Porcupine Tree - Deadwing

Sorti le: 03/01/2012

Par Maxime Lalande

Label: Lava Records

Site: www.porcupinetree.com

Avec In Absentia, Porcupine Tree signait un album de haute volée dévoilant de nouvelles tendances metal particulièrement pertinentes et efficaces. Deadwing confirme et prend des risques. Alors que l’album précédent était cohérent et plutôt linéaire, celui-ci est hétéroclite. En effet, il fait le grand écart entre riffs secs et incisifs au caractère très hard rock (« Shallow ») et passages planant apaisés (« Mellotron Scratch ») et même mieux que ça, il ose le mélange (« Deadwing »).

Heureusement, ce n’est pas qu’un amoncellement de géniales compositions sans aucun rapport entre elles, il existe bel et bien un esprit Deadwing mais on le retrouvera plus facilement dans l’orchestration que dans la composition. D’abord la basse, et c’est une habitude avec Steven Wilson, est très présente. Plus qu’un accompagnement, elle procure à la musique ce côté rond et chaleureux qui lui aurait tant fait défaut au regard de l’omniprésence des guitares, et ce, lorsqu’elle ne nous donne pas directement la trame harmonique du morceau comme dans « The Start of Something Beautiful ». Du début à la fin, les claviers et autres effets de synthétiseur recouvrent le paysage sonore et nous transportent dans un voyage onirique dont on peinera à s’extraire. Cela dit, l’album reste principalement guidé par les guitares, instrument que l’on retrouve dans tous ses états, solos, arpèges, en version acoustique, électrique, elles constituent l’essentiel du caractère du disque et on ne va pas s’en priver au vu de la qualité globale des compositions. Le jeu de Gavin Harisson est toujours aussi précis, et bien que la batterie soit un peu en retrait, elle accompagne avec justesse les pérégrinations mélodiques de chaque titre avec un rythme régulier et entêtant.

Deadwing est un album très fouillé, très riche. Certains morceaux n’auront jamais été aussi progressifs, je pense notamment à « Arriving somewhere but not here » qui derrière ses atmosphères planantes nous propose un parcours musical d’une intensité prégnante et ce pendant plus de dix minutes… A l’opposé, « Lazarus » ou « Shallow » jouent la carte de l’épurement et de l’efficacité… Et ça marche! L’émotivité à fleur de peau de la première, la force et l’énergie sans pareil de la deuxième ne laisseront personne indifférent.

La production nous gratifie d’un album équilibré mais recouvert avec générosité de nombreux effets (que ce soit en fond sonore, en couverture d’instruments ou pour modifier la voix…) qui, bien que donnant un certain caractère, peuvent paraître superflus au risque parfois de dénaturer le relief originel du son.

Contrairement à ce que laisse penser le titre de l’album, Deadwing (qu’on pourrait traduire par « du côté de la mort ») est plutôt doux et chaleureux, il nous enferme dans un microcosme musical, dans une lueur orangée où on se sent bien, comme protégé, coupé du monde…
En même temps, il ne faut pas se le cacher, il s’agit toujours d’un album de Porcupine Tree et l’ambiance reste ce qu’elle a toujours été, une douce mélancolie…

Nous parlons donc ici d’une oeuvre de très haut niveau, intemporelle. A l’épreuve des écoutes successives, la musique ne perd rien de sa capacité à intriguer, à émouvoir, à transporter… Deadwing fait office d’escale majeure du voyage musical de Porcupine Tree.