Semantic Saturation - Solipsistic

Sorti le: 03/06/2013

Par Jean-Philippe Haas

Label: Autoproduction

Site: www.shanthagopian.com

Qui a osé prétendre qu’il n’était plus très sensé aujourd’hui de sortir des albums de metal progressif à l’ancienne ? Certainement pas Shant Hagopian. Le guitar hero canadien d’origine syrienne s’est en effet lancé dans cette aventure un peu anachronique avec l’aide de quelques vieux renards du genre : Virgil Donati à la batterie, Derek Sherinian aux claviers et Andy Kuntz, invité au chant sur « What if We All Stop ? ». Ric Fierabracci à la basse complète un dispositif assez impressionnant sur le papier.

Dans les faits, Solipsistic est un catalogue quasi exhaustif de ce qui peut se faire en la matière : riffs pesants, bravoure instrumentale, mélodies acérées, technicité ostentatoire. Le maître d’œuvre est bien entendu le centre de tous les débats, éclairant de la lumière de ses six cordes les reliefs changeants d’un paysage urbain où Kiko Loureiro croise régulièrement John Petrucci. Ses compères, pas complètement relégués aux rôles de faire-valoir mais presque, ornent de leurs armoiries le blason de la maison Hagopian. Peut-être alors s’agit-il de l’agencement des titres, d’une production trop propre ou tout simplement d’une saturation (sémantique) de nos tympans, nourris à l’excès aux forfanteries de Dream Theater ? Toujours est-il qu’on baisse le pavillon (de nos oreilles) assez rapidement, malgré l’énorme bonne volonté que manifestent le guitariste et ses acolytes. Si l’ami brésilien cité plus haut est capable, de ses doigts véloces, de nous tenir en haleine durant près d’une heure, c’est sans doute aussi qu’il combine efficacité et variété des rythmes, tandis qu’Hagopian reste souvent sur du mid-tempo et peine parfois à aller à l’essentiel. Un peu plus de concision, comme sur « Armchair Activist » eût ainsi été de bon aloi, même si finir un album instrumental sur un long titre chanté par Andy Kuntz permet de mieux faire passer la pilule.

D’un autre âge, Solipsistic n’en contentera pas moins les (nombreux) nostalgiques d’une époque, pas si lointaine, où le metal prog à papa croissait et multipliait.