The Ed Palermo Big Band - Eddy Loves Franck

Sorti le: 24/07/2009

Par Christophe Manhès

Label: Cuneiform Records / Orkhestra

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Une fois plongé dans le vaste univers de Frank Zappa, difficile de s’en extraire. Talent musical hors du commun, sa manière très personnelle de déraisonner la musique le plus sérieusement du monde lui permettait d’interpeller autant les rockers que les amateurs exigeants du jazz et de la musique contemporaine. Le plaisir que l’on retire à son écoute agit comme le font les souvenirs d’une enfance heureuse, avec ce même plaisir et cette même nostalgie d’une vie meilleure. Aussi, rien d’étonnant que le célèbre moustachu ait suscité autant de vocations.

Comme celle notamment d’Ed Palermo, qui est bien évidemment tombé dans cette marmite très jeune, surtout celle étiquetée The Grand Wazoo. Devenu excellent musicien et arrangeur, rien n’était plus logique pour lui que de former ce big band presque consacré exclusivement à son idole. Cette vocation, personne n’ira la lui reprocher tant il persiste entre le style de l’Américain aux bacantes et celui du big band, une réelle communauté d’esprit dont ils en partagent le foisonnement, l’appétence jazz et l’excellence instrumentale.

Troisième album en quinze ans pour le Ed Palermo Big Band, Eddy Loves Frank consacre une fois de plus ces épousailles généralement couronnées de succès critique, même si la méfiance est de mise avec les thuriféraires d’artistes aussi visionnaires que Zappa. Sous l’emprise de leur passion exclusive, ces derniers font souvent preuve de fanatisme. Les qualités contenues dans Eddy Loves Frank ne laissent en revanche aucun doute. Cet hommage rendu à la musique de Zappa convainc largement. Ed Palermo a su préserver l’essentiel : la vivacité et la richesse, avec en prime un enthousiasme communicatif presque juvénile.

Il serait éventuellement à reprocher sa densité et son homogèneïté, ce qui lui fait perdre en légèreté ce qu’il gagne en puissance. Peu importe, cet album résonne comme un véritable festival et ravira les amateurs, comme tous celles et ceux qui n’ont pu encore pénétrer le monde protéiforme et stimulant du maître.