morse, McPherson, Larue et Steve Morse débarquent dans la capitale pour mettre le point final à une tournée d’une douzaine de dates. Et pour couronner le tout, l’on apprend que le concert donné à l’Alhambra fera l’objet d’un enregistrement pour un pack CD + DVD/Blu-ray live. En résumé, ce soir, l’équation est simple : dernière date de la tournée et enregistrement live égale fromage ET dessert.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, John Wesley a l’honneur de chauffer l’auditoire. L’ex-guitariste de Porcupine Tree, compagnon de moto de Neil Peart à ses heures perdues, propose un set très agréable, piochant dans ses différents albums solo y compris dans le dernier Disconnect. Les suffrages sont plus que bons. On est surpris de voir l’immense Sean Malone (Cynic, Gordian Knot) tenir la basse. Il nous confie, après le concert, connaître Wesley depuis de nombreuses années, bien avant l’émergence de Cynic. Quoi qu’il en soit, John Wesley a vu sa cote de popularité monter après un set assez savoureux.

Alors qu’on en est au changement de set, l’excitation monte d’un cran dans les travées d’un Alhambra copieusement garni. L’heure H arrivée, c’est Neal Morse qui arpente le premier la scène pour attaquer les premières mesures d’ « Open Up Your Eyes » rejoint par Casey McPherson, Dave LaRue, Steve Morse et Mike Portnoy qui fait évidemment exploser l’applaudimètre. Chaque musicien est à sa place. Dave LaRue en met plein les mirettes au premier rang ; pieds sur les retours façon Steve Harris, le bassiste déroule sa palette technique pour le plus grands plaisir des yeux. S’enchaînent « Bombs Away » et la première accalmie – relative – qu’est « Kayla » Comme on s’en doute, Mike Portnoy est déchaîné. Limite, il n’y en a que pour lui. Et pourtant, avec Neal Morse, ils paraissent bien en retrait par rapport à leur rayonnement habituel. On regrettera que Steve Morse, sourire aux lèvres et bien décidé à écœurer plus d’un apprenti guitariste, soit resté scotché à son ampli.

On ne s’en rend pas compte, mais le groupe propose ce soir l’intégralité de Second Nature, le tout dans une ambiance bon enfant. Mike Portnoy jouant le rôle de bon communiquant. On retiendra notamment une version tellurique d’ « A Place In Your World » et une autre absolument délicieuse de « One Love Forever ». Démarré en acoustique, Neal Morse et Mike Portnoy, à l’instar d’un Roger Taylor dans les glorieuses années de Queen, font la surprise de délaisser leurs sièges pour venir chanter et faire un bisou à Casey McPherson avant de regagner leurs arsenals respectifs. L’un des moments forts de ce concert, à n’en pas douter.

C’est déjà l’heure d’attaquer la dernière ligne de droite de la soirée. Mike Portnoy se lance dans un court laïus racontant comment son choix s’est porté sur Casey McPherson avant de le laisser seul pour un titre d’Alpha Rev « Colder Months », parfait pour amener LA surprise de la soirée, celle que votre serviteur n’attendait plus : « Peaceful Harbor ». On pensait l’intérêt moindre sans la présence sur scène de ce chœur gospel mais Neal Morse et Portnoy se chargent des chœurs, et même si la retranscription sur scène est forcément moins « épaisse » que sur le disque, les bougres s’en tirent avec les honneurs. Les morceaux qui suivent « The Storm » et « Cosmic Symphony » sont des formalités avant d’attaquer le deuxième raz-de-marée de la soirée : « Mask Machine ». Quelle claque ! On ne dirait pourtant pas que Flying Colors est en activité depuis presque deux heures et pourtant…la puissance de ce morceau fait mouche sur scène. C’est à se demander s’il ne fallait pas intervertir avec « Infinite Fire » pour le rappel. Non pas que ce dernier titre fut fade, mais après une telle bourrasque, il est difficile de ne pas faire la fine bouche. Quoi qu’il en soit pour la dernière date de la tournée, Flying Colors s’est fait plaisir et a fait plaisir, le tout dans une réelle communion. On en viendrait presque à oublier que le groupe n’a pas joué « Blue Ocean » et « All Falls Down » Saluons une nouvelle fois, John Wesley dont la prestation est à souligner. Une soirée conjuguée au presque parfait.