SADO - Weather Underground

Sorti le: 08/09/2010

Par Aleksandr Lézy

Label: Banksville Records

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Un an seulement après sa dernière production en public, Imprescindibile momento di cultura italiana, SADO remet le couvert avec un nouveau projet conceptuel audacieux. Paolo Baltaro, le principal acteur musical, puisqu’il en endosse plusieurs casquettes comme celle de bassiste et de pianiste ou encore de producteur, réussit le pari d’insuffler une identité hybride à cet opéra rock expérimental.

Weather Underground se présente sous la forme d’un double album enregistré en une seule prise directe. Le premier disque est narré en italien par Guido Michelone, le second en anglais par Steven Thomas. La musique reste identique, tout comme l’histoire. La différence réside ainsi dans la narration, qui modifie pourtant bel et bien la perception de ce substantiel contenu.

Le « Weather Underground », cette fameuse organisation subversive née dans les années soixante-dix aux États-Unis, sert de toile de fond aux Italiens pour décrire sur chaque piste une petite histoire. Cependant, cet album n’a absolument aucun caractère politique : il souligne simplement l’aspect humain de la question, quand il s’agit de gens qui croient en une cause et qui sont prêts à mettre leur vie en jeu pour la défendre.

Le processus de déconstruction, reflet de l’essence même du groupe, n’apparaît pas autant sur ce nouvel album que sur Holzwege (sorti en 2008) notamment dans sa première partie très orientée jazz. À la moitié des pistes (il en compte vingt-cinq), un déchaînement des éléments vient obturer l’objectif et l’auditeur se retrouve plongé dans une nouvelle dimension. L’effet de surprise est tardif mais révélateur d’un propos travaillé.

La production gagne en fraîcheur et en clarté, révèle les meilleures facettes du jazz comme du rock alors que SADO s’éloigne de sa facette expérimentale. En revanche, la manière de la présenter relève d’une réelle réflexion et d’un processus créatif des plus imaginatifs, basé sur les principes de déconstruction chers au groupe. Les deux versions ont leurs intérêts respectifs, avec toutefois une légère préférence pour l’italienne, plus généreuse, plus latine.

De plus, on ne peut s’empêcher de penser aux Mothers of Invention de Frank Zappa lorsqu’on entend déblatérer sur « Billy the Moutain » par exemple. La richesse thématique, comme celles conceptuelle et artistique font de cette œuvre une pertinente invitation à ne plus considérer la musique comme telle mais bien comme une forme d’expression intelligente dictée par une universalité philosophique. Un album qui mérite d’être découvert, compris et apprécié, même si l’achèvement des réflexions des Transalpins n’y atteint pas son paroxysme.