Lost World Band - Sound Source

Sorti le: 02/02/2010

Par Jérôme Walczak

Label: Musea

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Ce disque fait peine à entendre. Il enveloppe le consciencieux rédacteur dans des états d’âmes insondables et nettement légitimes. Voilà donc un quatuor russe, unitaire, virtuose ; cela ne fait pas l’ombre d’un doute : c’est l’histoire de quatre jeunes étudiants élèves au conservatoire qui se rencontrèrent et décidèrent de faire de la musique ensemble.

Techniquement, inutile de dire que l’ensemble ne manque pas de talent. Autrement dit, il n’y a aucune fausse note, ce qui, concédons-le, est le moins qu’on puisse attendre lorsqu’on se met en tête de presser un support que quelques valeureux passionnés pourraient se donner la peine d’acheter. Là où le bât blesse, et ce n’est pas le moindre grief que l’on pourrait énoncer à l’encontre de cette chose, c’est dans cette absence caractérisée d’inspiration.

Le dossier de presse, aussi futile que généreux, assène sans l’ombre d’une ironie, des influences de Kansas ou même UK. Il ne faut tout de même pas exagérer, comparer Lost World aux géniaux et talentueux compositeurs de « Dust in the Wind », il y en a qui doivent soit se racheter des oreilles, soit changer de carrière et promouvoir des barils de lessive. Kansas ou UK, ce sont avant tout des refrains solides, accrocheurs, et des pierres angulaires du prog pompeux et rocailleux de la fin des années soixante-dix. Face à ces monstres sacrés, un vague amoncellement sirupeux d’ambiances empruntées à ce que le prog nippon aurait pu faire de pire : des mélopées jazz-rock mille fois entendues, des chants d’oiseaux, des introductions metal à la portée du premier débutant venu.

En termes d’ambiances, le travail présenté semble bâclé : les mélodies, inexistantes, côtoient de petits élancements à la guitare qu’on dirait empruntés à Jean-Pascal Boffo. Elles seraient cependant plus à leur place en guise de générique de la cultissime et regrettée émission Aujourd’hui Madame. D’ailleurs, chacune des pistes est un jingle : rubrique santé et sa gigue aux violons (« Divertissement », qui part très rapidement en vrille au lieu d’emporter l’honnête chaland, avec des effets de batterie somptueusement vieillots), rubrique bricolage avec « The Engine That Wouldn’t Start » et son jeu de basse mal produit qui tambourine le crâne plus rapidement qu’une cuite au vodka redbull, rubrique chien-chien à sa mémère enfin, avec ce générique de fin qui donne furieusement envie de caresser un caniche devant 30 millions d’amis (« Travelling Light »,)…d’ailleurs, on dirait VRAIMENT le générique de 30 millions d’amis (véridique !).

Ce disque, cher et parfaitement inutile, est un argument de taille à l’encontre des tenants du support matériel : toute cette matière première précieusement dépensée pour ce qui ne devrait rester qu’un MySpace anonyme. Dans les profondeurs les plus ténébreuses de notre être peuvent séjourner deux choses : ce disque, qui devra retourner dans l’oubli, et les flatulences. Au moins, les secondes soulagent…