Toto

08/07/2013

Zénith - Paris

Par Dan Tordjman

Photos:

Marjorie Coulin

Site du groupe : www.totoofficial.com

Setlist :

On The Run / Goodbye Elenore / Goin’ Home / Hydra / Saint-George & The Dragon / I’ll Be Over You / It’s A Feeling / Rosanna / I Won’t Hold You Back / Wings Of Time / Falling In Between / 99 / Pamela / White Sister / How Many Times / Better World / Hold The Line / Africa / Stop Loving You // Rappel : Home Of The Brave

David Paich l’avait annoncé dans nos colonnes : ce concert de Toto restera dans les mémoires. Avec des titres inattendus et d’autres surprises, le claviériste et ses acolytes ont-ils tenu parole ?

Le Zénith est à priori plein comme un œuf ce soir. Désagréable surprise à notre arrivée : la fosse est remplie de sièges. Cela nous fait forcément réfléchir : Toto est-il un groupe de « vieux  » ? On aimerait forcément penser le contraire mais il n’est pas question de « transmission de père en fils », en dépit de quelques silhouettes juvéniles ici et là. Qu’à cela ne tienne, ce soir les aficionados de Toto ont rendez-vous avec leurs idoles pour souffler les trente-cinq bougies du groupe. Ne nous attardons pas sur Izaya, la première partie pourtant sympathique dont les voix a priori enchanteresses et pleines d’émotion eurent vite fait d’agacer l’auditoire.

La ponctualité est, paraît-il, démodée de nos jours, mais c’est visiblement une valeur à laquelle Toto tient. C’est donc à vingt et une heures pile que Simon Phillips donne ses premiers coups de baguettes, suivi de ses compères pour un medley endiablé : « On The Run / Goodbye Elenorz ». Le ton est donné. Délesté de quelques kilos superflus, Joseph Williams est en pleine forme vocale, de même que David Paich que nous n’avions, de mémoire, jamais vu aussi déchaîné : l’artiste n’hésite pas à quitter momentanément ses claviers pour chauffer les premiers rangs. Vocalement, le bonhomme a aussi rechargé les batteries, témoin ce « Hydra » mémorable. On n’est plus en présence de cet ersatz de Yogi l’Ours présent sur le Live In Amsterdam. C’est un autre homme, et nous n’allons sûrement pas nous en plaindre. Alors, une tournée d’anniversaire implique forcément la notion de plaisir et un peu d’égoïsme. Nous aurons droit à quatre titres d’Hydra dont le mythique « Saint-George & The Dragon ». Avec tout le respect dû à Bobby Kimball, c’est quand même autre chose avec Joseph Williams. Même Steve Lukather, que nous suivons pourtant depuis des années, est intenable d’enthousiasme : jamais le bougre ne nous a paru autant au taquet. Derrière lui, aux commandes de son char d’assaut, Simon Phillips est toujours aussi précis de mise en place et forme avec un Nathan East tout en discrétion une section rythmique d’enfer.

Vint alors la première accalmie avec « I’ll Be Over You » et « It’s A Feeling » pour lequel l’expression « ressorti du grenier » prend tout son sens. N’y voyez pas d’hérésie ici, mais nous ne attarderons pas sur l’inévitable « Rosanna », afin de pleinement apprécier les yeux fermés « Wings Of Time » dédié à la mémoire de Feu-Jeff Porcaro disparu il y a maintenant vingt et un ans. La séquence recueillement prend fin avec un enchaînement « 99 », « Pamela » et « White Sister » rock à souhait ! Ce titre est un régal pour les oreilles. Les plus progueux du public ont également pu se délecter de « Better World » parfait pour servir « Hold The Line » et « Africa » toujours repris en cœur par le public, quel qu’il soit.

Les minutes défilent et les titres s’enfilent comme des perles, cela fait déjà deux heures que Toto est sur scène et après un solo dantesque (il y en fallait bien un, non ?) de Simon Phillips sur « Stop Loving You  », la scène se voit désertée par ses maîtres d’un soir avant d’être à nouveau investie pour un rappel avec « Home Of The Brave ». Ce fut le point final d’une soirée exceptionnelle au cours de laquelle on a pu mesurer l’importance de la complicité entre le groupe et la capitale, bien qu’elle ne soit plus à démontrer depuis des années. C’est sûr, Toto a deux amours : son pays et Paris.