Atomic Ape – Faut pas pousser le singe dans les tulipes

Le nom de Jason Schimmel est familier des lecteurs de Chromatique. Le multi-instrumentiste américain a fait partie de groupes qui ont les faveurs de notre webzine : Secret Chiefs 3, Estradasphere, Orange Tulip Conspiracy et aujourd’hui Atomic Ape.

Chromatique : Bonjour Jason. A Chromatique, nous sommes ravis de pouvoir nous entretenir avec toi. Quelles ont été tes activités depuis 2009 et la sortie d’ Orange Tulip Conspiracy ?
Jason Schimmel
: En 2009, à la suite de la sortie d’OTC, j’ai déménagé de Seattle à Los Angeles dans le but de poursuivre une carrière de compositeur pour le cinéma et la télévision. Depuis mon arrivée à Los Angeles, j’ai composé la musique de Walk-ins Welcome un long métrage indépendant. J’ai également composé celle de nombreuses publicités, joué comme guitariste de session, et ouvert mon propre studio d’enregistrement, « The Bunker ».

Orange Tulip Conspiracy est devenu Atomic Ape, avec un tout nouveau visuel, aux antipodes de son prédécesseur. Swarm sonne néanmoins comme la bande originale d’un film d’aventures palpitant, tout comme OTC. Quelles sont les raisons de ces changements ?
La raison la plus importante de ce changement est qu’OTC a initialement été formé à Seattle, et qu’il était composé uniquement de musiciens de Seattle. Une fois établi à Los Angeles, j’ai commencé à jouer avec une toute nouvelle communauté. Et lorsque j’ai formé un nouveau groupe là-bas, il ne restait pas un des artistes d’origine d’OTC. Ainsi est né Atomic Ape, une toute nouvelle formation avec de tout nouveaux membres. Cela m’a semblé plus sensé de l’appeler différemment. Bien que j’aie écrit toute la musique, j’ai vécu ça comme un nouveau projet, avec de nouvelles possibilités.

Swarmpossède une approche très cinématographique. Y a-t-il une histoire, un « concept » derrière ce disque ? Une sorte de suite à Orange Tulip Conspiracy ?
Swarm est un album très cinématographique car le cinéma est l’un des medium d’expression artistique qui m’influence le plus en tant que musicien et compositeur. Je suis très intéressé par la faculté que possède la musique de créer des images ou des histoires dans l’esprit des auditeurs sans faire percevoir quoi que ce soit de réellement visuel. Les réactions peuvent différer totalement pour chaque personne et c’est ce qui est si puissant. En tant que compositeur, j’essaie de faire en sorte que ma musique frappe chaque imagination individuelle, chaque noyau émotionnel. Swarm n’est pas vraiment un album conceptuel en soi, mais j’ai le sentiment que toutes les pièces sont interconnectées et tissées de telle manière qu’elles entraînent l’auditeur dans sa propre réalité subconsciente.

Il me semble que Swarm possède encore davantage d’influences jazz et balkano-orientales qu’OTC. Es-tu d’accord avec cela ? D’après toi, quelles sont les différences principales entre les deux albums ?
Je suis d’accord avec cette affirmation. Les genres tels que le jazz ou la musique des Balkans jouent un rôle important dans mon inspiration en tant que musicien et compositeur à travers toutes mes découvertes musicales. Swarm poursuit le développement de ce langage musical par rapport à OTC. Avec ce dernier, j’ai vraiment essayé d’expérimenter différents genres et tenté de les relier entre eux à l’aide de thèmes communs et des styles de productions. Avec Swarm j’ai essayé de mettre l’accent sur la vision globale du projet tout en conservant le côté imprévisible de la musique. J’ai passé beaucoup plus de temps aussi à réenregistrer et à peaufiner les compositions. J’ai accordé plus d’importance à la production et au mixage, notamment en ce qui concerne l’utilisation d’effets vintage, le mixage sur bande analogique, en utilisant de la réverbération à plaque et de vraies chambres d’écho. Mon but était d’obtenir un son « à l’ancienne », comme quelque chose que vous auriez pu entendre dans un film des années soixante ou un disque de prog des années soixante-dix.

Les instruments utilisés sur Swarm sont nombreux et très différents. Comment allez-vous gérer cela sur scène ?
Il est vrai qu’il y a plus de vingt-cinq instruments différents sur l’album. Pour les concerts, nous essayons de mettre en avant les aspects majeurs des compositions, à savoir les mélodies, les harmonies, les improvisations et les structures rythmiques. Evidemment, nous ne pouvons reproduire tout ce qu’on entend sur l’album, ce serait quasiment impossible, sauf si nous disposions de quinze musiciens sur scène ! Nous nous produisons régulièrement sous forme d’un quintette avec guitare, bouzouki, saxophone, trompette, basse et batterie. Nous faisons de notre mieux pour faire vivre l’essence des compositions bien que nous ne disposions que d’une partie de ce qui a été utilisé pour l’enregistrement de l’album.

Parle-nous de ton background musical. Quel genre de musique écoutes-tu ? Quels sont tes artistes favoris ?
Mon background musical est construit sur le rock, le jazz et la musique classique principalement, mais j’écoute aussi et suis influencé par les musiques du monde, la musique de film, le metal, l’électro, la musique expérimentale et d’avant-garde. Presque tout ce que je compose est basé sur de l’improvisation ou de l’expérimentation sonore. Ma méthode, c’est l’essai et l’erreur. Je ne sais jamais à l’avance ce qui va naître du processus avant qu’il ne démarre, et à chaque fois, c’est quelque chose de complètement différent qui me mène au but. Il m’est très difficile de lister mes artistes favoris car ils sont nombreux, mais en voici quelques-uns qui m’ont influencé : Ennio Morricone, Lalo Schifrin, Bernard Herrmann, Nino Rota, John Zorn, Jerry Goldsmith, Ivo Papasov, Taraf de Haidouks, Fanfare Ciocarlia, Ravi Shankar, Django Reinhardt, Wes Montgomery, Miles Davis, et beaucoup d’autres.

Parlons un peu de tes projets parallèles. Il semblerait qu’Estradasphere ne soit plus. Pouvons-nous espérer une résurrection du groupe ?
Tous les membres d’Estradasphere sont des amis et restent en contact les uns avec les autres. La plupart des musiciens qui étaient impliqués dans le groupe ont décidé de suivre un autre chemin de carrière ou familial, les chances de réunion sont donc très minces à l’heure actuelle.

Tu fais également partie du Secret Chiefs 3 de Trey Spruance, qui a récemment sorti Book Of Souls: Folio A. Comment définirais-tu la musique de Secret Chiefs 3 par comparaison avec celle d’Atomic Ape ?
C’est une question ardue. J’ai tellement de respect pour la musique de Trey qu’il m’est vraiment difficile de faire des comparaisons. Je pense que nous sommes influencés par les mêmes artistes et groupes mais avons des approches de composition différentes. Avec Swarm, j’ai vraiment essayé de créer des compositions qui utilisent de nombreuses techniques de productions en studio, ce que maîtrise parfaitement Trey, mais en même temps j’ai voulu faire un disque qui sonne comme un groupe jouant sur scène.

Hormis la promotion de Swarm, quels sont tes projets immédiats ?
Actuellement, je travaille sur un autre album d’Atomic Ape que j’espère avoir fini d’ici fin 2015. J’ai également très envie de réaliser la musique d’un autre long métrage, je suis donc sur le point de travailler avec quelques réalisateurs de Los Angeles. Atomic Ape vient de finir une tournée avec Secret Chiefs 3 le mois dernier et le groupe prévoit de tourner davantage, plus tard dans l’année.

As-tu quelque chose à ajouter ? Un dernier mot pour les lecteurs de Chromatique ? Atomic Ape espère jouer en France et dans le reste de l’Europe dans le futur. Etant donné que mon style de composition possède une esthétique et de fortes influences européennes, il serait incroyable de jouer devant un public réceptif à ce type de musique. Merci à tous les auditeurs et supporteurs, et gardez un œil sur nous pour davantage de musique et de concerts à venir.