Steel Panther

31/03/2012

Le Bataclan - Paris

Par Dan Tordjman

Photos:

Marjorie Coulin

Site du groupe : www.steelpantherrocks.com

Setlist :

In The Future (Intro) / Supersonic Sex Machine / Tomorrow Night / Fat Girl (Thar She Blows) / Asian Hooker / Just Like Tiger Woods / Gold Digging Whore / Solo Satchel / Community Property / Eyes Of The Panther / Weenie Ride / Fuck All Night, Party All Day /Turn Out The Lights / Death To All But Metal // Rappel : Eating Ain’t Cheating / 17 Girls In A Row

Etrange, la présence de Steel Panther dans ces colonnes. Et pourtant, le groupe californien mérite sa place au vu du projet sur lequel il travaille dans le plus grand secret et dont nous avons l’exceptionnelle primeur en interview. Une soirée haute en couleurs et en relief, sur laquelle Chromatique revient avec plaisir. Toutefois, afin de ne pas choquer les plus jeunes de nos lecteurs, nous demanderons à leurs parents de les éloigner de l’écran d’ordinateur le temps de la lecture de cet article, salace par endroits.

Les plus assidus d’entre vous doivent se dire à la lecture de ces lignes : « Ils sont tombés sur la tête chez Chromatique ? ». Réponse négative : nous sommes en effet en parfaite santé, morale et physique, mais votre webzine favori est depuis peu dans le secret des dieux. Secret qui, à vrai dire, n’en est plus réellement un, puisque Steel Panther nous a avoué être en train de plancher sur un double concept album progressif. Il était donc impensable de manquer ce concert, tant nous espérions entendre quelques bribes de ce dossier classé jusqu’ici confidentiel. Dès lors, notre place parmi un public amateur de cosplay hard-rock, grand conFosommateur de bières, de cigarettes et de laque n’est pas usurpée.

Il nous faut cependant prendre notre mal en patience car The Treatment est chargé de faire monter la température. Ce soir, il va faire très chaud au Bataclan et ce n’est pas pour autant que le guitariste Tag Grey tombera le perfecto. Malgré un son quelque peu brouillon – on regrette le fait que le micro de Matt Jones soit noyé dans le mix – les Britanniques proposent un set diaboliquement efficace, au cours duquel le batteur Dhani Mansworth et le bassiste Swoggle font (un peu trop) le show. D’ailleurs, nous recommandons à ce dernier de postuler pour le prochain volet des aventures du Marsupilami, tant ses sauts à travers la scène sont plus proches de ceux l’animal jaune à longue queue que de ceux de Steve Harris. On notera quelques brûlots bien sympathiques comme « Departed » « I Fear Nothing » et « Nothing To Lose But Our Minds » parfaits pour fédérer un auditoire réticent de prime abord, mais majoritairement séduit par la suite.

La suite ? Elle commence avec l’arrivée sur scène de Stix Zadinia au son de « In The Future », suivi peu après de Satchel, Lexxi Foxxx, pour finir avec Michael Starr. L’autoproclamé « Supersonic Sex Machine » harangue continuellement les premiers rangs, masturbe inlassablement son micro, multiplie les gestes obscènes façon Michael Jackson pour le plus grand bonheur du public. Une entrée en matière parfaite avant d’enchaîner sur « Tomorrow Night ». Le Bataclan, tout acquis à la cause des Californiens, donne de la voix et montre ainsi qu’il ne joue pas à Angry Birds comme le dit la chanson. La température augmente un peu plus avec l’arrivée sur scène d’une poupée Barbie asiatique vivante qui s’avère être la fameuse « Asian Hooker » à laquelle il est fait allusion dans le titre éponyme. Son déhanché n’a apparemment laissé personne indifférent dans la salle et sur scène surtout après qu’elle eut fièrement exhibé sa poitrine. Prémice d’une orgie gargantuesque à venir ? Possible, en tous cas, c’est à partir de ce moment que commence à émerger des méandres de la fosse, la gent féminine des fans de Steel Panther qui a visiblement décidé de faire grimper le mercure. Preuve en est : l’une de ces demoiselles en chaleur n’a pas hésité à envoyer son soutien-gorge à Satchel au moment propice : celui de son solo de guitare. Visiblement la belle a dopé le musicien en testostérone. Après ce petit intermède virtuose pendant lequel Lexxi Foxxx se refait pour la septième fois une beauté, c’est au tour de « Community Property » d’être chanté à tue-tête.

Il fallait bien à, un instant de la soirée, entendre LA ballade sur laquelle les mâles dans la salle ont rêvé de conclure comme Jean-Claude Dusse, en l’occurrence « Weenie Ride », pendant laquelle Stix délaisse sa batterie pour s’avancer sur le devant de la scène… au piano. Mais ce n’est rien à côté de ce qu’est le moment fort de la soirée. Ce titre qui fait littéralement exploser le thermomètre et transforme la scène du Bataclan en véritable bordel organisé, nous avons nommé « Fuck All Night, Party All Day ». La scène est investie par des filles dont les ovaires frétillants ont littéralement pris le dessus sur tous les codes de bonne conduite et de bienséance. L’ambiance est toujours plus moite, les corps ruissellent un peu plus encore et se déhanchent sans retenue, les poitrines prennent l’air, l’on assiste à des échanges de baisers torrides et langoureux. Un moment glamour et rock ‘n roll comme les aime Christine Boutin. D’ailleurs cette dernière aurait sans doute eu toutes les peines du monde à résister à un Satchel s’essayant au français. Dans la langue de Molière, ce dernier s’est permis d’évoquer un désormais fameux « coup de trique » qui restera dans les an(n)ales.

Impossible pour Steel Panther de faire l’impasse sur la tornade qui les a révélés aux yeux du monde : « Death To All But Metal » repris une nouvelle fois, dans un esprit d’orgie démesuré, par le public qui a visiblement surpris – dans le bon sens – Michael Starr et Satchel. Le rappel (durant lequel Satchel a batifolé avec trois jeunes donzelles, l’espace de trente secondes en coulisses) était une simple formalité clôturée sur « 17 Girls In A Row ». Nous n’avons donc pas entendu un seul titre de ce double concept album progressif à venir, même pas « Lady Looks Like A Dude » (à ne pas confondre avec « Dude Looks Like A Lady » d’Aerosmith) dont Stix nous avait révélé l’existence dans notre entretien. Qu’à cela ne tienne, on a beaucoup transpiré au Bataclan ce soir, tant le spectacle était ardent. Une soirée parfaite en somme, placée sous le signe de la fête. Maintenant que vous avez terminé la lecture de cet article et, du coup, pris réellement conscience de ce que vous avez manqué, vous pouvez reboutonner votre pantalon (ou votre soutien-gorge mesdames) et laisser à vos enfants leur place devant l’ordinateur afin qu’ils puissent reprendre leur partie d’Angry Birds.