Sunn O))) - Monoliths & Dimensions

Sorti le: 06/08/2009

Par Jean-Daniel Kleisl

Label: Southern Lord Recordings

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Le projet de Stephen O’Malley et Greg Anderson est, et restera une énigme pour longtemps. Précurseur de ce qu’on appelle aujourd’hui le drone metal ou drone ambiant, créé à partir du bourdonnement de la guitare sursaturée après un riff, la musique des Américains évoque parfois des essais d’accordage de guitare, un pendant aux célèbres wiiiiiiiizzzzzzz électroniques de Klaus Schulze. Ce serait pourtant aller bien vite en besogne, d’autant plus que ce septième album enregistré sur une période de deux ans est présenté comme un aboutissement.

Le binôme s’est entouré pour l’occasion d’une bonne douzaine d’invités de marque pour cette expérience ambitieuse. Outre l’habitué Attila Csihar, grand susurrateur de chansons douces chez Mayhem, mentionnons notamment la présence d’un chœur féminin, des trombonistes jazz Julian Priester et Stuart Dempster, des guitaristes Oren Ambarchi et Dylan Carson (fondateur de Earth) et Eyvind Kang, instrumentiste et principal arrangeur des parties orchestrales qui ponctuent ce recueil.

Difficile à appréhender, la musique sans mélodie, ni rythme, aborde désormais avec Monoliths & Dimensions une nouvelle ère : celui du développement harmonique ! Si cette option est ardue à percevoir aux premiers abords avec « Aghartha » – qui correspond avant tout en une expérience sonore évoluant par strates de guitares, et ce malgré l’apparition de la voix caverneuse d’Attila Csihar après six minutes et un bourdonnement de cuivres sur le final –, elle apparaît clairement avec les superbes choeurs féminins de « Big Church », évoquant à la fois le minimalisme de Steve Reich et d’Arvo Pärt, et les subtils arrangements d’Eyvind Kang sur « Hunting & Gathering ».

Tout en regrettant la lancinance de la première composition – parfois usante, un tiers de la durée du disque tout de même ! –, les trois pièces suivantes, propres à la noirceur de Sunn O))), offrent des développements intrigants, déconcertants et parfois émouvants. Ces dimensions nouvelles ouvrent ainsi des voies éminemment intéressantes pour les explorations futures du duo. Un disque qui mérite bien son nom : une œuvre sombre, monolithique, mais aux dimensions ô combien multiples.