Eloy - The Legacy Box

Sorti le: 19/01/2011

Par Christophe Gigon

Label: Artist Station Records

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Difficile de parler de ce groupe quadragénaire sans utiliser, à l’instar de la plupart des journalistes paresseux, la périphrase usitée de « Pink Floyd allemand ». Ce cliché possède au moins le mérite de situer facilement dans quelles eaux (surtout avec le magnifique Ocean en 1976) évolue cette hydre mouvante dont le seul élément constant tout au long des décennies reste le chanteur et guitariste Frank Bornermann, le seul à s’être toujours senti comme un poisson frétillant allègrement dans ce projet mouvant. Il est d’ailleurs étonnant de constater à quel point cette formation issue d’Hanovre a toujours suscité le dédain de la presse spécialisée, même au temps de sa gloire indiscutable, de 1976 à 1979. Victime du syndrome Uriah Heep ?

Ce coffret, qui ne fait pas office de testament aux dires du leader interrogé, comblera les fans en se révélant incroyablement captivant, même pour le profane. Le premier disque offre un panorama chronologique exhaustif de la carrière d’Eloy, de sa formation à la fin des années soixante à aujourd’hui. Monté avec un grand soin, le reportage de près de deux heures apporte son lot d’informations qui donnent littéralement envie de se plonger dans la discographie oubliée du Poséidon germanique. Les extraits audio bénéficient d’un son optimal qui font comprendre le pourquoi des comparaisons soutenues avec la bande de Roger Waters. Certes, Eloy restera à jamais un second couteau, adoptant le rôle humble, face à Pink Floyd, qu’Uriah Heep a toujours accepté aux côtés de  Deep Purple. Hasard de l’histoire ou moindres qualités musicales objectives ? La vue de cet excellent « rockumentaire », pour utiliser un néologisme à la mode, laisse songeur…

Le second disque peut paraître en revanche nettement plus anecdotique en proposant une collection de clips qui s’avèrent n’être en fait que des passages télévisés pour la plupart, sortes de scopitones désuets aux images dignes de Dimanche Martin. L’Allemagne ne peut ainsi décemment plus nier qu’elle a donné naissance à l’équivalent cathodique de Sébastien, c’est fou et autres Midi Première ! A côté de ces prestations embarrassantes figurent heureusement des extraits de concerts du début des années quatre-vingt-dix d’excellente facture, qui ne feront jamais regretter au mélomane l’acquisition de ce Legacy Box élégant qui permettra, on peut toujours rêver, de redonner la place qu’il mérite à ce membre éminent du rock planant trop facilement moqué.