Zu - Carboniferous

Sorti le: 29/04/2009

Par Christophe Manhès

Label: Ipecac Recordings

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A l’instar de son nom, sec et brut, le style musical du trio italien Zu est un vrai choc. Après avoir foré comme des damnés l’antre souterraine de l’expérimentation sur près de treize albums, rien d’étonnant qu’ils aient fini par se faire entendre jusque dans les vastes plaines états-uniennes. Et c’est au grand seigneur et maître Mike Patton, sur son propre et sulfureux label Ipecac, que revient le privilège d’immortaliser les fracas de Carboniferous.

A l’écoute de l’album, on en vient très rapidement à s’interroger. Et si Zu était une bande d’orcs échappés des entrailles des Monts Cendrés du Mordor, dont la sobre pochette en serait une vue improbable ? On en vient également à se dire que pour l’enregistrer, il a certainement fallu trouver un type assez fou pour laisser brancher des micros pendant que nos drôles creusaient la croûte terrestre à la recherche de ressources cachées inavouables. Au tableau, on trouve donc des rythmes primaires au son grenu, un saxophone fiévreux souvent à l’unisson du rugissement félin de la basse et, pour saisir encore plus violemment l’auditeur entre ces redoutables réjouissances, summum de raffinement malsain, de vaporeux parfums de mellotron. Chose remarquable, malgré l’aspect fruste de son langage musical, cet album reste très rigoureux dans sa construction. L’impressionnant final, constitué de « Obsidian » et « Orc » laisse d’ailleurs un goût durable. Il n’y a pas de grands albums qui ne sachent conclure.

Carboniferous est un cocktail metal / math rock / no-wave/ jazz qui agit comme un psychotrope malsain, capable de fissurer l’imagination ordinaire. Extraordinaire, violent, inquiétant et beau, il puise son inspiration dans l’esprit tribal et guerrier de la fonction musicale. Voilà donc une œuvre que l’on peut ranger fièrement aux côtés de disques aussi prégnants et originaux que What Burns Never Returns de Don Caballero ou Six Litanies for Heliogabalus de John Zorn. Un must pour cette année 2009.