Riverside + Jolly

11/04/2013

Divan du Monde - Paris

Par Dan Tordjman

Photos:

Marjorie Coulin

Site du groupe :

Setlist :

New Generation Slave / The Depth of Self-Delusion / Feel Like Falling / Driven To Destruction / Living In The Past / 02 Panic Room (Epilogue) / We Got Used To Us / Egoist Hedonist / Escalator Shrine // Rappel : Left Out // Second Rappel : Celebrity Touch / Conceiving You

C’est un mois de mars pour le moins chargé. Après les passages de Neal Morse, Biffy Clyro et Steven Wilson, c’est au tour de Riverside de venir se rappeler à notre bon souvenir accompagnés pour l’occasion de Jolly et Dianoya. Retour sur une soirée riche en intensité.

Effectivement. C’est bien le terme le plus approprié pour ce reportage et ce malgré un début de soirée et une journée pénibles. Il faut savoir que le bus de Riverside et Dianoya a eu un accident sur le trajet le menant à Paris. Du coup, les trois groupes n’ont eu le droit qu’au strict minimum lors des balances… Et ça se ressent lorsque Dianoya monte sur scène. Si les trois musiciens sont bien en place, le soufflé retombe très vite à l’arrivée du chanteur dont le statisme aura vite fait d’en saouler quelques uns dans l’auditoire. Qu’à cela ne tienne, l’intérêt remonte vite au moment où Jolly arpente la scène du Divan du Monde. Dès les premières secondes du « Storytime », on devine que les New Yorkais jouent le jeu de séduction avec le public français et c’est clair : le charme agit aussitôt qu’Anadale opère au chant à la manière d’un Mike Patton avec Faith No More. Le vocaliste se veut très charismatique, enjoleur et n’a pas besoin de forcer en rajoutant des speeches inutiles tant la connexion entre le groupe et le public est facilement établie. Le ton se durcit immédiatement avec le tellurique « Firewell ». Le temps est hélas compté pour Jolly et ça, les Américains l’ont compris. C’est pourquoi dans leur barillet ce soir, ils ont placé les meilleurs balles extraites du dyptique The Audio Guide Of Happiness. C’est donc sans surprise – et avec beaucoup de plaisir – que l’on eut droit à « Where’s Everything Perfect » et un « Dust Nation Bleak » au refrain fédérateur, repris en chœur par le public. Vint alors la séquence émotion qui vit Louis Abramson s’échapper quelques instants de sa batterie pour remercier chaleureusement tous les fans qui ont répondu à l’appel de fonds fait par Jolly suite au passage de l’ouragan Sandy sur la Cote Est des Etats-Unis. Visiblement marqué par cet élan de générosité, le batteur s’en va finalement reprendre sa place pour clore avec ses acolytes un set mené de main de maître. Et c’est « The Pattern » qui s’y colle et le choix s’avère parfait. Mission accomplie pour Jolly qui a sans aucun doute gagné de nombreux nouveaux fans. Gageons qu’à leur prochain passage il n’y aura pas que trente-cinq personnes présentes dans la fosse comme ce fut hélas le cas au Glaz’Art l’an dernier.

Après l’ouragan Jolly (sic), Il nous faut bien redescendre sur terre. Ce soir, c’est bien Riverside que le public est venu applaudir. Dix ans se sont écoulées depuis la sortie d’Out Of Myself et il est pas surprenant de constater la maturité gagnée par les Polonais au fil des années. Leur nouveau-né Shrine Of New Generation Slaves, SONGS pour les intimes, est une réussite et c’est donc avec « New Generation Slave  » que les festivités (ou hostilités, au choix) débutent. Le décor est lancé : Marivsz Duda est en forme tandis que Michal Lapaj se lache littéralement sur son hammond en pondant un solo dont Feu-Jon Lord ne serait pas peu fier. La part belle est donc faite au nouvel album puisque sept des huit titres qui le composent sont joués ce soir et le groupe s’autorise des libertés en rallongeant les titres avec quelques impros goûtues notamment du côté de Duda.

Un peu de déception subsiste néanmoins pour ceux qui sont fans des premières productions du groupe et espéraient entendre des pavés comme « Parasomnia » ou « Second Life Syndrome ». Riverside voudrait-il faire passer le message attestant que cette période est révolue ? La majorité du set est articulée autour de SONGS et Anno Domini High Definition, deux albums résolument plus heavy qui ont eu du mal à être acceptés par une partie des fans. Mais bizarrement, ce soir tout passe comme une lettre à la poste, témoin « Escalator Shrine » et, surprise, « Living In The Past », extrait du EP Memories In My Head. La soirée est d’une rare intensité, nous avons droit à un premier rappel composé de « Left Out » avant de constater une nouvelle fois que la générosité fait partie du vocabulaire de Marivsz Duda et sa bande puisqu’ils reviennent une deuxième fois pour présenter leur « hommage » à Deep Purple sous la forme de « Celebrity Touch » avant de conclure sur le classique qu’on n’espérait plus : « Conceiving You ». En disséminant ainsi quelques grammes de finesse pour mettre fin à une soirée pour le moins agitée, Riverside a une nouvelle fois maîtrisé son sujet et captivé son auditoire. Pouvait-il en être autrement ?