Gens de la lune

30/11/2009

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Par Christophe Gigon

Photos:

Site du groupe :

CONCERT : GENS DE LA LUNE

  Artiste : Gens de la lune
Lieu : Montreux, Suisse, NED
Date : 24 octobre 2009
Photos : Claude Wacker pour www.docker.ch

Pour la seconde fois en quelques mois, le nouveau groupe de Francis Décamps, ancien clavier et principal compositeur du « vieil » Ange (puisqu’il existe bien un nouvel Ange), vient présenter sur scène les titres de son premier album, sorti l’année passée. L’adage selon lequel les absents ont toujours tort n’a peut-être jamais été aussi vrai que pour cette soirée !

Set-list : Alors joue – C’no péran – Quel désastre ! – Nèg’ blanc – Amours impudiques – Gens de la Lune – Medley Ange – Les vents de là – L’oeil – No comment – Le guide – Satanas

En 1995, Ange tire sa révérence lors d’une tournée d’adieu sonnant, non pas le glas du groupe, mais la fin de la formation originelle orchestrée par les deux frères ennemis. Christian, l’aîné, poursuit l’aventure entouré de son fils Tristan et de divers jeunes musiciens impressionnants. Quant à Francis, après de longues années de semi-discrétion, il forme un nouveau groupe et accueille dans la bergerie de jeunes loups affûtés, même si le batteur originel et mythique de la formation angélique, Gérard Jelsch, se voit vite remplacé par l’excellent Bernard Reichstadt.

A l’instar de Yes et de Jon Anderson, Bill Bruford, Rick Wakeman et Steve Howe à la fin des années quatre-vingt, l’amateur bénéficie de l’existence de deux groupes au lieu d’un. Et si la musique proposée par les deux formations est clairement apparentée, tandis que Christian s’efforce de moderniser le son de ses derniers disques avec des textes qui évoquent fortement d’autres plus anciens, l’âme d’Ange persiste dans les vieux claviers du frangin Francis qui, plus tout jeune non plus, a su s’assurer les services d’instrumentistes verts et fort talentueux, comme en témoigne leur premier essai discographique. Il ne restait plus qu’à jauger ces Gens de la lune sur les planches.

Entre un manque flagrant de publicité, le froid automnal et la diffusion en direct du concert de U2 sur Internet le soir même, la paresse crasse d’un public vaudois semble l’une fois de plus emporté, au vu du peu de personnes présentes à cette soirée de qualité organisée avec soin par la dynamique association Montreux Prog Nights, dont le président n’est autre que le pétulant bassiste de Dawn, Julien Vuattaz qui, à tout seigneur tout honneur, assure la première partie des musiciens extraterrestres.

Dawn, dont le premier disque autoproduit Loneliness semble avoir convaincu une majorité de sites et de journaux spécialisés dans le Landerneau progressif, a l’habitude de se produire sur les planches du club de sa ville natale, mais la sélection de morceaux exécutés ce soir est particulièrement remaniée par rapport aux prestations précédentes. Leur unique production reste à l’honneur même si de nouveaux titres font leur apparition. Le son est toujours aussi bon et bénéficie largement de l’apport d’un musicien supplémentaire aux claviers et à la guitare, et une fois de plus, Nicolas Gerber met tout le monde d’accord grâce à ses sonorités de claviers magiques tout droit sorties des années soixante-dix.

Dès l’arrivée des Gens de la Lune, la tension monte d’un cran. Servis par un son d’emblée excellent, les musiciens sont en très grande forme. Le jeune guitariste Damien Chopard éblouit la salle grâce à un son de guitare racé, qui soutient un style déjà bien affirmé. Dominique Suzan au chant, déjà impressionnant sur disque, se révèle un surprenant frontman sur scène, même si le rôle principal incombe naturellement au ménestrel fou, au sorcier des claviers, à l’homme au visage peint, Francis Décamps.

Se livrant comme si le club était bondé, le quintette franc-comtois déploie une énergie considérable empreinte d’humour et d’amour, devant un public clairsemé mais néanmoins enchanté et littéralement captivé, au sens étymologique du terme, c’est-à-dire capturé. Les chansons du premier album font mouche pour cet assaut live, travaillé, rôdé par des musiciens plus aguerris que jamais. Pour être franc, l’émotion semble à présent plus habitée sur la lune que sur la vie… pour reprendre l’adage du Père Décamps, « A bientôt sur la vie… ».

Peut-être est-ce dû à la relative jeunesse de ce groupe qui a encore tout à prouver ? Ou plus simplement à des compositions portant les stigmates (et pour cause !) des belles années d’une carrière angélique ? Obligés de jouer en rappel des titres déjà offerts en début de spectacle, les Gens de la lune auront bien de la peine à quitter ce public aux yeux rougis qui ne cessera d’en réclamer encore et toujours, après un moment simplement inoubliable.

Christophe Gigon

site web : Gens de la Lune

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