Paul Gilbert

13/01/2011

Trabendo - Paris

Par Nicolas Soulat

Photos: V. Chassat

Site du groupe : http://www.paulgilbert.com

Setlist :

Silence Followed By a Deafening Roar / Fuzz Universe /
Olympic/
The Last Rock And Roll Star /
Rock Me Baby (reprise de B.B. King)
/ Scarified /
Norwegian Cowbell /
Will My Screen Door Stop Neptune
/ Green Tinted Sixties Mind /
Technical Difficulties /
Paul VS Godzilla /
Roundabout (reprise de Yes)
/ Batter Up /
Light My Fire (reprise de The Doors) Rappels : Propeller
/ I Want to Be Loved (reprise de Muddy Waters) /
Little Wing (reprise de The Jimi Hendrix Experience) /
Down to Mexico /
I’m Not Addicted
/ Go Down (reprise d’AC/DC)
Si le bonheur d’entrer dans une salle de concert est toujours singulier, il l’est d’autant plus lorsque le féru de performance scénique perdu au milieu des vigiles et de la foule quitte un froid glacial pour trouver un intérieur cosy et chaleureux. C’est un Trabendo avec ses lumières tamisées et son look « industrialo-british » qui va donc accueillir ce soir un des plus grands guitaristes de rock.

Après s’être bien rassasiée de spectateurs, et au terme d’une attente longue mais fort bien gérée, la salle parisienne estompe davantage ses lueurs pour laisser entrer un artiste souriant et visiblement en forme. Tout semble indiquer que le spectacle sera intimiste, ne serait-ce que par le matériel plutôt vieille école présent sur scène, à faire pâlir le geek à la recherche du rack perdu ou de l’ampli à lampe de cristal. Ici, un simple combo Marshall pour les guitaristes fera l’affaire précédé, en revanche, d’un attirail de pédales impressionnant. Le son sera pourtant d’une perfection insolente tout au long du concert et les titres, que l’on soit musicien ou pas, fonctionnent plutôt bien dans un registre progressif mais aussi très vintage.

En compagnie du bassiste Craig Martini, du guitariste Tony Spinner et du batteur Jeff Bowders (seule son épouse Emi est curieusement absente, à moins que la présence de claviers n’ait été voulue), la sauce prend immédiatement avec un line-up soudé autour d’une assise rythmique efficace et en place. Le registre de Paul Gilbert se révèle luxuriant au fil des minutes, alternant les compositions de son dernier album Fuzz Universe, mélangeant du Racer X et du Mr. Big. Tout s’enchaine à merveille, y compris les reprises parmi lesquelles « Light My Fire » des Doors et « Little Wings » de Jimi Hendrix) offrant leurs plages d’improvisation acharnée mais jamais rasoirs.

S’il faut souligner une chose, c’est bien l’interprétation impeccable du personnage principal qui n’a jamais loupé la moindre note (et dieu sait que dans un concert de Mr. Gilbert il peut y en avoir un certain nombre). Tout est placé, attaqué, relâché au bon moment, renforçant dans le même temps le propos des soli et des différents rebondissements. C’est une exécution impeccable qui ne ternit en rien le côté sensible et vivant du rock dont les amateurs excusent souvent le guitariste par des phrases toutes faites : « oui mais en live c’est normal » ou bien « C’est old-school mon gars, c’est roots !!! »… Comme quoi on peut être « roots  » sans mettre à côté une seule note durant près de deux heures et reprendre un morceau de Yes pas franchement évident lorsqu’on joue en formation serrée.

D’un point de vue visuel, sans aller jusqu’à proposer un véritable spectacle produit ou même écrit, l’aisance des musiciens fait tout de même plaisir. Ils oublient d’ailleurs de sortir de scène au moment supposé des rappels pour enchainer de suite les « encore » et communier avec le public. Résultat des courses, un vrai concert de blues hard rock progressif presque FM de temps à autre, maitrisé de bout en bout, sans fautes, et à l’ancienne, proposé par quatre troubadours au taquet surfant sur des compositions travaillées et organiques, orchestrées par un guitariste édifiant de maitrise et de feeling… au suivant!!!