The Source - Prickly Pear

Sorti le: 27/05/2009

Par Jérôme Walczak

Label: Under the Sun Records

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A force de souhaiter que frétille la fibre nostalgique à la moindre occasion, certains artistes choisissent d’y abandonner leur âme et leur créativité pour s’effacer derrière la statue du Commandeur dont ils deviennent alors les piètres courtisans. C’est ce qui est arrivé aux Californiens de The Source, qui proposent un (finalement) décevant deuxième album et ne transforment pas leur brillant premier essai. Techniquement : irréprochable, nous y reviendrons. Malheureusement, l’arrivée d’un nouveau bassiste (Paul Long) n’a pas infléchi d’une virgule la ligne éditoriale adoptée par le quartette, et c’est là que le bât blesse un peu douloureusement. Les arrangements demeurent certes fins, soignés et les titres, assez longs, ne s’embarrassent guère des fioritures parfois si chères aux jeunes artistes (logorrhée technique, emphases vocales, par exemple).

Ce qui, en revanche, écrase l’auditeur se résume à un déficit patent d’inspiration. The Source est en effet à Yes ce que The Watch est à Genesis : tout est orienté vers la reproduction fidèle des atmosphères du groupe de Steve Howe. Nos thuriféraires y parviennent mieux que dans leur précédente production, dont on pouvait déplorer le manque de structure et de construction. Reconnaissons donc, et c’est bien le seul point positif, la fluidité des mélodies qui se nichent convenablement dans une architecture solide, soigneuse, propre. Quelques titres s’écoutent même avec un plaisir réel, «  Castle in the Sky  », notamment, et son final à la parenté lointaine avec «  Starship Trooper », titre emblématique des mentors britanniques.

C’est paradoxalement cette réussite technique qui éreinte et afflige : The Source pouvait, devait mieux faire. Que les influences des années soixante-dix marquent de jeunes esprits, c’est un fait, et il est même légitime. Mais ce cheminement musical personnel n’a pas à être partagé par un auditeur qui attend, et c’est son droit le plus strict, qu’un album de rock progressif le fasse avancer, lui fasse explorer de nouvelles contrées, le propulse vers l’avant. Le plaisir d’écoute n’est ici qu’un plaisir fallacieux, qui met en branle notre capacité de raisonnement, nos souvenirs, nos émois mémoriels. Cette émotion-là est purement et simplement inauthentique. La voix trop gentillette d’Aron Goldich, la timidité des guitares, la surenchère d’orgues Hammond finissent par déployer un univers bien trop familier, qui agite frénétiquement le souvenir et la mémoire, sans, l’espace d’une seconde, réjouir en surprenant émotionnellement. C’est pourtant le moins qu’on puisse attendre d’un disque…

Cette chronique est sévère, parce que ce disque, sur le papier, n’est pas si mauvais, mais il semble que les partis-pris passéïstes aient une bonne fois pour toutes atteint leur limite. On leur souhaite, très rapidement, de trouver de nouvelles fougues, de nouveaux élans, car cette sévérité bienveillante ne doit pas masquer tous les potentiels de ce groupe. Qui peut le plus peut le moins…