Evil Wings - Kaleidoscope

Sorti le: 28/11/2011

Par Jean-Philippe Haas

Label: Fuel Records/SELF

Site: www.evilwings.com

Au bar, pendant un concert de Dream Theater…
– Punaise, le Rudess, il commence sérieusement à me taper sur le système, avec ses sons tout nazes. Il est commercial chez Bontempi ou quoi ?
– Ouais, finalement, il est tout aussi mégalo que Portnoy. C’était quand même autre chose, dans les années quatre-vingt-dix. Ça faisait moins Grand-Guignol.
– Clair. Et il y avait un tas de bons groupes, aussi. Bon, c’étaient plus ou moins des copies de Dream, et des Italiens, la plupart du temps ! Je me souviens, y’avait Arkhé, Zen…
– Mystère de Notre Dame ! Black Jester ! Les noms bien ronflants !
– Ouais ! Et Madsword ! Time Machine ! J’achetais tout, pourvu que ça ressemble de près ou de loin à Dream. Et puis j’ai tout revendu. J’en ai même pas tiré de quoi m’abonner à Hard Force, à l’époque. A force de photocopier, ils ont tous disparu. Enfin presque. Il reste qui ? Eldritch ?
– Ils ont viré thrash… un beau gâchis.
– Rhapsody of Machin…
– Pas de gros mots, s’il te plaît, hein ? Et puis eux, ils ont débarqué plus tard avec leurs licornes.
– Arf ! Et tu te souviens de cette compile-hommage, Voices que ça s’appelait.
– Oulala, oui ! JE L’AI, figure-toi. Pas réussi à la vendre. D’ailleurs, je crois que j’ai jamais écouté le second disque, avec les compos des groupes. Avec le recul, il fait un peu pitié, ce tribute
– Y’avait quand même deux-trois bons truc là-dedans, genre Empty Tremor. Encore un nom qui fout les boules !
– Ou Evil Wings.
– Evil quoi ?
– Wings. Ils reprenaient « A Fortune In Lies ».
– Ouais, ça me dit quelque chose. Le genre de groupe qui a cessé d’exister juste après l’enregistrement !
– Ben celui-là, il existe encore, figure-toi.
– Sérieux ?
– J’te jure. Ils viennent même de sortir leur cinquième album studio.
– Y’a encore des mecs pour écouter des clones de Dream ? Ils vendent leurs disques à leurs potes ados ? Arf arf !
– Ben en fait, à partir de leur troisième, Colors of The New World, ils ont commencé à arrêter de repomper bêtement. Le dernier, Kaleidoscope fait vachement plus hard prog’ seventies. Deep Purple, Uriah Heep, tout ça. Et puis un ou deux morceaux concept qui sonnent vieux prog’, avec des passages jazz-rock et d’autres trucs franchement bien barrés ! « Farewell On Planet F-19 », ça se pose là, comme titre ! Tu vois un peu le genre !
– J’me méfie de ce que tu racontes, quand t’as trois bières dans le cornet. Tu deviens lyrique, genre catalogue de chez Musea : « c’est génial, l’album de l’année, un futur classique ». Arf ! En gros, t’es en train de me dire qu’un obscur groupe italien vient de pondre un chef d’œuvre.
– Euh, faut pas déconner non plus. Disons que ça fait « fourre-tout de ce qu’on aime jouer », y’a quelques titres un peu basiques, au format radio, tout ça… et faut pas être regardant sur l’accent. Un Italien qui joue les rockeurs… tu vois ce que ça peut donner ! Et la pochette, c’est un peu une repompe amateur de The Sum of No Evil des Flower Kings. Mais ça joue bien, ça passe comme une binouze allemande. C’est à la fois bien vintage et prog’ sans être chiant. On se laisse facilement prendre, quoi.
– Tu me prêteras ça. Bon, on y retourne ? Je crois que j’entends le début de Pull Me Under.
– Dis-moi…
– Ouais ?
– Pourquoi on vient encore ?
– Euh… je sais plus. Laisse tomber.