Devin Townsend Project

27/06/2012

Forum - Vauréal

Par Marjorie Coulin

Photos:

Marjorie Coulin

Site du groupe : www.hevydevy.com

Setlist :

Truth / Regulator / Planet of the Apes / Deadhead / By Your Command / Life / Supercrush! / Kingdom / Juular / Vampira // Rappel: Color Your World / The Greys / Deep Peace

Devin Townsend a essayé de semer son public dans le Far West parisien, mais il lui en faut plus pour lâcher l’affaire ! Ce soir le Forum Vauréal affiche complet pour cette unique date française. Un an après la sortie des albums schizophrènes Ghost et Deconstruction, et alors qu’il sort tout juste de plusieurs semaines en studio pour l’enregistrement et le mixage d’Epicloud, le personnage se replonge abruptement dans le bain du live. Paris parviendra-t-il à le sortir un peu plus de son déphasage ? Il y a fort à parier !

Il y a tout juste un an, le Devin Townsend Project jouait à guichet fermé à la Maroquinerie. Devin Townsend avait alors assuré sa propre première partie, offrant à son public une sélection d’arrangements acoustiques du plus bel effet, façon originale de présenter le très calme Ghost sans avoir à couper le rythme du set électrique à venir. Ce soir cependant, la formule s’annonce plus classique car c’est au groupe parisien 6:33 (amputé d’Arno Strobl) d’assurer la première partie.

Confirmés deux petits jours avant la date, le cadeau offert à 6:33 est potentiellement empoisonné. C’est d’un côté une preuve de confiance de la part de l’organisation car le concert, depuis longtemps complet, ne nécessite pas de support. En revanche, faire face à la surprise d’une confirmation si tardive demande beaucoup d’aplomb.
Il n’empêche, leur tout frais EP Giggles, Garlands & Gallows en poche, en téléchargement gratuit jusqu’à il y a peu, avant une sortie physique à l’automne, les énergumènes débarquent sur scène garnis de masques de catch mexicain, Rorschach et autres Guy Fawkes. Le ton est donné. C’est d’ailleurs presque à dix-huit heures trente-trois que le groupe entame une demi-heure de délire metallo-n’importe-quoi-esque. On a vu meilleur son, mais les balances ont été tellement courtes qu’on leur pardonne. Le public, d’abord un peu décontenancé par cet OVNI aussi déjanté que la tête d’affiche qu’ils sont venus applaudir (c’était sans doute le but), accroche graduellement aux pitreries du chanteur et aux ambiances qui étonnent par leur variété et leur cohérence. La prestation est de qualité, 6:33 n’a pas à rougir de la dernière minute.

Devin Townsend nous avait habitués à ses interludes douzième degré sortis de l’espace. Ce soir, exit Ziltoïd Radio, car l’écran de projection de la salle nous permet un aperçu des diffusions de… Ziltoïd TV ! Les plus nerd d’entre nous auront repéré quelques uns des memes les plus barrés des Internets, entrecoupés de videoclips absurdes à la gloire de Ziltoïd The Omniscient (mention spéciale au cours de gym pour caniches, si si).

Les trois indétrônables comparses de Devin Townsend entrent alors en scène, suivi du monsieur lui-même sur le thème de… la Parade Electrique de Disney, puis passent aux choses (presque) sérieuses sur le tonitruant « Truth ». Si la fatigue est là, elle est en tous cas bien cachée. Ryan Van Poederooyen, Dave Young and Brian Waddell restent à leur habitude énergiques mais en retrait, laissant Devin Townsend concentrer l’attention sur lui. Ce dernier exploite d’ailleurs parfaitement la petite scène du forum Vauréal, tutoyant sans difficulté de son manche les premiers rangs à travers le minuscule pit.
Par sa setlist cette tournée se détache clairement de tout aspect promotionnel. Une grande variété d’albums est mise à l’honneur, toutes périodes confondues, de Ocean Machine à Deconstruction. Le public s’amuse à chanter les parties d’Anneke sur « Supercrush! » et une intensité particulière est atteinte avec l’efficace « Juular ». La marionnette Ziltoïd disponible au merch fait malicieusement son apparence dans la foule sur l’indéboulonnable « By Your Command ». L’écran de projection est en parallèle continuellement mis à contribution pour la diffusion de clips aussi déjantés que bien réalisés.

Devin Townsend trouve la tradition du rappel ridicule et il ne se gêne pas pour le dire alors que le set initial se termine sur « Vampira ». A peine un pied dehors et tout le monde revient pour trois titres supplémentaires, non sans que les musiciens aient été préalablement (extensivement et drôlement) présentés par Devin Townsend selon une tradition qu’il raillera elle aussi, bien entendu.

Un concert en totale en communion avec un public acquis, quoi de mieux pour se remettre dans le bain ? Rendez-vous est donné pour la sortie d’Epicloud en septembre !