Miroslav Vitouš Group - Remembering Weather Report

Sorti le: 02/06/2009

Par Jean-Daniel Kleisl

Label: ECM

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Miroslav Vitouš est une légende. Le contrebassiste tchèque, né en 1947, a joué avec les plus grands, de Jan Hammer à Roy Haynes en passant par Jan Garbarek pour n’en citer que trois parmi d’innombrables. Dans le cadre de cette chronique, c’est surtout sa carrière au sein de Weather Report, dont il formait l’ossature jusqu’en 1973 avec Wayne Shorter et Joe Zawinul, qui nous intéresse. De par son jeu fluide, le musicien a apporté cet aspect si organique aux premiers albums du groupe, Weather Report (1971), I Sing the Body Electric (1972) et Sweetnighter (1973), rappelant le Miles Davis de 1970/71. A notre sens, il s’agit de la période la plus intéressante de l’ensemble, avant que Vitouš ne quitte le navire et que Weather Report ne connaisse le succès commercial avec son jazz fusion aussi lisse que glissant (Heavy Weather, 1977). C’est dans cette optique que Remembering Weather Report a été enregistré entre l’automne 2006 et le printemps 2007.

Qu’on ne se méprenne pas, Remembering Weather Report ne reprend pas des morceaux de Weather Report de l’époque mais reproduit pour ainsi dire son état d’esprit ou plutôt sa philosophie musicale, à savoir cette volonté de mettre tous les instruments sur le même pied d’égalité. La section rythmique n’accompagne pas seulement, elle relance aussi (et surtout) harmoniquement l’ensemble. Ce procédé avait été lancé par Ornette Coleman dont Vitouš reprend d’ailleurs « Lonely Woman » aux superbes variations superbes dans leur entrejeu entre membres du groupe, Franco Ambrosetti (trompette), Gary Campbell (saxophone ténor) Gerald Cleaver (batterie), soutenus par un Michel Portal (clarinette basse) en verve. Le reste des compositions est signé Vitouš. Ces dialogues libres atteignent leur sommet sur « Semina » et sur cette rencontre spectaculaire et fictive entre Dvoràk et Miles. « Surfing With Michel », comme l’indique le titre, permet une belle empoignade entre le bassiste virtuose et le clarinettiste intuitif.

Ce qu’on pourrait reprocher à cet album réside dans ce qu’il lui manque. L’option tout acoustique voulue par Vitouš, si intéressante soit elle, ne permet pas de faire oublier Joe Zawinul et ses claviers électriques, éléments essentiels de la musique de Weather Report. De plus, elle donne à l’album un côté laid back un rien suranné. Miroslav Vitouš et ses musiciens de haut vol se la jouent, superbement certes, mais sans trop prendre de risque. Remembering Weather Report mérite bien son nom finalement, malgré l’absence de claviers.