Blackfield

25/05/2011

Le Trianon - Paris

Par Maxime Delorme

Photos:

Marjorie Coulin

Site du groupe : www.blackfield.org

Setlist :

Blood / Blackfield / Glass House / Go to Hell / Open Mind / Pain / DNA / Once / Rising of the Tide / Waving / The Hole in Me / 1,000 People / Zigota / Miss U / Oxygen / Epidemic / Where Is My Love? / Dissolving with the Night // Rappels : Far Away / Hello / End of the World / Cloudy Now

Quatre ans après la sortie de leur second album, Blackfield publie Welcome to my DNA composé en grande majorité par Aviv Geffen. Ce dernier, tout juste remis d’une tournée solo en première partie de U2, entame avec son compère Steven Wilson une nouvelle vague de concerts en Europe, en Amérique du Nord et en Inde. Sur la dernière date de la tournée européenne, nous avons retrouvé le groupe accompagné de North Atlantic Oscillation, le 29 avril, au Trianon, à Paris.

North Atlantic Oscillation, jeunes poulains de l’écurie KScope ouvrent le bal au Trianon. Le quatuor de post-rock écossais présente quelque chose de solide pour la dernière date de la tournée en Europe. Le groupe mélange avec brio guitares saturées, instrumentations électroniques, basse et guitare. Les mélodies vocales entièrement au vocoder apportent un aspect futuriste à une musique pleine d’envolées et de sautes d’humeurs. La recette pourrait donner quelque chose de tout à fait stupéfiant s’il ne semblait pas transi de stress. A vrai dire, la tension des membres se retranscrit intégralement pendant les premiers morceaux qui sont les plus intéressants du set. Le dernier quart d’heure se veut plus relâché, mais les musiciens manquant de place – du fait d’une installation particulièrement encombrante, et du matériel de Blackfield derrière eux – ne pourront pas exprimer le plein potentiel de leur énergie. Cette impression est confirmée par un mauvais équilibrage des basses qui noiera leur jeu dans une soupe de nappes un tantinet trop brouillonnes, dommage ! Une performance plus convaincante lors d’un prochain passage n’est cependant pas à exclure.

Après une première partie d’une cinquantaine de minutes et un bref entracte de mise en place du matériel, la scène s’assombrit et … Aviv Geffen apparaît dans une veste bardée de DEL rouges. Blackfield se met en place et entame le set avec « Blood », le morceau le plus péchu de Welcome to my DNA. L’ambiance presque metal nous confirme l’excellente acoustique de la salle refaite à neuf il y a peu, ainsi qu’une bonne balance contrairement à celle de North Atlantic Oscillation.

Globalement, les morceaux sont très convaincants en concert, exploitant le plein potentiel de l’album. La technicité étant moins présente que sur un live de Porcupine Tree, on retrouve un Steven Wilson bien plus désinhibé que d’habitude, jouant le rôle de la rock star. Aviv Geffen, lui aussi, entre dans le jeu et lui vole la vedette plusieurs fois pendant le set en encourageant le public à participer avec moults tapements de mains. Même l’affreuse « Oxygen » se voit magnifiée par une audience pleine d’entrain. Cerise sur le gâteau, la foule suivant Wilson sur les « lalalas » de « Waving ». Pour autant, la part belle n’est pas uniquement faite aux morceaux de Welcome to my DNA et les deux premiers albums ne sont pas en reste. Le concert durera en tout deux bonnes heures pendant lesquelles Blackfield interprétera tous les classiques de son répertoire.

Malgré une interprétation sans fautes, on peut lui reprocher un manque de prise de risque. Les morceaux sont identiques aux versions studio, note pour note. Ajoutons tout de même un bémol à cette affirmation : le fabuleux Tomer Z derrière les fûts se permet de combler la vacuité de la batterie studio par une improvisation particulièrement riche et intéressante. Ce ne sera malheureusement pas le cas des autres membres qui malgré un dynamisme à toute épreuve peineront à convaincre que leur présence n’est pas uniquement accessoire. De même, l’absence d’éclairages réellement intéressants nous renvoie une scène plate, sans relief et sans mise en abîme.

Le concert de Blackfield est un excellent exemple de ce que l’on aimerait avoir sur DVD. Parfaite performance live pour être vue depuis un siège ou un canapé, il est tout de même difficile de faire passer la pilule du prix du billet (40 euros !) pour un concert sans prise de risque. Et à la différence d’autres projets de Wilson nécessitant un timing millimétré, le spectacle aurait pu bénéficier d’un peu plus de folie, d’improvisation et de magie. Reste tout de même un bon moment d’un groupe que tout amateur de pop proche du progressif se devrait de voir au moins une fois dans sa vie.