Romantic Warriors - A Progressive Music Saga

Sorti le: 17/09/2010

Par Jean-Philippe Haas

Label: Zeitgeist Media

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Il n’existe que peu de travaux audiovisuels relatant l’histoire du rock progressif et encore moins qui en traitent des aspects modernes. La présente réalisation apparaît donc comme une sorte d’OVNI documentaire, courageux car destiné on ne sait trop à quel public hormis les amateurs qui le boiront comme du petit lait. Les réalisateurs Adele Schmidt et José Zegarra Holder évitent l’écueil d’un rébarbatif tour d’horizon chronologique basé sur des images d’archives. Au contraire, Romantic Warriors dont le titre s’inspire vraisemblablement de l’album quasi homonyme de Return To Forever, est un instantané qui tente, au travers de quelques acteurs de la scène progressive actuelle (groupes, labels, organisateurs de concerts), de dresser un portrait de ce genre musical peu médiatisé.

Le film se divise en cinq parties dont la pertinence peut être discutée mais qui, au bout du compte, s’enchaînent plutôt agréablement. Le rapide historique, forcément simplifié, présenté au début du documentaire, permet toutefois au néophyte de répondre aux questions : qui, quand, où ? Adele Schmidt a mené la plus grande partie de ses entrevues sur la côte Est des États-Unis. Outre des considérations logistiques, et probablement financières, ce choix s’explique aussi par la vitalité dans cette zone du microcosme progressif. La région très dense en population comprise entre Washington et Boston, avec des villes comme Baltimore et Philadelphie, a accueilli dans les années soixante-dix les plus grands représentants d’un genre qui avait alors le vent en poupe, et continue d’attirer aujourd’hui encore de nombreux artistes, répétant aux fameux Orion Sound Studios, ou se produisant dans des festivals réputés comme le ProgDay, le RoSFest et le NEARFest.

Les personnalités interrogées tout au long de Romantic Warriors décrivent leur conception d’une musique souvent décriée, leur parcours et leur difficulté de se produire ou de se promouvoir. Des êtres attachants comme Phideaux Xavier (Phideaux), Dan Britton (Deluge Grander), Thymme Jones (Cheer-Accident), Gary Green (Gentle Giant) ou le sympathique trio Cabeza de Cera parlent avec passion de leur art et de leurs aspirations. Mais au-delà des musiciens eux-mêmes, ce documentaire permet également de mettre un visage sur les acteurs de l’ombre tels que les patrons de labels ou les organisateurs de festivals.

De nombreux extraits issus des répertoires des groupes – car finalement, l’essentiel reste la musique – viennent illustrer le propos d’Adele Schmidt. On regrettera, une fois de plus, l’absence de sous-titres qui réservent ce reportage aux anglophones avertis. Forcément incomplet et orienté, Romantic Warriors n’a pas la prétention de synthétiser un genre lui-même mal défini et aux ramifications multiples. Il présente simplement un état des lieux assez objectif de la situation actuelle des musiques progressives. Et peut-être plus que tout, il donne envie de s’y mettre.