Curtis Hasselbring - Number Stations

Sorti le: 22/10/2013

Par Aleksandr Lézy

Label: Cuneiform Records

Site: http://www.curha.com

N’y allons pas par quatre chemins, la réunion de bons musiciens contribue souvent à la bonne teneur d’un résultat, et possède avant que l’on en ait écouté une seule note ce goût alléchant et ce côté prometteur, malheureusement rarement mis à profit. Entre les deux, notre cœur balance. Curtis Hasselbring, a su, au-delà de la difficulté pour un tromboniste de composer de la musique, diriger un ensemble de six musiciens réputés sur la scène jazz underground new-yorkaise, et répondre à des critères sacrés pour l’aficionado ou même le puriste en mal de renouvellement.

Le New Mellow Edwards, composé notamment de Trevor Dunn à la basse, Chris Speed au saxophone ténor et Satoshi Takeishi à la batterie pour ne citer qu’eux, transmettent les compositions avec ferveur. Malgré quelques zones d’ombre et de passages sentant le manque et la souffrance d’inspiration, la bonne entente s’exprime. Hasselbring ne se taille pas la part belle et laisse parler les autres musiciens. Du coup, mis en retrait, une impression de retenue se fait aussi ressentir de la part de ces derniers face à la rigueur de la partition. Peu de moments d’excitation bien que la tension soit à chaque fois très proche de l’implosion. On pense notamment dans ces moments-là aux musiques de film de Henry Mancini ou Bernard Herrmann. L’instrumentation et l’orchestration marchent sur les traces des Mothers of invention et du Art Ensemble of Chicago. Matt Moran, au vibraphone et au marimba arrive à lui seul à développer une atmosphère intrigante et élégante à la fois, rehaussant le niveau de jeu installé.

Number Stations est un album mystérieux, vibrant et mélodique. Cependant, par son manque de prises de risques et de rebondissements et malgré une ribambelle d’excellents musiciens, les choix faits par Hasselbring ne se révèlent pas toujours judicieux. Un bon moment de musique tout de même, ne serait-ce que pour le long « First Bus To Bismarck » et le court « Avoid Sprinter ».