Zevious - After the Air

Sorti le: 19/11/2009

Par Christophe Manhès

Label: Cuneiform Records / Orkhestra

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Cuneiform Records a frappé fort. Pour cette année 2009, après les excellents Led Bib, Ergo et Miriodor, voilà que l’écurie préférée des tenants de la ligne progressiste du prog’balance un album saisissant de virtuosité et d’énergie, pondu par trois nouveaux requins du swing féroce. Zevious, c’est en quelque sorte la quadrature du cercle entre jazz et rock, entre écriture solide et improvisation sauvage.

Zevious n’est pas le premier groupe à recourir à des influences aussi prégnantes que King Crimson, Magma ou The Mahavishnu Orchestra, mais il est un de ceux qui, loin d’abuser de la promo facile et racoleuse, s’ajuste le mieux aux prestigieuses autorités revendiquées. C’en est surprenant. Il suffit d’imaginer une musique jazz tranchante comme l’acier, secouée au rythme d’une basse turbulente et d’une batterie subtile mais vigoureuse qui, à la manière de Mani Neumeier des Guru Guru, n’en finit jamais de vous étourdir par la variété de sa frappe.

En ajoutant à ce substrat une guitare loquace et ténébreuse qui interprète une partition écrite à l’encre noire dont le fiel rappelle les dégradées venimeux du Red de (encore) King Crimson, on se fait rapidement une idée du talent des trois lascars. En revanche, attention, car le style Zevious n’en est pas pour autant un simple patchwork musical. Au contraire, le trio a fabriqué ses propres nippes à l’aide d’une étoffe toute en camaïeux basanés dont le seul défaut, aujourd’hui courant, est de manquer de diversité dans les motifs.

Point de fusion à mille degrés, stupéfiant de maîtrise et d’intensité, le groupe New-Yorkais n’a visiblement peur de rien, et joue des structures et d’improvisation avec un savoir-faire identifiable, rompu mille fois à l’exercice de la scène. Aussi, pour peu qu’ils parviennent à mieux varier leur son, ces musiciens flamboyants devraient réserver à l’avenir des disques d’une très grande efficacité.

En attendant, produit par Colin Marston (Behold… the Arctopus) pour un excellent son live, After the Air Raid est chaudement recommandé aux amateurs de One Shot et à tous ceux qui souhaitent tenter un passage en douceur entre le Mahavishnu Orchestra et la moderne bestialité du Sol Niger Within de Fredrik Thordendal.