Qantum - Les temps oubliés

Sorti le: 10/02/2010

Par Jérôme Walczak

Label: Musea

Site:

Qantum est un groupe rigolo. De fait, il ne faut pas être dénué d’humour lorsque l’on s’essaie à publier un disque somptueusement daté et anachronique. Tous les morceaux renvoient aux plus sublimes artistes francophones des années soixante-dix et quatre-vingt, Mona Lisa en tête. Sans cette erreur fatale de style, qui risque de renvoyer cet étrange objet aux oubliettes, il faut bien admettre que l’ensemble est remarquablement produit, que les guitares et les claviers sont exécutés avec brio et que l’écoute est dans l’ensemble fort agréable.

Un autre point, très positif également, réside dans la très bonne maîtrise des textes en Français, exercice risqué par excellence. Les textes sur les fées, les rêveries et tout le tremblement peuvent passer en anglais, mais deviennent vite pathétiques, voire d’un ridicule achevé en français. Bizarrement, ici, ça ne choque pas, pour une raison bien simple : le groupe sait vraiment bien jouer. L’introduction instrumentale de « Court terme », par exemple, exclusivement à la guitare, plonge le chaland dans les plus belles mélodies d’Harmonium ou même d’Ange, et se rapproche du style de cette belle chanson qu’était « Sur la trace des Fées » ou « Aurélia ».

Le chant de Jean-Marc Tesorio, avec sa voix à la Maxime Le Forestier version jeune, sans emphase mais toujours juste, apporte une petite touche joyeuse réhaussée par quelques intrusions de claviers d’un effet parfaitement prévisible, mais à même de provoquer chez son auditeur un soupçon de plaisir auditif (« Présage » , d’une âme très nipponne en introduction et sur laquelle plane l’ombre des frères Décamps, pour s’achever par des logorrhées de claviers pompeuses et jouissives).

Dans tous les cas, ce disque n’apporte rien, strictement rien de nouveau sous le soleil, mais force est de constater que cette initiative de réveiller un progressif franchouillard plus que trentenaire est assumée avec tact et doigté, et non sans talent.