Aranis – Echange concis

C’est beau, une formation qui prend son envol. Avec Songs From Mirage, les Belges font évoluer leur musique, onirique et mélancolique, en la dirigeant autant vers le jazz et la zeuhl que le rock, sans perdre de vue leur identité d’orchestre. Enthousiastes, nous avons interrogé le peu disert compositeur principal mais néanmoins superbe capitaine aux commandes du navire Aranis. Et puis comme on dit, plus c’est court, mieux c’est !

Songs From Mirage donne l’impression qu’Aranis est doté d’un gros appétit d’évolution ! Le mot « intensité » le définirait assez bien. Qu’en pensez-vous ?
Joris Vanvinckenroye : Nous le prenons pour un compliment, merci !

L’intégration des vocaux a propulsé votre musique vers une dimension supplémentaire. Il est étonnant de voir avec quel naturel vous avez réussi à les intégrer.
Merci encore. [NdlR : Y’a pas de quoi, tout le plaisir est pour nous].

Avez-vous une idée précise du résultat que vous souhaitez obtenir pour chaque nouvel album avant d’entrer en studio ?
J’essaye toujours de trouver une raison de réaliser un disque. Celle du premier album était évidente : c’était une présentation du groupe et de son style musical. Le second était une variation sur le thème de son prédécesseur, que nous avons essayé de surpasser sans pour autant perdre de notre identité. Pour le troisième album, nous avions besoin de sonner vraiment différent. Ayant travaillé avec trois chanteuses dans mon ancien groupe, Troissoeur, il m’a semblé que c’était l’option la plus intéressante pour Aranis.

Êtes-vous à la recherche d’un son précis ou bien est-ce simplement le résultat de la somme des musiciens qui composent Aranis ?
Il est avant tout question d’écrire une musique agréable avec une instrumentation qui m’inspire. Je suis néanmoins obligé d’être réaliste et de faire avec ce que j’ai. C’est pourquoi j’utilise les instruments et les instrumentistes que je connais le mieux. Lorsque j’écris une nouvelle pièce, c’est aux musiciens de la tirer vers le haut.

La question de l’esthétique dans la musique pop ou savante se pose de moins en moins. Quel que soit le genre abordé, est-ce dû selon vous au fait que l’aspect technique et/ou mélodique prenne le dessus ?
La musique peut être belle de nos jours, même si on ne peut ignorer la facette d’avant-garde de l’histoire de la musique au vingtième siècle. Il faut trouver un bon équilibre entre les différents styles musicaux et toutes les techniques possibles. Il s’agit de concevoir une musique qui nous émeut, et nous utilisons dès lors toutes les options qui s’offrent à nous pour y parvenir.

Est-ce difficile de trouver aujourd’hui les moyens d’obtenir une bonne production ?
Oui, car il n’y a vraiment plus d’argent pour réaliser des disques, de nos jours. Il est devenu nettement plus facile d’enregistrer, mais cela reste bien difficile de le faire dans de bonnes conditions.

Vous êtes avant tout un orchestre de musique de chambre, mais quelles sont vos influences majeures émanant de la musique rock, par laquelle vous semblez être de plus en plus attirés ?
J’ai toujours écouté toutes sortes de musique, j’ai étudié la musique classique, j’aime le jazz et quelques musiques voisines du folk. J’écoute également ce qu’on appelle du rock de chambre ou Rock In Opposition. D’une manière générale, je suis attiré par les musiques nouvelles qui cherchent à mélanger différents styles. Je pense que c’est de cette manière que la musique pourra évoluer.

Avec un groupe comme Setna, ne représenteriez-vous pas quelque chose comme le visage féminin de la zeuhl ? C’est-à-dire l’ivresse des pulsions rythmiques utilisée de manière plus sensuelle que martiale ?
Cette instrumentation « douce » et le fait qu’il y ait une majorité de femmes dans Aranis orientent la musique en ce sens. Le prochain album sera plus masculin.

Qu’utiliseriez-vous comme argument pour convaincre quelqu’un d’écouter votre musique ?
La publicité n’est pas mon fort, je suis désolé.

Aimez-vous les étiquettes ? Sont-elles utiles où empêchent-elles un groupe comme le vôtre, très polymorphe, d’être correctement évoqué ?
Les étiquettes peuvent être utiles mais pas pour des groupes comme nous. Il est toujours très ardu de trouver les mots justes pour définir notre musique. D’ailleurs, peu importe le genre de musique dont il est question, je sais juste que les étiquettes sont importantes pour vendre.

L’évolution future d’Aranis devrait tendre vers l’ajout de percussions. Comment avez-vous réussi à « accrocher » un percussionniste de l’envergure de David Kerman ?
Nous avons rencontré David au Gouveia Art Rock Festival. Il a vu notre concert et nous a avoué qu’il aimait vraiment ce que l’on faisait, et que si nous avions un jour besoin d’un batteur, nous pouvions lui demander.

Où en est votre travail sur les nouvelles compositions ?
Elles sont bouclées et sont bien plus puissantes et énergiques que d’habitude. C’est une bonne évolution pour le groupe.

Quel que soit l’avenir de la diffusion de la musique, comment voyez-vous celui de la vôtre ?
Je crois qu’il existe encore beaucoup de gens qui aiment la musique que l’on joue, mais qui restent mal informés de notre existence. Nous sommes donc obligés d’élargir notre public petit à petit. La chose la plus importante pour le groupe reste d’aller de l’avant.

Des vœux particuliers pour cette année ?
Je vous souhaite une bonne année à vous tous avec beaucoup de découvertes musicales intéressantes et créatives !