The Pineapple Thief

24/11/2010

Z7 - Pratteln

Par Christophe Gigon

Photos: Claude Wacker

Site du groupe : http://www.pineapplethief.com

Setlist :

God Bless the Child / Wake Up the Dead / Tightly Wound / 3000 Days / Shoot First / Different World / All You Need to Know / My Debt to You / Counting the Cost / Part Zero (acoustic version)/ Show a Little Love / Preparation For Meltdown / Nothing At Best / So We Row / Someone Here Is Missing / Too Much to Lose / Light Up Your Eyes / We Love You / The World I Always Dreamed Of / Snowdrops / Dead in the Water
Le Z7 avait pris le risque de programmer deux excellents groupes malheureusement encore méconnus sous nos latitudes, avec les Américains de Sun Domingo, dont le seul réel fait d’arme reste d’avoir ouvert pour Marillion lors de leur célèbre Convention annuelle à Montréal en 2009, et les Anglais de Pineapple Thief, formation enfin libérée après plus de huit albums (et presque autant de E.P.) de maints errements stylistiques.

Le trio d’outre-Atlantique ouvre donc le feu devant un public plutôt frileux et peu nombreux. Ce pop-rock de facture très classique réussit néanmoins à convaincre une majorité de mélomanes attentifs grâce, entre autres, à une cohésion et une précision rarement prises en défaut, entre Crowded House et le Marillion de This Strange Engine. Sun Domingo, avec des passages appuyés et progressifs évoquant notamment Rush achèvera de convaincre les derniers réticents. Une phénoménale reprise de « I’m Afraid of Americans » de David Bowie médusera l’assemblée dans sa majorité.

Dans un style résolument différent et plus hermétique, avec une certaine appréhension tant la présence torturée de Bruce Soord, principal auteur / compositeur, risquait de plomber l’atmosphère toujours chaleureuse et joviale de cette salle, The Pineapple Thief se doit de convaincre sur scène après une stabilisation artistique et humaine réussie. En effet, ce nom servait jusqu’à il y a peu à identifier les travaux en home studio de son omnipotent et boulimique créateur.

C’est un fait, l’attitude proche de l’autisme de leur leader en refroidit plus d’un… au début. Puis la magie opère. Le son d’une rare puissance et la qualité intrinsèque des compositions (souvent poignantes, il suffit de penser à Little Man, collection de chansons enregistrées suite au décès du très jeune fils de Bruce Soord), ainsi que la magnifique voix du meneur de troupe assoient la posture scénique d’un quatuor encore balbutiant.

Le choix des morceaux, principalement tirés des trois dernières productions discographiques que sont What Have We Sown, Tightly Unwound et Someone Here Is Missing, démontre un réel savoir-faire qui enchante l’auditoire. Beaucoup d’émotion et de numéros d’équilibriste assurent en outre une forte teneur en adrénaline. Décidément, les Britanniques sont doués pour instaurer un climat d’oppression jubilatoire – joli oxymore- qui restera dans les mémoires.

Il n’en reste pas moins un point quelque peu gênant. Si le travail de la formation en studio clonait souvent auparavant celui de Radiohead, sur scène on pourrait presque parler de mimétisme malsain. Pour qui a vu la troupe de Thom Yorke en concert, la sensation apparaît comme très déstabilisante. A l’instar de The Musical Box jouant sur l’imitation revendiquée et assumée de Genesis, The Pineapple Thief fait tout son possible (et le fait malheureusement trop bien) pour reproduire les ambiances particulières des musiciens d’Oxford. Bizarre… et douteux. Regardez les photographies, étonnant n’est-ce pas ?