Nik Bärtsch's Ronin - Live

Dans l’univers des fluides soniques du jazz contemporain, il existe une bulle qui évolue de manière singulière. Une zone de groove absolu où la liberté rythmique est totale, où les instruments se répètent des motifs, qui, pris à part, paraissent anodins mais une fois surimposés les uns aux autres, se décalent, jouent au chat et à la souris, puis prennent tout leur sens. A ce concept de musique répétitive, emprunté à Steve Reich, Nik Bärtsch, pianiste visionnaire, a adjoint une vision architecturale de la musique. Des hasards et des rencontres entre les instruments naissent des moments de pure folie rythmique, de transe contagieuse en perpétuelle évolution.

Ronin, office d’exécution des ordres du capitaine Nik, est un groupe qui transforme les idées les plus folles en réalité musicale. Fier de ses six membres rompus au jazz moderne, le mercenaire nippon est, par essence, une bête de groove. Par des modifications de métriques et des contrastes dynamiques abasourdissants, il provoque l’exaltation des corps durant les concerts. Certains perçoivent de l’afro-cubain, du funk, de la drum’n’bass, d’autres de l’électronique… L’amateur de musique progressive pur jus reconnaîtra des textures post-stravinskyennes dignes d’Univers Zéro.

Mais Nik sait maintenir son navire suffisamment proche du point de rencontre de toutes les transes afin d’entretenir une ambiguïté permanente qui au final définit le style du Ronin. Le matériau sonore de base se trouve ici enrichi d’éléments de mélodies issus d’interventions de solistes, qui tirent tous leur épingle du jeu. Ce live est l’occasion rêvée de découvrir ce groupe qui, au fil des albums et d’une expérience de scène riche de plusieurs centaines de dates, s’est taillé une réputation d’OVNI inclassable et palpitant. Esbjörn Svensson peut dormir tranquille, le jazz moderne possède maintenant une nouvelle tête chercheuse qui, n’en déplaise à certains, ne sait s’exprimer que par néologisme.