Jonas Renkse (Katatonia) – Rencontre avec le roi


Chromatique : Après Night is the new day, qui a remporté un grand succès critique, comment avez-vous abordé l’écriture et la réalisation de Dead End Kings ?

Jonas Renkse : C’est un peu de pression mais on essaye de ne pas y penser. Lorsque l’on attaque l’écriture, c’est comme si on ne pensait qu’à la musique et pas au monde extérieur. Tu te perds dans le processus créatif. Je pensais que cela aurait été un plus gros problème que ça ne l’a effectivement été. Tout a été vraiment intense, au moment de l’enregistrement. Généralement, c’est le moment où l’on arrête d’écouter de la musique et où l’on se concentre sur la nôtre.

Vous avez enregistré à Ghost World Studio, un lieu assez particulier…
Oui, le studio se situe dans un endroit assez discret pour ne pas dire paumé. Je n’aimerais pas y aller pour autre chose qu’enregistrer un album. C’est au sous sol d’un building qui accueille à peu près tout ce qui se fait en termes de marginaux, sans abris… Cela donne une atmosphère un peu étrange, avec des gens très bizarres. Mais, en fait c’était mieux comme ça, cela donnait un contexte. Lors de l’enregistrement de l’avant-dernier album, on a d’ailleurs regardé un reportage à la télé sur l’endroit. Il montrait qu’il y avait pas mal de prostituées, de trafiquants de drogue au sein de l’immeuble. Du coup, il y en avait un peu moins quand on y est retourné, à cause du reportage. Il y avait moins d’incendies et d’excréments sur le sol !

Quels sont les thèmes principaux de ce nouvel album, musicalement parlant et au niveau des textes ?
C’est dans le même esprit que le dernier et d’ailleurs d’à peu près tout ce que nous avons fait jusqu’ici. On essaye de dépeindre les aspects sombres du quotidien. Pas de surnaturel, pas de donjons et de dragons, quelque chose de très terre à terre. C’est le cas aussi de notre musique, plutôt sombre et atmosphérique. Je veux que les deux, musiques et paroles, aillent toujours ensemble. Pas de concept album donc, mais tout est lié, la musique, les textes, l’artwork. Souvent, je ne complète les paroles qu’avant d’avoir terminé la musique, qui elle, pour le coup, change tout le temps dans le processus.

Que dirais-tu aux fans de Katatonia ? Que vont-ils découvrir sur ce nouvel album ?
Qu’il va complètement avec le précédent. C’est le même style, tout en essayant de faire mieux bien sûr au niveau de la production, la composition, des arrangements… Je ne suis pas sûr que nous avons réussi mais je le pense. Je suis assez content des voix.

S’occuper de la production aussi, c’est un challenge ?
Cela va de soi pour nous. C’est une pression supplémentaire, mais on sait, ou du moins on veut décider de notre son. On le fait avec David Castillo, qui, lui, bouge les boutons et prend du recul par rapport à tout ça pour adapter l’ambiance et la dynamique selon les morceaux. C’est la suite du processus de composition. C’est sûr, cela prend du temps mais pour nous c’est une partie très excitante, pas du tout ennuyeuse.

Le corbeau est de retour…
Il a toujours été là ! On fait souvent référence aux oiseaux en général dans nos chansons. Il reste un compagnon, un ami un peu sombre qui fait planer sa présence. On est allé un peu plus loin : on a créé cet être mi-homme mi-oiseau qui déambule dans les bois, il est complètement surréaliste, les proportions ne sont pas respectées. Encore une fois, l’aspect graphique va de pair avec le reste. Travis Smith, qui est notre illustrateur depuis quelques temps maintenant, devient quasiment le sixième membre du groupe quand nous démarrons un album. C’est un génie, il arrive toujours avec quelque chose de nouveau.

Comment avez vous décidé d’inviter Silje Wergeland (actuelle chanteuse de The Gathering) sur Dead End Kings ?
On l’a rencontrée à différents moments. Notamment lorsque nous avons partagé l’affiche avec The Gathering. Elle vient de Norvège, nous de Suède, il y a des connections. La dernière fois qu’on l’a vue c’était en Hollande et nous avions alors commencé à parler de collaboration. Quand nous avons créé le morceau, nous avons pris conscience qu’il y avait de l’espace pour quelque chose de différent. C’est une super chanteuse et c’est aussi la première fois depuis vingt ans que nous en avons une au sein de Katatonia. J’aime l’idée. Nous n’en avons pas abusé non plus, cela ajoute au morceau, c’est sûr. On verra si on continue, je ne veux pas rajouter des invités pour le plaisir. Là, cela avait totalement sa place.

Quand on écoute The racing heart, on y trouve des accents plus progressifs. C’est un qualificatif dans lequel tu te retrouves ?
Bien sûr, car la progression c’est positif. On n’est pas du tout dans le registre de Dream Theater mais on peut être progressif de plein de façons différentes. Et je pense que nous le sommes car on essaye toujours de faire évoluer notre musique, notre son. Nous ne sommes manifestement pas AC/DC, je n’ai rien contre eux d’ailleurs, mais nous sommes différents.

Vous faites une tournée avec Devin Townsend aux Etats-Unis ce mois-ci, en septembre, baptisée Epic Kings and Idols Tour (!). L’Europe pourra-t-elle découvrir cette étrange association ?
J’aurais beaucoup aimé. Nous viendrons en Europe bien sûr mais pas avec Devin Townsend. Nous avons le même management et c’est lui qui a eu l’idée, je pense que c’est bien car les deux formations représentent quelque chose de fort, même si le style est très différent. Devin est fou, mais son nouvel album est très épique et atmosphérique. Il est très cool donc j’ai hâte. On viendra en Europe à la fin de l’année.

Que penses-tu de Storm Corrosion ?
Je l’ai écouté, je n’avais pas vu Mike depuis longtemps, c’est lui qui me l’a donné. Je trouve ça totalement génial, très étonnant, c’est vraiment inédit de naviguer entre ces ambiances sonores. Les voix sont très travaillées et c’est peut être la partie la plus impressionnante, ce qui n’est pas pour me déplaire. J’aime encore plus la musique fondée sur les voix, car il y a quelque chose de vraiment naturel, organique. Je suis aussi très attentif aux paroles. Je n’ai pas écouté beaucoup de choses ces derniers temps, mais je reviens toujours à des artistes comme Mark Kozelek, auteur américain que j’affectionne. Il était membre des Red House Painters et a désormais un nouveau groupe, Sun Kil Moon, qui est probablement l’un de mes préférés ces dernières années.

La question stupide. Katatonia c’est un corbeau, les aspects sombres de la nature humaine, une musique lourde et parfois dépressive… Vous êtes quand même heureux dans la vie ?
Mais oui ! Notamment grâce au groupe, à ma famille. Il y a des périodes où je me sens plus sombre, c’est ce qui inspire ma musique. Je ne suis pas un gai luron non plus mais si on parle en général, on peut dire que oui, je suis heureux.

Dans la parfaite lignée de son album précédent, Katatonia explore les recoins sombres de l’âme humaine sur Dead End Kings. Rendez-vous avec son chanteur et sa tête pensante, le flegmatique Jonas Renkse qui nous détaille ici les tenants et aboutissants de la bête. Comme un corbeau à l’allure grave dont le regard s’illumine parfois au souvenir du son frivole des Red House Painters.


Chromatique : Après Night is the new day, qui a remporté un grand succès critique, comment avez-vous abordé l’écriture et la réalisation de Dead End Kings ?

Jonas Renkse : C’est un peu de pression mais on essaye de ne pas y penser. Lorsque l’on attaque l’écriture, c’est comme si on ne pensait qu’à la musique et pas au monde extérieur. Tu te perds dans le processus créatif. Je pensais que cela aurait été un plus gros problème que ça ne l’a effectivement été. Tout a été vraiment intense, au moment de l’enregistrement. Généralement, c’est le moment où l’on arrête d’écouter de la musique et où l’on se concentre sur la nôtre.

Vous avez enregistré à Ghost World Studio, un lieu assez particulier…
Oui, le studio se situe dans un endroit assez discret pour ne pas dire paumé. Je n’aimerais pas y aller pour autre chose qu’enregistrer un album. C’est au sous sol d’un building qui accueille à peu près tout ce qui se fait en termes de marginaux, sans abris… Cela donne une atmosphère un peu étrange, avec des gens très bizarres. Mais, en fait c’était mieux comme ça, cela donnait un contexte. Lors de l’enregistrement de l’avant-dernier album, on a d’ailleurs regardé un reportage à la télé sur l’endroit. Il montrait qu’il y avait pas mal de prostituées, de trafiquants de drogue au sein de l’immeuble. Du coup, il y en avait un peu moins quand on y est retourné, à cause du reportage. Il y avait moins d’incendies et d’excréments sur le sol !

Quels sont les thèmes principaux de ce nouvel album, musicalement parlant et au niveau des textes ?
C’est dans le même esprit que le dernier et d’ailleurs d’à peu près tout ce que nous avons fait jusqu’ici. On essaye de dépeindre les aspects sombres du quotidien. Pas de surnaturel, pas de donjons et de dragons, quelque chose de très terre à terre. C’est le cas aussi de notre musique, plutôt sombre et atmosphérique. Je veux que les deux, musiques et paroles, aillent toujours ensemble. Pas de concept album donc, mais tout est lié, la musique, les textes, l’artwork. Souvent, je ne complète les paroles qu’avant d’avoir terminé la musique, qui elle, pour le coup, change tout le temps dans le processus.

Que dirais-tu aux fans de Katatonia ? Que vont-ils découvrir sur ce nouvel album ?
Qu’il va complètement avec le précédent. C’est le même style, tout en essayant de faire mieux bien sûr au niveau de la production, la composition, des arrangements… Je ne suis pas sûr que nous avons réussi mais je le pense. Je suis assez content des voix.

S’occuper de la production aussi, c’est un challenge ?
Cela va de soi pour nous. C’est une pression supplémentaire, mais on sait, ou du moins on veut décider de notre son. On le fait avec David Castillo, qui, lui, bouge les boutons et prend du recul par rapport à tout ça pour adapter l’ambiance et la dynamique selon les morceaux. C’est la suite du processus de composition. C’est sûr, cela prend du temps mais pour nous c’est une partie très excitante, pas du tout ennuyeuse.

Le corbeau est de retour…
Il a toujours été là ! On fait souvent référence aux oiseaux en général dans nos chansons. Il reste un compagnon, un ami un peu sombre qui fait planer sa présence. On est allé un peu plus loin : on a créé cet être mi-homme mi-oiseau qui déambule dans les bois, il est complètement surréaliste, les proportions ne sont pas respectées. Encore une fois, l’aspect graphique va de pair avec le reste. Travis Smith, qui est notre illustrateur depuis quelques temps maintenant, devient quasiment le sixième membre du groupe quand nous démarrons un album. C’est un génie, il arrive toujours avec quelque chose de nouveau.

Comment avez vous décidé d’inviter Silje Wergeland (actuelle chanteuse de The Gathering) sur Dead End Kings ?
On l’a rencontrée à différents moments. Notamment lorsque nous avons partagé l’affiche avec The Gathering. Elle vient de Norvège, nous de Suède, il y a des connections. La dernière fois qu’on l’a vue c’était en Hollande et nous avions alors commencé à parler de collaboration. Quand nous avons créé le morceau, nous avons pris conscience qu’il y avait de l’espace pour quelque chose de différent. C’est une super chanteuse et c’est aussi la première fois depuis vingt ans que nous en avons une au sein de Katatonia. J’aime l’idée. Nous n’en avons pas abusé non plus, cela ajoute au morceau, c’est sûr. On verra si on continue, je ne veux pas rajouter des invités pour le plaisir. Là, cela avait totalement sa place.

Quand on écoute The racing heart, on y trouve des accents plus progressifs. C’est un qualificatif dans lequel tu te retrouves ?
Bien sûr, car la progression c’est positif. On n’est pas du tout dans le registre de Dream Theater mais on peut être progressif de plein de façons différentes. Et je pense que nous le sommes car on essaye toujours de faire évoluer notre musique, notre son. Nous ne sommes manifestement pas AC/DC, je n’ai rien contre eux d’ailleurs, mais nous sommes différents.

Vous faites une tournée avec Devin Townsend aux Etats-Unis ce mois-ci, en septembre, baptisée Epic Kings and Idols Tour (!). L’Europe pourra-t-elle découvrir cette étrange association ?
J’aurais beaucoup aimé. Nous viendrons en Europe bien sûr mais pas avec Devin Townsend. Nous avons le même management et c’est lui qui a eu l’idée, je pense que c’est bien car les deux formations représentent quelque chose de fort, même si le style est très différent. Devin est fou, mais son nouvel album est très épique et atmosphérique. Il est très cool donc j’ai hâte. On viendra en Europe à la fin de l’année.

Que penses-tu de Storm Corrosion ?
Je l’ai écouté, je n’avais pas vu Mike depuis longtemps, c’est lui qui me l’a donné. Je trouve ça totalement génial, très étonnant, c’est vraiment inédit de naviguer entre ces ambiances sonores. Les voix sont très travaillées et c’est peut être la partie la plus impressionnante, ce qui n’est pas pour me déplaire. J’aime encore plus la musique fondée sur les voix, car il y a quelque chose de vraiment naturel, organique. Je suis aussi très attentif aux paroles. Je n’ai pas écouté beaucoup de choses ces derniers temps, mais je reviens toujours à des artistes comme Mark Kozelek, auteur américain que j’affectionne. Il était membre des Red House Painters et a désormais un nouveau groupe, Sun Kil Moon, qui est probablement l’un de mes préférés ces dernières années.

La question stupide. Katatonia c’est un corbeau, les aspects sombres de la nature humaine, une musique lourde et parfois dépressive… Vous êtes quand même heureux dans la vie ?
Mais oui ! Notamment grâce au groupe, à ma famille. Il y a des périodes où je me sens plus sombre, c’est ce qui inspire ma musique. Je ne suis pas un gai luron non plus mais si on parle en général, on peut dire que oui, je suis heureux.

Dans la parfaite lignée de son album précédent, Katatonia explore les recoins sombres de l’âme humaine sur Dead End Kings. Rendez-vous avec son chanteur et sa tête pensante, le flegmatique Jonas Renkse qui nous détaille ici les tenants et aboutissants de la bête. Comme un corbeau à l’allure grave dont le regard s’illumine parfois au souvenir du son frivole des Red House Painters.


Chromatique : Après Night is the new day, qui a remporté un grand succès critique, comment avez-vous abordé l’écriture et la réalisation de Dead End Kings ?

Jonas Renkse : C’est un peu de pression mais on essaye de ne pas y penser. Lorsque l’on attaque l’écriture, c’est comme si on ne pensait qu’à la musique et pas au monde extérieur. Tu te perds dans le processus créatif. Je pensais que cela aurait été un plus gros problème que ça ne l’a effectivement été. Tout a été vraiment intense, au moment de l’enregistrement. Généralement, c’est le moment où l’on arrête d’écouter de la musique et où l’on se concentre sur la nôtre.

Vous avez enregistré à Ghost World Studio, un lieu assez particulier…
Oui, le studio se situe dans un endroit assez discret pour ne pas dire paumé. Je n’aimerais pas y aller pour autre chose qu’enregistrer un album. C’est au sous sol d’un building qui accueille à peu près tout ce qui se fait en termes de marginaux, sans abris… Cela donne une atmosphère un peu étrange, avec des gens très bizarres. Mais, en fait c’était mieux comme ça, cela donnait un contexte. Lors de l’enregistrement de l’avant-dernier album, on a d’ailleurs regardé un reportage à la télé sur l’endroit. Il montrait qu’il y avait pas mal de prostituées, de trafiquants de drogue au sein de l’immeuble. Du coup, il y en avait un peu moins quand on y est retourné, à cause du reportage. Il y avait moins d’incendies et d’excréments sur le sol !

Quels sont les thèmes principaux de ce nouvel album, musicalement parlant et au niveau des textes ?
C’est dans le même esprit que le dernier et d’ailleurs d’à peu près tout ce que nous avons fait jusqu’ici. On essaye de dépeindre les aspects sombres du quotidien. Pas de surnaturel, pas de donjons et de dragons, quelque chose de très terre à terre. C’est le cas aussi de notre musique, plutôt sombre et atmosphérique. Je veux que les deux, musiques et paroles, aillent toujours ensemble. Pas de concept album donc, mais tout est lié, la musique, les textes, l’artwork. Souvent, je ne complète les paroles qu’avant d’avoir terminé la musique, qui elle, pour le coup, change tout le temps dans le processus.

Que dirais-tu aux fans de Katatonia ? Que vont-ils découvrir sur ce nouvel album ?
Qu’il va complètement avec le précédent. C’est le même style, tout en essayant de faire mieux bien sûr au niveau de la production, la composition, des arrangements… Je ne suis pas sûr que nous avons réussi mais je le pense. Je suis assez content des voix.

S’occuper de la production aussi, c’est un challenge ?
Cela va de soi pour nous. C’est une pression supplémentaire, mais on sait, ou du moins on veut décider de notre son. On le fait avec David Castillo, qui, lui, bouge les boutons et prend du recul par rapport à tout ça pour adapter l’ambiance et la dynamique selon les morceaux. C’est la suite du processus de composition. C’est sûr, cela prend du temps mais pour nous c’est une partie très excitante, pas du tout ennuyeuse.

Le corbeau est de retour…
Il a toujours été là ! On fait souvent référence aux oiseaux en général dans nos chansons. Il reste un compagnon, un ami un peu sombre qui fait planer sa présence. On est allé un peu plus loin : on a créé cet être mi-homme mi-oiseau qui déambule dans les bois, il est complètement surréaliste, les proportions ne sont pas respectées. Encore une fois, l’aspect graphique va de pair avec le reste. Travis Smith, qui est notre illustrateur depuis quelques temps maintenant, devient quasiment le sixième membre du groupe quand nous démarrons un album. C’est un génie, il arrive toujours avec quelque chose de nouveau.

Comment avez vous décidé d’inviter Silje Wergeland (actuelle chanteuse de The Gathering) sur Dead End Kings ?
On l’a rencontrée à différents moments. Notamment lorsque nous avons partagé l’affiche avec The Gathering. Elle vient de Norvège, nous de Suède, il y a des connections. La dernière fois qu’on l’a vue c’était en Hollande et nous avions alors commencé à parler de collaboration. Quand nous avons créé le morceau, nous avons pris conscience qu’il y avait de l’espace pour quelque chose de différent. C’est une super chanteuse et c’est aussi la première fois depuis vingt ans que nous en avons une au sein de Katatonia. J’aime l’idée. Nous n’en avons pas abusé non plus, cela ajoute au morceau, c’est sûr. On verra si on continue, je ne veux pas rajouter des invités pour le plaisir. Là, cela avait totalement sa place.

Quand on écoute The racing heart, on y trouve des accents plus progressifs. C’est un qualificatif dans lequel tu te retrouves ?
Bien sûr, car la progression c’est positif. On n’est pas du tout dans le registre de Dream Theater mais on peut être progressif de plein de façons différentes. Et je pense que nous le sommes car on essaye toujours de faire évoluer notre musique, notre son. Nous ne sommes manifestement pas AC/DC, je n’ai rien contre eux d’ailleurs, mais nous sommes différents.

Vous faites une tournée avec Devin Townsend aux Etats-Unis ce mois-ci, en septembre, baptisée Epic Kings and Idols Tour (!). L’Europe pourra-t-elle découvrir cette étrange association ?
J’aurais beaucoup aimé. Nous viendrons en Europe bien sûr mais pas avec Devin Townsend. Nous avons le même management et c’est lui qui a eu l’idée, je pense que c’est bien car les deux formations représentent quelque chose de fort, même si le style est très différent. Devin est fou, mais son nouvel album est très épique et atmosphérique. Il est très cool donc j’ai hâte. On viendra en Europe à la fin de l’année.

Que penses-tu de Storm Corrosion ?
Je l’ai écouté, je n’avais pas vu Mike depuis longtemps, c’est lui qui me l’a donné. Je trouve ça totalement génial, très étonnant, c’est vraiment inédit de naviguer entre ces ambiances sonores. Les voix sont très travaillées et c’est peut être la partie la plus impressionnante, ce qui n’est pas pour me déplaire. J’aime encore plus la musique fondée sur les voix, car il y a quelque chose de vraiment naturel, organique. Je suis aussi très attentif aux paroles. Je n’ai pas écouté beaucoup de choses ces derniers temps, mais je reviens toujours à des artistes comme Mark Kozelek, auteur américain que j’affectionne. Il était membre des Red House Painters et a désormais un nouveau groupe, Sun Kil Moon, qui est probablement l’un de mes préférés ces dernières années.

La question stupide. Katatonia c’est un corbeau, les aspects sombres de la nature humaine, une musique lourde et parfois dépressive… Vous êtes quand même heureux dans la vie ?
Mais oui ! Notamment grâce au groupe, à ma famille. Il y a des périodes où je me sens plus sombre, c’est ce qui inspire ma musique. Je ne suis pas un gai luron non plus mais si on parle en général, on peut dire que oui, je suis heureux.