Empyrium - The Turn Of The Tides

Sorti le: 06/10/2014

Par Florent Canepa

Label: Prophecy Productions

Site: http://www.empyrium.de/

Un peu de retour aux sources n’a jamais fait de mal. Retour tout court d’ailleurs car il s’agit ici d’une reformation, le dernier album d’Empyrium datant de 2002, et le groupe fêtant aujourd’hui ses vingt années d’existence. On nous invite à redécouvrir un style musical qui peut sembler d’un autre âge, ici décliné à la sauce Dame Nature : la darkwave. Souvenez-vous, nous sommes dans les années quatre-vingt et pour parer aux trop proprettes et pimpantes chansons purement new wave, un mouvement néo-romantique (et souvent germanique) se crée pour résister à l’envahisseur pop. Un peu folk, un peu médiéval et surtout profondément sombre comme son nom l’indique, l’expression musicale dépasse vite les frontières stylistiques pour sonner très électronique, rock ou world selon ses ambassadeurs. On se souvient par exemple de Diary of Dreams dont Empyrium reprend quelques accentuations (pour l’aspect metal) ou Dead Can Dance qui semble aussi inspirer le groupe sur certains passages (le début d’« In the gutter of this spring »).

Il existe un certain nombre de petites originalités qui font de The Turns of the Tides une production hors des sentiers battus actuels (alors même que ces colonnes s’évertuent à en sortir quoiqu’il en soit). Tout d’abord le chant : médiéval, quasi grégorien, il traîne sa peine le long des morceaux, renforcé le cas échéant par quelques vocalises quasi black. Pas de doute, on ressent une vraie dimension religieuse dans ce donc sacro-saint empire (en latin dans le texte). Une autre chose à noter dans l’instrumentation est l’utilisation très puriste des cordes ou instruments nobles (« The Days before the fall »). Sans ostentation, la partition est jouée avec retenue, comme une symphonie humble. Et ces instruments prennent dans certains cas le premier plan, renforçant un peu plus la dimension liturgique. Proche aussi parfois d’un néo folk à la Death In June ou Ulver, en moins tordu. C’est d’ailleurs l’évolution naturelle d’un groupe qui, un peu comme un Opeth ou un Anathema, est passé de très metal dans sa jeunesse à très acoustique aujourd’hui. Se prenant parfois un peu pour un monstre doom comme Candlemass dans l’esprit mais restant profondément gothique dans l’exécution (le flamboyant et électrisant « With the current into the grey »).

A l’époque où un Woodkid dans un autre registre (et une autre dimension dans la production) excite la presse internationale et attire les foules, on peut se réjouir de voir ce type de musique ténébreuse continuer à s’épanouir. Ou à se flétrir si l’on veut rester fidèle à l’ambiance générale. La musique d’Empyrium s’exprime donc de belle manière et malgré le propos sombre qui y est rapporté, on trouve cela finalement très rafraîchissant.