Diablo Swing Orchestra - Sing Along Songs For the Damned & Delirious

Sorti le: 23/10/2009

Par Jean-Philippe Haas

Label: Ascendance Records

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Avec un premier album de la trempe de The Butcher’s Ballroom, on attendait Diablo Swing Orchestra au tournant. Comment transformer en effet un coup d’essai brillant en ouvrage de maître sans donner dans la redite ? Comment incorporer de nouvelles couleurs à un style encore inédit mais qui risquait fort de tourner en rond assez rapidement ? Comment combler des fans transis d’impatience qui projetaient sur ce Sing Along Songs for the Damned & Delirious l’image d’un disque messianique ?

Pour satisfaire les attentes soulevées par ces questions, le groupe a décidé de dégrossir son barnum métallique, d’arrondir quelques angles et d’envelopper le tout d’une production énorme. Cet album perd donc en folie ce qu’il gagne en efficacité. « A Tapdancer’s Dilemma » ouvre pourtant le bal sur un swing sauvagement entraînant, suivi par le tango effréné de « A Rancid Romance ». Mais à l’image de « New World Widows » ou de « Ricerca Dell’Anima », la rythmique, lourde et compacte, reprend toujours le dessus et tient en respect, à de rares exceptions près, des digressions qui, heureusement, restent aussi nombreuses qu’inattendues.

Les vocalises baroques d’Annlouice Wolgers et de Daniel Håkansson survolent cet inquiétant bazar où les instruments acoustiques (violon, violoncelle, trompette, …) sont condamnés à jouer des coudes pour creuser leur trou. Au milieu de tout ce cirque savamment orchestré, synthétisé avec une classe folle sur « Stratosphere Serenade », se glissent aussi, au grand bonheur de certains, quelques éléments de néo metal, affadissant, au grand désespoir des autres, la coloration gothique qu’on trouvait tout au long de The Butcher’s Ballroom.

En canalisant ses extravagantes lubies sans les renier, Diablo Swing Orchestra conserve son originalité tout en acquérant la maîtrise qui lui permet de passer du stade de curiosité à celui d’artiste réellement innovant. Chaussés de leurs nouvelles bottes de sept lieues, les Suédois font une entrée fracassante dans la cour des Grands.