Magma

02/08/2010

Triton - Les Lilas

Par Florent Simon

Photos: Marie-Emmanuelle Brétel

Site du groupe : http://www.seventhrecords.com

Setlist :

Slag Tanz / Félicité Thosz / Ëmëhntëhtt-Rê / La ballade
Magma et le Triton, une relation de dix ans qui ravit toujours autant le groupe heureux d’y venir jouer que le public complice et familier. Encore une fois, le plus culte des groupes progressifs français clôture le festival « Les Tritonales » sur quatre soirées.

Une salle pleine, une chaleur extérieure lourde et de multiples discussions dans le public sur une éventuelle surprise durant la soirée, autant d’éléments qui n’aident pas à faire tomber la température. Christian Vander allait-il prendre un four ou faire brûler la flamme de la foule ? Dès les premières notes de « Slag Tanz », morceau à l’ambiance sombre et à la tension continuelle, présenté sur scène depuis plus d’un an, le mercure augmente bel et bien.

Après l’entrée des huit musiciens dans un nuage de fumée, cette introduction instaure rapidement un climat intriguant, agrémenté avec le temps de nouveaux passages musicaux qui permettent de relâcher en intensité, pour mieux la restituer lors de la reprise du thème principal. Il permet ainsi au fan comme au néophyte de pouvoir appréhender la musique de Magma, unique, hypnotique, déroutante, jouissive et échappatoire… L’évolution musicale continuelle chère à Christian Vander y est palpable, en façonnant ces sons et ces arrangements attachants. Après vingt minutes, le morceau se termine dans un nouveau nuage de fumée et une lumière rouge clignotante ; le public était bel et bien au cœur du Volcan !

Le plus long et deuxième nouveau morceau intitulé « Félicité Thosz » présente une autre facette de la formation qui met en avant l’essence du style compositionnel de Christian Vander et la qualité des parties vocales. À voir jouer le groupe, on remarque que sa cohésion n’est plus à remettre en question malgré un temps d’adaptation des derniers venus. Après ces digressions « nouvelles » et un solo de Rhodes toujours aussi inégal, la fin du titre ravive enfin l’énergie progressive qui fit les belles heures du Magma des années soixante-dix. La première partie s’achève pour l’auditoire entre plaisir et étonnement…

Après une pause, le groupe attaque le plat de résistance tant attendu : l’épique « Ëmëhntëhtt-Ré », morceau de bravoure récemment enregistré, mais qui s’avère être également le troisième mouvement de la trilogie Köhntarkösz. Une heure de musique impromptue pour un morceau ébauché il y a trente-cinq ans, complexe, généreux, à l’architecture compacte, qui met définitivement l’audience en transe. Cette version en public, toujours aussi dantesque, a assurément conforté les anciens admirateurs que Magma n’était pas mort ! Et quand le vortex Zeuhl pend fin, le vaisseau atterrit sur Terre pour y déposer des auditeurs sonnés.

Même si aucune surprise ce soir-là n’a pointé le bout de son nez, ce concert est à la hauteur de la réputation de Magma, et surtout une bonne occasion de les (re)voir autant pour la nouveauté du matériel sonore que pour l’oreille du curieux. C’est aussi l’occasion de constater l’amélioration des lumières imaginées par Marcus Linon, employant une cinématique lumineuse plus accrocheuse que par le passé ou en mettant originalement en avant le groupe, par exemple en utilisant la contre-plongée.

Nul ne sait où compte à présent s’envoler le guide spirituel Vander, les dates de concerts restant quelque peu faméliques en 2010 par rapport à l’an dernier, et avec sous le bras de nouveaux titres sûrement loin d’être figés… Ce qui est pourtant sûr quand on le voit lui et son clan, c’est que Magma ne fait pas ses quarante ans !