ENTRETIEN : COUNTER-WORLD EXPERIENCE

 

Origine : Allemagne
Style : fusion jazz-metal
Formé en : 2001
Composition actuelle :
Benjamin Schwenen – guitare, programmation
Sebastian Hoffmann – basse
Thorsten Harnitz – batterie

Avec une régularité industrielle toute germanique, le trio Counter-World Experiment a sorti quatre albums depuis 2003. Le petit dernier et bien-nommé Metronomicon propose une nouvelle évolution technique et stylistique qui lui permet de se glisser dans le haut du panier. Benjamin Schwenen expose la possibilité d’exister en 2009 lorsqu’on est un groupe allemand de fusion jazz-metal.

Progressia : Peux-tu nous parler des origines du groupe ?
Benjamin Schwenen
: Après la dissolution de mon groupe de death metal Execution, je suis entré à l’Université de Musique et de Théâtre de Hanovre pour étudier la guitare classique. J’y ai rencontré Thorsten Harnitz qui à l’époque s’initiait à la batterie et aux percussions. Nous avons fondé Counter-World Experience sous la forme d’un trio de jazz-rock. Le bassiste de jazz Sebastian Hoffmann nous a ensuite rejoints. Nous avons dès lors enregistré notre première demo intitulée Always Home. Petit à petit, notre son a évolué vers ce mélange actuel de metal extrême et de fusion jazz.

La fusion jazz-metal n’est pas à proprement parler un genre populaire. Qu’est-ce qui vous a poussé à jouer ce type de musique ?
Nous aimons tous le jazz, le metal, et la musique classique. Plutôt que de créer trois projets différents, nous avons réuni tout cela en un seul.

Quelles sont les principales différences entre Metronomicon et vos albums précédents, peut-être davantage influencés par Meshuggah ou Planet X ?
Meshuggah a influencé de nombreux groupes de metal actuels, nous y compris. Notre nouvel album est bien plus sombre et rythmé que Leaving Lotus ou Fraktal par exemple. Le son est également plus compact.

Metronimicon rappelle un Cynic instrumental. Êtes-vous d’accord avec cette analyse ? Vous sentez-vous proches de groupes allemands similaires comme Panzerballett ?
Oh, j’adore Cynic ! Ils nous ont très certainement influencés. Nous connaissons les gars de Panzerballett, et il est amusant de constater que les deux groupes sont apparus en même temps sans se connaître auparavant. Le saxophone leur donne une touche plus jazz, dirais-je. Nous utilisons davantage d’électronique et de programmation pour produire un son futuriste.

Il y a de nouvelles influences sur ce noouvel album comme le jazz latin ou la musique de chambre. Comment compose-t-on un titre avec un quatuor à cordes par exemple ?
Mon père est percussionniste, spécialisé dans le jazz latin? Il ne s’agissait donc qu’une question de temps avant que cela apparaisse dans Counter-World Experience. Le passage pour quatuor à cordes de « End of the Path » a été composé avant le titre lui-même. J’ai essayé d’en extraire des motifs et des éléments pour les intégrer dans le son du groupe. Notre musique est pratiquement composée note après note comme une pièce classique. Je réalise alors une pré-production du morceau avec une boîte à rythmes pour me rendre compte si tout fonctionne bien. Puis vient le temps de répéter pour voir si on peut finalement jouer tout ça !

Vous êtes un groupe indépendant. Est-ce un choix ou est-il difficile pour vous de trouver un bon label ?
Les deux, mais il est important de rester aussi libre que possible concernant la musique, l’artwork ou la date de sortie d’un album. D’un autre côté en revanche, il serait utile d’avoir un partenaire efficace en ce qui concerne le business. Nous sommes ouverts à toute suggestion dans l’avenir, alors pourquoi pas ?

Avez-vous un « vrai&nbsp» travail ?
Non, car nous travaillons tous comme musiciens professionnels. Nous jouons dans des spectacles musicaux, des concerts et nous enseignons. Je passe presque tout le temps qui me reste à travailler pour Counter-World Experience. C’est très important pour moi, je ne pourrais pas vivre sans ce groupe.

Sur votre site web, on trouve des vidéos de concerts. De nos jours, il semble qu’un groupe se doit absolument de produire son DVD live. Cela fait-il partie de vos projets ?
La première étape, c’est d’abord de se produire plus en concerts. Il n’est pas simple de trouver des lieux où jouer notre genre de musique. Un festival comme le Zappanale ou le Burg Herzberg Festival, où nous avons joué en 2006, restent des tremplins exceptionnels. Rien ne nous empêche de publier un DVD, nous y pensons. Il faut que tout soit bien calculé, car sans label pour nous soutenir, il ne faudrait pas que cela se termine par un désastre financier !

Quel est le public qui se rend à vos concert ?
Des originaux ! Des gens qui aiment écouter de la musique avec sérieux et découvrir de nouvelles choses. Des jazzeux comme des métalleux ouverts d’esprit.

Un question brûlante à présent : quelle est votre position sur le téléchargement illégal ? Souffrez-vous du peer-to-peer ?
Un artiste a besoin d’être entendu. C’est ce qui est le plus important. Si tu aimes vraiment la musique que tu écoutes, tu vas essayer d’obtenir le disque. Le son est meilleur et tu as la satisfaction de soutenir un jeune groupe !

Quelle est votre opinion sur la façon qu’ont les majors de lutter contre le téléchargement illégal ? Pensez-vous qu’une loi répressive soit la meilleure solution ? En France, par exemple, l’ex-ministre en charge de cette question souhaitait faire installer un logiciel espion obligatoire sur les ordinateurs. Pensez-vous que cela puisse être efficace ?
On ne peut contrôler Internet. Si tu disposes d’un programme pour cela, tu en auras vite un autre pour le contourner. Les majors ont attendu trop longtemps avant de revoir leurs stratégies de vente. C’est désormais trop tard. En revanche, j’utilise parfois iTunes par exemple pour acheter un titre en ligne. Je peux donc également utiliser une solution légale.

Un dernier mot pour les lecteurs de Progressia ?
Merci pour l’intérêt que vous portez à notre étrange musique ! J’espère vous voir en concert à l’avenir.

Propos recueillis par Jean-Philippe Haas

site web : Counter-World Experience

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