Ange - Le bois travaille, même le...

Sorti le: 25/03/2010

Par Christophe Gigon

Label: Artdisto

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Seul le journaliste autiste et dilettante pourra continuer de clamer qu’Ange ne constitue qu’une vieille baudruche dégonflée, restes décatis de la période honnie de l’âge d’or du rock progressif français. Pour bien prouver une fois pour toute que la formation franc-comtoise quadragénaire n’a eu de cesse de se renouveler depuis la deuxième génération, celle de 1996, cette dernière salve angélique se laisse découvrir par un titre qui risque fort de troubler l’abonné aux « découvertes Musea ». Car en effet, cette surprenante boucle rythmique ne rassurera pas les indécrottables nostalgiques du rock symphonique dont le groupe du Père Décamps s’était fait le chantre au début de sa carrière.

Aujourd’hui, la musique que produit le « nouvel Ange » s’inscrit davantage dans l’orientation artistique des travaux de Steven Wilson (Porcupine Tree, No-Man) que dans les classiques de la formation belfortaine que furent Au-delà du délire, Par les fils de Mandrin et autres Guet-apens. La bande aux deux Décamps tente de se réinventer, doucement mais sûrement et le soin apporté à la production et aux arrangements ainsi que la structure générale des morceaux le démontrent sans nostalgie aucune ni citations à un passé pourtant bien vivace avec ses envolées de guitare (« L’œil et l’ouïe ») ou certains accords acoustiques (« Hors-la-loi ») qui renouent inévitablement avec le répertoire d’antan.

Outre l’excellence habituelle des textes, véritable griffe du poète sexagénaire, quelques passages se voudront en revanche parfois un brin superfétatoires – à l’image de la séquence initiale de l’épique « Le bois travaille, même le dimanche »). Un détail devant la décision prise par un vieux dinosaure du rock progressif de s’adapter à son époque et d’aborder l’avenir avec une jolie envie d’évoluer pour ne pas sombrer, tout en faisant la nique aux sirènes du marketing des maisons de disques qui ne parviendront probablement pas à convaincre Ange de publier un Cimetière des arlequins 2.