Mangrove - Beyond Reality

Sorti le: 29/03/2010

Par Jean-Philippe Haas

Label: Autoproduction

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Malgré la vacuité de l’entreprise, il y aura toujours des groupes pour perpétuer la tradition déjà presque éteinte d’un rock néo progressif dit « symphonique ». Parmi ces téméraires, certains s’en sortiront avec les honneurs et gagneront une parcelle de reconnaissance dans le milieu des quelques initiés qui ne jurent que par les clones de Steve Rothery et les solos de Minimoog. Mangrove risque de ne pas faire partie de ceux-là.

Beyond Reality reste bien sagement blotti sous la coupe de Pendragon ou d’IQ et manifeste une certaine aptitude aux titres à rallonge et aux excès de grandiloquence. A priori, ceux qui n’accordent que peu d’importance aux textes (est-ce à cause de leur indigence que le groupe les a fait imprimer en miroir dans le livret ?) trouveront de quoi les satisfaire parmi les soli « déchirants », les nappes « planantes » de Mellotron et autres passages instrumentaux « épiques », à l’image des parties centrales de « Daydreamer’s Nightmare » ou de « Voyager », par ailleurs véritables cas d’école de composition néo-progressive.

Il est probable que les Hollandais aient également beaucoup écouté A.C.T., la première moitié de « Time Will Tell » est là pour l’attester, dans une déclinaison infiniment plus pataude et boursouflée néanmoins. Au milieu de ces titres aux durées déraisonnables se trouve le plus concis « Love and Beyond », qui étale sans honte tous les poncifs de la ballade sentimentale à deux sous. L’émotion dégagée par ce concentré de platitude arracherait sans doute une larme aux habitués des téléfilms de M6.

Ce n’est pas tant la musique elle-même que l’accumulation des clichés qui donne envie d’entamer une partie de frisbee avec Beyond Reality. Avec ce troisième album, Mangrove met en œuvre beaucoup de bonne volonté pour tirer vers le haut le niveau de son néo prog, mais ne parvient encore qu’à améliorer la forme, au détriment d’un fond peu enthousiasmant.