Luke Stone - Somethin’s Gotta Give

Sorti le: 21/01/2010

Par Aleksandr Lézy

Label: Stone Lab Records

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Luke Stone apparaît comme le pendant américain de l’Allemand Hans-Jörg Schmitz et de son King of Agogik. Tous deux sont batteurs et produisent leurs disques via leur propre label. Sans doute se connaissent-ils ? Probablement pas en fait, pourtant leur musique navigue sur des vagues similaires, celles du rock progressif instrumental. Luke Stone vient du Kansas, ses influences variées font de lui un musicien hors-pair et incroyablement productif en si peu de temps. Somethin’s Gotta Give est déjà son troisième album en quatre petites années. Son mélange de jazz-rock et de funk aux accents parfois soul décoiffe et démontre qu’à défaut d’être connu, il est sacrément talentueux.

Les points forts de cet album résident dans sa qualité musicale. Le rock progressif de Luke s’adapte à la température du moment et décline avec aisance les différentes facettes d’un style en mutation. Les compositions comportent leur lot de surprises instrumentales, d’un passage complexe à d’autres relaxant ou encore dansant. On pense par petites touches successives à Weather Report mais égalemant à Primus pour le côté groove décalé, en passant sur d’autres pointures… La production honore le disque d’un son franchement pêchu et subtil même si les reliefs ne sont pas tellement prononcés.

Concernant les points faibles, il faut bien avouer que même si les riffs écrits par un batteur rivalisent avec ceux de très bons guitaristes, ils ont tendance à tourner en rond au sein des morceaux, à la manière d’un jam de haute voltige. Une improvisation valant la plupart du temps moins qu’une écriture léchée, l’auditeur pourra trouver certains passages un peu longs. Il est regrettable d’autre part, que Luke Stone n’ait pas fait appel à un chanteur qui aurait pu réveiller quelques couleurs bien sympathiques dans cette fusion des genres.

Ne connaissant pas les albums précédents Science Friction (2006) et Elaborate Mess (2008), les points de comparaison sont impossibles. Somethin’s Gotta Give fait preuve de maturité mais manque pourtant d’accroches et de révolution. Il saura néanmoins séduire les nostalgiques d’un Mahavishnu Orchestra plus progressif ou d’un Tribal Tech un peu moins technique. De plus, l’auditeur pourra être sensible à l’honnêteté du travail de ce musicien qui ne rentre jamais dans le jeu de la démonstration gratuite, ou à son dévouement à une musique difficile à exécuter. Laisser au mixage final un coup de baguettes malencontreux sur un cercle de tom à la fin du superbe « Should Be Easy pt.1 » laisse un goût de spontanéité tellement délicieux qu’il fallait le souligner. Merci Monsieur Stone !