Star One - Victims of the Modern Age

Sorti le: 29/10/2010

Par Jérôme Walczak

Label: InsideOut Music

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Huit ans après la sortie du premier volet Space Metal, le boulimique et dispersé Arjen Lucassen revient pour un second volume qui se veut plus sombre et plus metal, tout en restant dans la continuité du style auquel les amateurs de science-fiction et de délires spatiaux sont habitués. Si la performance technique est évidemment au rendez-vous, la soucoupe volante s’écrase assez mollement entre Alpha du Centaure et Pluton, ça laisse une marge…

Encore une fois est conviée sur ce gargantuesque projet une kyrielle de célébrités du microcosme metal qui vont enrégimenter l’auditeur attentif et patient dans un mouvement où la guitare a décidé de prendre sa revanche sur les claviers tressautants qui ne devaient pas faire suffisamment Proximiens du Centaure – parce que sur Proxima, on aime le fond de gratte qui râpe en laissant des traces au fond du slip… Floor Jansen (Revamp), Russel Allen (Symphony X), Damian Wilson (Threshold), Dan Swäno (Edge of Sanity), et un paquet d’autres très talentueux rejoignent le grand Lucassen lui-même, qui chante et qui s’est coiffé.

Techniquement, il n’y a strictement rien à redire. C’est même mieux que Space Metal. Réputé pour être un incroyable bosseur, le Hollandais a fait des tas d’essais à la guitare, a réalisé des combinaisons d’amplis, bref on sent le travail de l’alchimiste. Cela confère au disque une sonorité heavy très seventies, un tantinet lancinante et, il faut bien le dire, quelque peu lourdingue, à l’image d’un titre très emphatique à la Ayreon tel que « Human See, Human Do » : la batterie omniprésente qui rythme l’ensemble quitte à l’engluer, accompagnée d’une guitare accélérée aux riffs appuyés, viennent effacer la tentative d’ébauche de mélodie qui tente de se dépêtrer de tout cela et qui semblait prometteuse.

En fait, les gros riffs, c’est bien quand ils sont brillamment agencés, mais tout le temps, c’est juste indigeste. La grande force d’Arjen Lucassen, ce sont ses morceaux qui font mouche et qui embarquent l’auditeur dans des petits voyages intersidéraux desquels il n’a guère envie de revenir (ici, ce sera « It’s Alive, She’s Alive, We’re Alive »). Le premier Star One était bon, bien qu’un poil en dessous d’Ayreon, du point de vue mélodique. C’était un parti-pris, plus sombre et plus violent, et cela passait sans trop de problèmes.

Avec Victims of the Modern Age, le compositeur emprunte la même voie, mais en la parodiant. Cela reste évidemment dans le sillage de son prédécesseur mais sans apport notoire de réelles nouveautés. Oui, cet album a quelque chose d’attachant mais il reste hélas bien dispensable. La croisière intersidérale Star One devrait s’arrêter ici. De toute façon, Arjen Lucassen sait jouer de son pistolaser et trouvera bien d’autres univers auxquels convier ses admirateurs.