Osiris - Tales of the Divers [Live]

Sorti le: 10/06/2010

Par Jérôme Walczak

Label: Musea

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Osiris est un groupe énervant. Comme ils sont originaires de Bahreïn et que l’exotisme est en général assez attendrissant, ils s’en sortent systématiquement avec les honneurs sans que la sévérité soit forcément de mise. Leur précédent album, Visions From the Past fut ainsi salué avec tact et diplomatie, dans ces colonnes et ailleurs : un groupe honorable, au prog très transalpin dans l’âme avec ses longs interludes mélodiques, ses développements fluides, une certaine emphase dans les propos sans excès de dramaturgie, des sonorités orientales et africaines, etc. Bref, Osiris, sans forcément manipuler la mélodie avec dextérité, n’en demeure donc pas moins assez agréable à écouter.

Or, parfois, l’oreille devient plus susceptible, moins indulgente, ou tout simplement perplexe. Cet album présenté comme un live (la présence du public est réduite ici à sa portion congrue) est une suite longue, poussive, purement et simplement éreintante d’instrumentaux cuits et recuits qui replongeront l’auditeur tout droit en 1969. Cet argument rend les enjeux relativement complexes : après tout, le rétro mérite parfois une célébration digne de ce nom.

Pourtant ce n’est pas le cas ici : les longues plages tranquilles de guitares, parfois arythmiques, se fondent dans d’autres substances sonores ou bien s’évanouissent comme elles sont apparues. Ce ne sont pas des arches bien construites, mais de simples volutes évanescentes… D’autres fois, des élans « sci-fi » dignes de Mike Oldfield, agrémentés de petits rythmes orientaux iront donner à l’œuvre un petit côté « documentaire après les Mystérieuses Cités d’Or », à l’image de « We Wait ». Pourquoi pas, mais ces égarements n’en demeurent pas moins plantés un peu au gré des vents, sans participer à une construction plus déchiffrable et évocatrice…

Il faut y ajouter la surabondance d’à peu près la totalité des mélodies et des rythmes que le progressif a été capable de fournir en trente ans, tendance spatiale et ésotérique (Gryphon, PFM, etc.), mais comme une marionnette désarticulée, rien ne guide cet espèce de créature digne de Mary Shelley vers des horizons plus cohérents… L’auditeur écoute, engrange, mais ne comprend pas forcément où ces artistes veulent en venir. Le rock progressif n’est pas qu’un amoncellement de mélodies « à la manière de », c’est aussi une histoire, un scénario, un mouvement qui dirigera celui qui écoute vers des contrées inexplorées. Ici, le GPS est en rade dès les premières pistes. Dommage et dispensable…