Miriodor - Cobra Fakir

Sorti le: 19/01/2014

Par Christophe Manhès

Label: Cuneiform Records

Site: www.miriodor.com

 

Distribué par Orkhestra.

Miriodor… un nom qui sonne comme une citée perdue dans un roman de Tolkien. Rien d’étonnant à cela quand nous écoutons ces Canadiens à l’imagination débordante. Pourtant il ne faut pas croire que la musique des Miriodor verse dans de niaises kitscheries heroic fantasy. Lancé dans l’aventure discographique en 1986, il leur a fallu une bonne dizaine d’années pour planter définitivement l’excentricité de leur décor et démontrer qu’ils sont avant tout une formation moderne d’avant-rock instrumental. D’ailleurs, depuis 1996 et leurs fameuses Jongleries élastiques, Miriodor surplombe la majorité de la production post-progressive en n’oubliant jamais de rester aussi aventureux qu’accessible. Un modèle que seuls des groupes aussi exceptionnels qu’Univers Zéro et Présent ont su maintenir tout au long de leurs carrières.

Venons en à ce Cobra Fakir, huitième album du groupe, œuvre complexe et virtuose dont il faut dompter à la première écoute le caractère déroutant. Moins hétérogène que les précédents, on devine que le départ en plein enregistrement de leur bassiste — rôle finalement assumé par leur guitariste, Bernard Falaise — a eu quelques conséquences. Comme à quelque chose malheur est bon, cette situation inédite semble avoir forcé le trio restant à trouver de nouvelles inspirations. Elles seront ici surtout puisées dans les ressources electros audacieuses des claviers de Pascal Globensky donnant au disque un lustre certes parfois plus abrupt que par le passé, mais aussi bien plus novateur (les deux merveilleuses pièces finales « Space Cowboy » et « Experience 7 »). Subtil, délicieusement torsadé, Cobra Fakir devient rapidement un bain de jouvence et laisse entrevoir pour Miriodor de fascinantes perspectives où, comme toujours, la beauté simple et débonnaire de leurs mélodies se mélange parfaitement à d’insidieuses diableries. Une fois de plus s’échappe de leur théâtre cette fascination que l’on éprouve devant un grand coffre magique et dont nous ne savons trop si, en l’ouvrant, on n’a pas eu tort d’en laisser s’évader les maléfices.

Nous ne serons probablement jamais en mesure de dire si la musique des Miriodor est dérangeante ou gaie, si c’est la part d’ombre des rêves élastiques qui les intéressent ou bien alors la lueur des enchantements coincés dans leurs esprits épris d’ailleurs. Peu importe, car ce formidable Cobra Fakir incarne quelque chose d’unique qui fait l’essence du groupe. Entre brillantes circonvolutions passées à la Happy the Man, chemins contemporains et aventureux proches de L’Homme Approximatif de Palomo Vinuesa, nos Canadiens se sont payés le luxe de se réinventer tout en restant eux-mêmes. Le tout avec une classe savante qui laisse franchement admiratif.

 

Distribué par Orkhestra.

Miriodor… un nom qui sonne comme une citée perdue dans un roman de Tolkien. Rien d’étonnant à cela quand nous écoutons ces Canadiens à l’imagination débordante. Pourtant il ne faut pas croire que la musique des Miriodor verse dans de niaises kitscheries heroic fantasy. Lancé dans l’aventure discographique en 1986, il leur a fallu une bonne dizaine d’années pour planter définitivement l’excentricité de leur décor et démontrer qu’ils sont avant tout une formation moderne d’avant-rock instrumental. D’ailleurs, depuis 1996 et leurs fameuses Jongleries élastiques, Miriodor surplombe la majorité de la production post-progressive en n’oubliant jamais de rester aussi aventureux qu’accessible. Un modèle que seuls des groupes aussi exceptionnels qu’Univers Zéro et Présent ont su maintenir tout au long de leurs carrières.

Venons en à ce Cobra Fakir, huitième album du groupe, œuvre complexe et virtuose dont il faut dompter à la première écoute le caractère déroutant. Moins hétérogène que les précédents, on devine que le départ en plein enregistrement de leur bassiste — rôle finalement assumé par leur guitariste, Bernard Falaise — a eu quelques conséquences. Comme à quelque chose malheur est bon, cette situation inédite semble avoir forcé le trio restant à trouver de nouvelles inspirations. Elles seront ici surtout puisées dans les ressources electros audacieuses des claviers de Pascal Globensky donnant au disque un lustre certes parfois plus abrupt que par le passé, mais aussi bien plus novateur (les deux merveilleuses pièces finales « Space Cowboy » et « Experience 7 »). Subtil, délicieusement torsadé, Cobra Fakir devient rapidement un bain de jouvence et laisse entrevoir pour Miriodor de fascinantes perspectives où, comme toujours, la beauté simple et débonnaire de leurs mélodies se mélange parfaitement à d’insidieuses diableries. Une fois de plus s’échappe de leur théâtre cette fascination que l’on éprouve devant un grand coffre magique et dont nous ne savons trop si, en l’ouvrant, on n’a pas eu tort d’en laisser s’évader les maléfices.

Nous ne serons probablement jamais en mesure de dire si la musique des Miriodor est dérangeante ou gaie, si c’est la part d’ombre des rêves élastiques qui les intéressent ou bien alors la lueur des enchantements coincés dans leurs esprits épris d’ailleurs. Peu importe, car ce formidable Cobra Fakir incarne quelque chose d’unique qui fait l’essence du groupe. Entre brillantes circonvolutions passées à la Happy the Man, chemins contemporains et aventureux proches de L’Homme Approximatif de Palomo Vinuesa, nos Canadiens se sont payés le luxe de se réinventer tout en restant eux-mêmes. Le tout avec une classe savante qui laisse franchement admiratif.

 

Distribué par Orkhestra.