– (4/6) : Interview de Luke Williams (Dead Letter Circus)

Dans la continuité de notre dossier Progressif made in OZ, Chromatique se penche aujourd’hui sur Dead Letter Circus, qui se détache de ses congénères par un grain de folie assez fort. Avec un premier mini-CD et un album, This Is The Warning, les musiciens de Brisbane ont tout pour devenir un des futurs cracks de la scène progressive. Nous avons contacté le batteur Luke Williams pour tacher d’en savoir un peu plus sur cet étrange cirque qu’est Dead Letter Circus (DLC pour les intimes).

Luke, te voilà porte-parole de Dead Letter Circus dans nos colonnes. Peux-tu présenter le groupe à nos lecteurs ?
Luke Williams : Bonjour la France ! Tout comme le reste de Dead Letter Circus, je viens de la Côte Est australienne. Le soleil y règne en maître absolu, la bière y est fraîche et la musique, excellente. Le groupe existe depuis maintenant six ans. Notre premier album This is the Warning est sorti l’an dernier chez Warner en Australie et en Nouvelle-Zélande. Récemment, nous avons signé chez Sumerian Records pour les Etats-Unis. Pour la Grande-Bretagne, nous fonctionnons de manière indépendante. Nous espérons pouvoir mettre de l’argent de côté, acheter un château et peut-être que l’un d’entre nous réussira à y attirer Naomi Campbell ou Liz Hurley (Rires) !

Vous semblez brasser un public très large. De nombreux fans de musique progressive adhérent à votre discours tout en sachant que vous êtes catégorisés comme groupe alternatif. Quels sont les groupes qui vous ont marqués et qui continuent à vous influencer ?
Je pense que tout cela est dû au fait que nous écrivons une musique bonne, émouvante et énergique. Aujourd’hui, l’auditeur est suffisamment malin pour savoir si tel morceau ou groupe est bon ou mauvais. La bonne musique est celle qui ne se limite pas à un seul genre spécifique. Nous essayons constamment d’écrire des titres à la fois sans âge, frais et excitants.

Que réponds-tu aux gens qui vous considèrent comme progressifs ? Vous sentez-vous proches de cette scène ? Y a-t-il des groupes dans cette sphère qui vous attirent plus que d’autre ? Il semblerait que le futur des musiques progressives appartiennent à des formations comme DLC, Coheed & Cambria ou The Butterfly Effect qui mélangent éléments alternatifs et progressifs…
J’ai effectivement constaté que cette affiliation revenait régulièrement. En tant que musiciens, nous sommes très sérieux quant à la pratique de nos instruments. Pour nous, la musique progressive est celle qui repousse toujours un peu plus les barrières, qui tend à être originale, novatrice, porteuse d’un message positif pour les êtres humains et leur place sur Terre. Nous avons toujours adoré des groupes comme The Mars Volta, Muse, Tomahawk, Massive Attack, Unkle et la fierté de l’Australie : Karnivool & Cog. Toutes ces formations ne sont pas pour autant estampillées progressives, mais nous les apprécions pour la fraîcheur qu’elles apportent au paysage musical. Nous avons tourné aux Etats-Unis avec Animals As Leaders et Intronaut qui sont deux groupes extrêmement talentueux. C’était une bonne occasion de voir comment le public américain se comporterait avec nous et nous n’avons pas été déçus.

Votre premier EP a planté le décor. Quels ont été les retours pour ce disque ainsi que pour votre premier album This Is The Warning ? Peux-tu décrire l’évolution artistique entre ces deux sorties ?
Sincèrement, le mini CD nous a permis de bien décoller. Il a suffisamment bien piqué les oreilles des gens pour susciter, sur le long terme, à la fois leur intérêt et leur curiosité. Les réactions en Australie ont été plus que bonnes et je dis ça sans prétention aucune, mais toutes les radios du pays ont semblé devenir accro ! Au moment d’écrire l’album, nous nous sommes amusés avec Pro Tools ainsi que d’autres logicels de MAO comme Battery et Reason. L’idée principale était de mettre l’accent sur les textures et de trouver un équilibre entre les éléments électroniques d’une part et le côté rock d’autre part. Les fans n’ont pas été rebutés par les éléments électro présents sur This Is The Warning. En vérité, ça a toujours fait partie de notre musique mais ça n’était pas aussi présent que maintenant.

Quels sont vos projets ?
Le prochain album est en pleine phase d’écriture ! Nous voulons maintenir l’élan créé grâce à This Is The Warning avec ce prochain disque. Et comme je l’ai dit nous rêvons de châteaux et top models… bon, ok en fait je parle pour moi là (Rires)

Vous êtes de Brisbane, ville reconnue pour être le bastion de nombreuses formations comme DLC, The Butterfly Effect. Nous pourrions également mentionner Quandary & Arcane qui sont des groupes progressifs plus traditionnels. D’autres comme The Third Ending sont de Tasmanie, ToeHider de Melbourne et Unitopia d’Adelaide. Au delà du Big 3 (avec TBE & Karnivool) qu’un grand nombre d’Australiens se sont mis à citer, quels sont ceux qui, selon toi, méritent un coup d’œil ?
Tout d’abord, merci de nous considérer comme faisant partie du Big 3, c’est très gratifiant. Je dois ajouter un groupe que tu as omis de citer : Cog, de Sydney. C’est simple : sans eux, nous ne serions rien. Ils représentent une énorme influence pour nous, ainsi que pour un grand nombre de groupes australiens. Ils occupent sans doute l’une des place les plus importantes sur la scène nationale ces dix dernières années. Malheureusement, ils ne font plus grand chose depuis deux ans. J’espère qu’ils reviendront sur le devant de la scène.

Quel est ton ressenti sur la scène rock australienne tant progressive que « mainstream » ? Quelques formations parviennent à attirer l’attention comme The Butterfly Effect, DLC, Karnivool et, dans un registre plus ouvert, The Living End ? Penses-tu que ces groupes sont dans la continuité d’illustres groupes comme Midnight Oil, Men At Work ou the Baby Animals ? A quoi doit-on un tel niveau de qualité ? Est-ce dû à l’héritage laissé par des artistes du passé, toujours présents sur le devant de la scène ?
L’Australie a toujours été le terreau de grands artistes et de grands groupes. Je vois deux raisons à cela : tout d’abord cette mentalité de durs travailleurs qui nous colle à la peau et qui conduit à l’amour du travail bien fait. Ensuite, je dirais que si le fait d’être géographiquement assez isolés du reste du monde peut apparaître comme une contrainte, il faut reconnaître que nous sommes au moins au calme.

Le mot de la fin pour nos lecteurs ?
Nous aimerions vivement rencontrer nos fans français lors d’un prochain passage en Europe. Ce ne seront pas nos premiers concerts hors d’Australie vu que nous avons déjà joué en Angleterre. Je regrette que nous ne passions pas en France mais nous n’avons pas encore de label dans votre pays. Quoi qu’il en soit, soyez vous-même ! Peace & love de la part de Dead Letter Circus et un grand merci pour cette interview !