Stabat Akish - Stabat Akish

Sorti le: 15/05/2009

Par Christophe Manhès

Label: Tzadik / Orkhestra

Site:

Voilà une musique qui a de la gueule ! Et, cocorico !, ça vient de Toulouse, servi sur un plateau par le label new-yorkais Tzadik. Label dont le propriétaire n’est autre que le célèbre et forcené saxophoniste John Zorn, dont la connaissance des eccéités bops n’est plus à démontrer. Talentueux prospecteur, le bonhomme aime en général poser ses fesses entre deux chaises avec d’un côté, un goût prononcé pour la world underground et d’un autre, une prédilection pour la sono sans frontières géographiques, ni créatives. C’est justement là où se situe la musique de Stabat Akish.

C’est peut-être du jazz mais c’est mieux que du jazz. Brillamment menés par le contrebassiste Maxime Delporte, les Toulousains ne s’embarrassent de rien. Nom de Zeus, ça fait du bien ! Les puristes en feront sûrement une crise cardiaque, mais les amateurs de boules flippées façon Zorn ou Zappa vont adorer ce jazz décomplexé qui ne recule devant aucune assimilation, pourvu que le propos soit juste et efficace. En gros, autour d’un bâti jazzy raffiné, gravite dans des enchaînements à la fluidité parfaite un ensemble d’influences hétérogènes mais cohérentes, qui va de la bande originale au free-jazz, jusqu’à de brèves excursions dans l’electro et le reggae (comme dans la magnifique « Brainstorm Suite »). Rehaussé de l’effet dynamique, mais léger et pétillant des marimbas de Guillaume Amiel, Stabat Akish produit donc une sorte de magie blanche même si, comme dans toutes les histoires magiques, sourde en permanence une réalité plus crapoteuse qui n’y paraît, le tout, s’il vous plaît, emballé avec humour et sans faute de goût !

Conçu pour passer « Le mur de con », ce premier jet fait mouche. Candidat pour le top 10 des meilleurs albums de l’année, il combine avec un swing irrésistible la grande classe jazz et le bagou irrévérencieux, mais cultivé, de ceux qui aiment bousculer les lignes. Finalement, quand on y pense, c’est peut-être ça que l’on appelle « L’élégance du hérisson ».