Herbie Hancock - The Imagine Project

Sorti le: 21/06/2010

Par Jean-Philippe Haas

Label: Sony Music

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Scepticisme et incrédulité sont légitimes lorsqu’il s’agit d’évaluer l’intérêt d’un album de reprises, surtout lorsqu’il émane d’un artiste aussi célèbre et unanimement reconnu qu’Herbie Hancock. Heureusement, loin d’être un simple album hommage, le nouveau disque de l’un des plus grands touche-à-tout du jazz sonne bien davantage comme une ode à la paix, à l’universalité de la musique et au rapprochement des peuples. De l’authentique world music, en somme.

Le disciple de Miles Davis a parcouru le monde entier pour enregistrer avec d’immenses artistes venant d’horizons très divers, la plupart connus pour leurs engagements, comme Wayne Shorter, compère de toujours du pianiste américain, Jeff Beck, Dave Matthews, Seal, The Chieftains, mais également Pink, Los Lobos, K’naan, ou encore Anoushka Shankar… entre autres, car ils sont nombreux à avoir été conviés à participer à ce projet ambitieux.

« Imagine » (John Lennon), « The Times, They Are a Changin’ » (Bob Dylan), « Don’t Give Up » (Kate Bush), pour ne citer que les plus populaires, sont autant de manifestes porteurs des thèmes centraux développés sur The Imagine Project : la paix, la justice ou la responsabilité individuelle. Le piano de Herbie Hancock recouvre les chansons d’un vernis tantôt soul, tantôt jazz, mais bien souvent loin des terres musicales d’un compositeur qui laisse beaucoup de liberté à ses invités.

Certaines relectures sont même plutôt surprenantes ! « Imagine », par exemple, adopte rapidement un rythme qui balance et une coloration africaine, notamment grâce à la participation d’Oumou Sangaré et de l’orchestre Konono no 1. Le mélange entre « Tamatant Tilay » des touaregs maliens de Tinariwen et « Exodus » de Bob Marley n’en est pas moins audacieux.

Herbie Hancock sait utiliser la pléthore de célébrités qui l’accompagnent à bon escient, sans que cela fasse « vaine réunion de stars », et si quelques chansons sont inutilement rallongées par d’inévitables digressions instrumentales, The Imagine Project mérite tout de même qu’on adresse un grand coup de chapeau à son instigateur, ne serait-ce que pour saluer le caractère œcuménique et les messages positifs qu’il véhicule.